- « Mauritius fiscal deficit has steadily worsened, and if government continues down this reckless path of unsustainable spending, it will only deteriorate further »
Dans le Run-Up du Budget Day de jeudi prochain, Axys balise le cadre économique et financier et propose des perspectives dans un document stratégique intitulé Budget Expectations. Consciente de l’importance capitale de cet exercice budgétaire, soit le tout premier du gouvernement de l’Alliance du Changement, cette analyse souligne que l’Hôtel du Gouvernement s’est engagé à restaurer la stabilité macroéconomique, relancer la croissance durable et défendre l’indépendance institutionnelle. « Ce budget marque un tournant crucial après des années de sous-performance économique, d’érosion fiscale, une balance des paiements en détérioration, d’inégalités croissantes et d’aggravation de la position extérieure. Il s’agit d’une opportunité historique de rétablir la confiance, réorienter les priorités nationales et mettre en œuvre des réformes structurelles audacieuses », affirme Sanjay Goolab, Managing Director – Securities and Execution Desk chez AXYS.
Face à la pression macroéconomique, Axys met l’accent sur l’impératif de la réforme fiscale dans la mesure où le déficit budgétaire atteint Rs 48,5 milliards, soit 6,7 % du Produit intérieur brut (PIB), alourdi par « des dépenses improductives et la montée des coûts liés aux pensions. » À cet effet, Axys croit savoir que le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, sera appelé à présenter un plan fiscal crédible à moyen terme. Toutefois, avant d’aborder les principales mesures de redressement éventuel, Axys fait un constat lapidaire de la performance budgétaire sous l’ancien gouvernement, dirigé par Pravind Jugnauth.
« Public sector inefficiencies and the recycling of capital projects (e.g. 95 out of 137 projects in the 2024/25 budget were repeats) have eroded trust in government spending. Such redundancy must be addressed to restore credibility in fiscal policymaking and ensure efficient allocation of public funds. With external vulnerabilities mounting, especially due to a real USD trade deficit of 4,4 billion, the government must present a bold and credible medium-term fiscal plan », préconise Axys en proposant, entre autres,
• une loi sur la responsabilité fiscale et la gestion de la dette ;
• l’élargissement de l’assiette fiscale via des taxes vertes ;
• la réallocation des dépenses sociales vers des secteurs porteurs.
Auparavant, Axys, dans son analyse de la politique budgétaire adoptée par le précédent gouvernement, est arrivé à la conclusion que « Mauritius fiscal deficit has steadily worsened, and if government continues down this reckless path of unsustainable spending, it will only deteriorate further. At the heart of this crisis lies an outsized and inequitable allocation to social protection, which has ballooned into more than one-third of government expenditure since FY 23. Shockingly, this exceeds the combined spending on both health and education, revealing a warped set of priorities that risks hollowing out critical sectors. »
Toujours en ce qui concerne la protection sociale, le rapport d’Axys revient également sur la bombe à retardement, qui revient régulièrement au cœur du débat national, qu’est le vieillissement de la population. La proposition, archi-répétée, est que l’âge de la retraite soit porté de 60 à 65 ans. « The International Monetary Fund has already urged action, recommending a gradual increase in the retirement age from 60 to 65. This is not just a suggestion. It is a necessity. If this government is serious about fixing the economy, it must also find the political courage to keep pension payouts at the same level and direct more funds toward investments that actually grow the economy, such as infrastructure, education and technology », fait-on ressortir, tout en ajoutant que « it is time to stop pandering and start prioritizing. Strategic spending in productive sectors must take precedence. Otherwise, Mauritius risks mortgaging its future, just to sustain a short-sighted and politically convenient status quo. »
En parallèle, Axys s’aventure sur le front des réformes structurelles à long terme, soit
• renforcer l’indépendance institutionnelle et la planification économique;
• améliorer la coordination entre les ministères ;
• accélérer la transition numérique et technologique (IA, fintech, logiciels) ;
• lancer des incitations fiscales pour l’économie verte et bleue (obligations vertes, fermes solaires, formation en biotechnologie marine) ;
• stimuler l’innovation, la recherche et l’enseignement supérieur.
Faisant un survol de la performance des principaux secteurs de l’économie, Axys identifie les priorités sectorielles pour assurer la résilience et la croissance, comme suit :
agriculture : avec seulement 4,6 % du PIB et 1 % des dépenses publiques, le secteur souffre d’un sous-investissement chronique. Un plan national d’agro-résilience est proposé avec un soutien aux équipements agricoles légers, à la chaîne du froid et à l’agriculture biologique
économie bleue : malgré une ZEE de 2,3 millions de kilomètres carrés, le potentiel marin est largement inexploité. Il est proposé de créer une zone d’exportation pour les produits de la mer
services financiers : en déclin malgré un poids de 13,3 % dans la Valeur Ajoutée Brute (VAB), le secteur nécessite un écosystème de marchés de capitaux plus robuste, le soutien à la fintech et la mobilisation des fonds de pension vers l’économie locale.
tourisme : alors que les arrivées culminent à 1,4 million, la dépense journalière reste figée à USD 131. Il est urgent d’ouvrir le ciel aux compagnies à bas coûts, de soutenir les établissements 3* et 4*, et de diversifier l’offre : écotourisme, tourisme culturel, bien-être, activités nautiques et parcs de loisirs aux standards internationaux.
immobilier et IDE : Bien que l’immobilier capte 72 % des IDE, la VAB du secteur recule et les prix ont bondi de 144 % depuis 2019. Il est recommandé d’encadrer la spéculation étrangère et de conditionner les investissements à une création de valeur économique tangible.
« En résumé, ce budget est attendu comme un signal fort de changement. Il ne peut se limiter à un exercice comptable, mais doit traduire une volonté claire de refondation économique. Ce budget doit marquer une rupture nette avec les pratiques passées et porter une vision de résilience, de transparence et d’équité », affirme Intesh Seebaluck, Research Analyst chez AXYS. Au-delà des chiffres, c’est la capacité de l’État à poser les fondations d’un nouveau contrat économique qui sera scrutée. « C’est une opportunité unique d’aligner les politiques économiques avec les priorités nationales, en plaçant l’innovation, l’investissement et l’ancrage local au cœur du développement », ajoute, de son côté, Navnit Seeburrun, Investment Analyst chez AXYS.