GM BUSINESS – ASSEMBLÉE NATIONALE HIER : Black Friday politique !

– Avec l'IBA Bill pour la mise sous cloche des critiques contre le GM et le rejet catégorique de la motion pour des débats sur le Covid-19

Pour l’opposition, le Parlement a connu son Black Friday. Et pour cause sur deux fronts. D’abord, avec la détermination du gouvernement de faire adopter l’Independent Broadcasting Authority (Amendment) Bill dans le but inavoué de sanctionner la station de radio Top FM. Ensuite, le rejet catégorique de la motion présentée par le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, pour des débats d’urgence sur la pandémie de Covid-19, surtout avec l’avènement de la nouvelle souche d’Afrique australe, suscitant de vives inquiétudes dans le monde. Le début de la séance, se déroulant dans une ambiance tendue, a vu l’expulsion du leader du MMM, Paul Bérenger, suite à de vifs échanges avec le Premier ministre au sujet des délibérations du comité parlementaire sur les Chagos.

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En tout cas, pour cette séance parlementaire, le gouvernement n’avait qu’une préoccupation : faire adopter l’IBA (Amendment) Bill même si le vote final devait intervenir aux petites heures du matin. D’ailleurs, pas moins de 25 orateurs étaient sur la liste d’intervenants avec Shakeel Mohamed et Patrick Assirvaden prenant un malin plaisir de souligner l’absence des ténors du gouvernement, de surcroît des légistes, dont le Deputy Prime Minister, Steven Obeegadoo, les ministres Alan Ganoo, Kavy Ramano, Soodesh Callichurn sans compter Ivan Collendavelloo, lors de ces débats.

Force est de constater que le Leader of the House a dû compter sur de seconds couteaux sans conviction à l’image de Stephan Toussaint ou encore de Kalpana Koonjoo-Shah, intervenant avant le dîner. Par contre, l’opposition était blindée, tout un chacun dénonçant les dérives anti-démocratiques du gouvernement ces derniers temps, ce qui porte grandement préjudice à la liberté d’expression.

Pour les parlementaires de l’opposition, l’empressement du gouvernement à faire adopter une loi inique, toxique et cynique – expression utilisée par le député du MMM Rajesh Bhagwan – s’explique par le fait que la licence de Top FM arrive à échéance à la mi-décembre et que la réduction de la licence en général de trois à un an ainsi que la révision à la hausse de celles-ci ne représentent que la sanction légale contre cette station de radio privée.

À l’heure où cette présente édition du Mauricien allait sous presse, il restait une dizaine de parlementaires à se prononcer avant le Summing-Up par Pravind Jugnauth dans un hémicycle clairsemé en cours de nuit.

REZA UTEEM : « C’est une loi ad hominem »

Pour le député Reza Uteem du MMM, « c’est une loi ad hominem », soit qui cible une personne spécifiquement et dans le cas présent la station de radio Top FM. Selon lui, « c’est l’un des jours les plus noirs de la démocratie à Maurice » car les médias radiophoniques sont considérés comme le Bridge entre la population et les autorités, notamment pour commenter les événements publics ou encore pour faire étalage des mécontentements et des doléances.

« Qu’est-ce que les gens sont en train de dire ces jours-ci ? We are safe ? We are relatively safe ? Tou Korek ? » s’est demandé le député faisant allusion aux critiques de tous bords dont la société civile vis-à-vis de la gestion de la crise sanitaire dans le pays. Il a sévèrement critiqué la manière de faire du gouvernement en venant de l’avant avec cette loi amendant l’IBA Act. « The purpose of this bill is to silence complaints. They are doing it by suffocating the radios with administrative penalties », a-t-il soutenu. Il a trouvé absurde que les radios privées doivent désormais se conformer aux directives de l’IBA. « If people are not happy and air their grievance, Rs 500 000 fine. It is public knowledge that they are targeting Top FM », a-t-il avancé.

Reza Uteem a aussi dénoncé le rôle du State Law Office et de l’Attorney General sur ce texte de loi, notamment en ce qui concerne l’aspect de « disregarding any judicial process » de la part de l’IBA vis-à-vis des licencees. « IBA is being given the power to disregard Supreme Court. Shouldn’t it be left to the Court to decide ? » s’est-il demandé. Il a aussi critiqué la clause qui donne le droit à l’IBA « to consider the past conduct of a licencee ».

Il a poursuivi : « IBA is not a court ! Usurping the role of the court is anti-constitutional », a-t-il affirmé. Selon lui, le gouvernement vise clairement la licence d’opération de la radio Top FM qui devrait expirer à la mi-décembre, « et c’est pour cela que le gouvernement fait de ce projet de loi une priorité dans la conjoncture ».
Reza Uteem devait aussi prendre à contre-pied Pravind Jugnauth dans son bras de fer avec Paul Bérenger. Il a rappelé que le Premier ministre ne pouvait être Privy de ce commentaire au sujet des Chagos parce qu’il avait dû démissionner du gouvernement par rapport à l’appel dans l’affaire MedPoint.

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