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Financement : Business Angels, une classe d’actifs à considérer

Comment et pourquoi devenir un Business Angel pour aider les petites entreprises à progresser ? MITCO a choisi d’apporter un éclairage sur le sujet en proposant une conférence interactive sur le thème Business Angels – innovation, entrepreneuriat et diversification. Cette initiative a réuni des leaders, innovateurs de l’industrie et investisseurs pour discuter des dernières tendances et opportunités dans le domaine du financement par les Business Angels.

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Souvent issu du monde de l’entreprise, un Business Angel est un individu investissant une partie de ses fonds dans des entreprises innovantes et des start-ups. Les Business Angels sont souvent réunis en réseaux et interviennent plutôt lors des phases d’amorçage des petites entreprises, dans lesquelles ils conservent des parts, généralement pendant cinq ans. Marc Israël, qui fait partie des fondateurs de MO Angels, explique que cette classe d’actifs n’est malheureusement pas bien développée à Maurice.

Vinay Guddye, de l’Economic Development Board (EDB), avance que les startups prennent de l’essor dans divers pays comme les États-Unis, la Chine et l’Inde, et parviennent à grandir et générer de la richesse. À Maurice, il existe 27 startups considérées comme Sustainable et qui arrivent à générer des revenus attrayants, selon lui. En Inde, plus de 110 000 startups sont considérées comme tel.

« La technologie et l’intelligence artificielle génèrent beaucoup d’idées innovantes en Inde et font bouger le monde des startups. » Il souligne que sur le total des investissements alternatifs dans les startups, seulement un infime 0,2% est dirigé vers les startups africaines.

Patience, patience…

Stephane Henry, Business Angel et Chief Executive Officer de IPRO Growth Fund, explique avoir déjà investi dans le financement d’amorçage, notamment avec l’application de taxi Yugo, et deux autres investissements à Maurice et au Botswana. « Yugo a été une expérience très intéressante vers fin 2020. Ils sont venus nous voir et n’avaient aucun client. Nous avons réuni un groupe d’investisseurs pour essayer de les aider à développer l’activité et nous espérons d’excellents résultats dans les années à venir », dit-il.
Stéphane Henry précise qu’il faut être patient : « les business plans sont intéressants, mais y a des barrières que nous apprécions en général assez mal. Certes, le business plan se réalise, mais sur une période plus longue que prévu au départ. En outre, l’accompagnement des promoteurs est essentiel, d’autant qu’ils font face à des problèmes au quotidien, au niveau opérationnel, stratégique, business development, acquisition de clients et marketing. »

Il soutient qu´un point essentiel du financement d’amorçage est qu’il « ne faut pas donner toutes ses cartes au départ » et « garder de l’argent pour de futurs calls ». Autre startup financée, Atlas Communication, qui vient de signer un partenariat avec un groupe sud-africain, alors que la compagnie a pris 20 ans pour atteindre un niveau qui correspond au marché, souligne-t-il. D’où la nécessité d’être « très patient » lorsqu’on est Business Angel. Même scénario au Botswana, où la startup a pris énormément de temps avant de s’engager dans la voie de la croissance.

« Nous avons levé notre premier fonds en 2020 avec USD 36 millions. À ce stade nous avons 133 investissements partout en Afrique et avons investi USD 31 millions », déclare de son côté Kartik Sharma, Portfolio Manager de Launch Africa. « Nous investissons uniquement dans des Women Founders ou Women Management Teams. Ce qui nous intéresse en Afrique, c’est que nous avons accès à des opportunités sans compétition, c’est-à-dire que les marchés sont grands ouverts. L’Afrique est la dernière région où il existe ce genre d’opportunités. »

Mahen Govinda, Chief Technology Officer chez Ciel Finance, et Chairman de MITCO, fait ressortir que le groupe a concédé des investissements dans deux banques, l’une à Maurice et l’autre à Madagascar, et a les yeux rivés sur le potentiel de la Fintech sur le continent. « Seules 15% de personnes sont bancarisées en Afrique et il y a un réel besoin de faire des transactions, et surtout d’avoir accès au financement. C’est important pour nous comme investisseur de voir ce qui se passe sur le continent et d’investir. Nous travaillons avec des Venture Capitalists en Afrique, car il y a un réel problème sur le continent et il faut trouver des investisseurs pour les accompagner, notamment concernant leurs projets d’expansion », prévient-il.

Miser sur la bonne gouvernance

Mahen Govinda précise qu’il y a des opportunités pour intégrer certaines Fintechs africaines à des entités du groupe Ciel. « Donc, nous investissons dans des startups pas seulement pour avoir un retour sur investissement, mais aussi pour potentiellement les absorber par la suite si les opportunités se concrétisent. » Toutefois, il met l’accent sur la bonne gouvernance. « Il faut croire dans le projet et faire un Due Diligence très poussé sur la gestion de l’entreprise, etc. Et surtout, dès le début, mettre la bonne gouvernance au centre des opérations. »
Selon Kartik Sharma, il y a des éléments clés que recherchent les investisseurs lorsqu’ils sélectionnent les startups et ceux-ci doivent avoir une connaissance très profonde du marché. L’adaptabilité aussi est très importante, sans oublier que l’environnement technologique évolue très rapidement. « En tant qu’investisseur, on se demande si un entrepreneur est capable de s’adapter, de pivoter ou de changer son business model, ou aller attaquer une différente partie du marché. Parfois, il doit changer complètement de stratégie. On veut aussi voir des Business Angels qui sont investis dans l’entreprise. Nous voulons aussi voir the efficiency of capital used. »

De son côté, Stéphane Henry, fait état que quatre critères sont nécessaires pour choisir un investissement : le produit présenté par les promoteurs de l’entreprise, la qualité du produit – s’il apporte une différence et s’il n’est qu’une copie de ce qui existe déjà sur le marché, et l’éthique des entrepreneurs qui viennent présenter le produit. « Nous avons aussi une obsession du seuil de rentabilité que l’on espère le plus tôt possible. D’autant que les investisseurs sont allergiques à voir des pertes monumentales. » Il cite à ce propos le cas d’une entreprise technologique où des fonds ont été investis et qui s’est avérée « un flop total », alors que le projet était présenté au début comme une Success Story.
Kartik Sharma explique qu’il n’y a pas suffisamment d’investissements d’amorçage en Afrique, et que l’on peut compter sur les doigts d’une main ceux qui investissent dans les startups. Il met aussi l’accent sur le problème d’exits pour les investisseurs en capital-risque en Afrique. « Il n’y a pas vraiment de marché secondaire lorsque nous voulons revendre nos parts. Ce sont certaines pièces du puzzle qui manquent aujourd’hui, et nous devons nous battre pour créer ce marché », indique-t-il.

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