- …mais sans garantie et aide financière, ce qui sonne comme une douche froide à la rue Eugène Laurent
Une étape cruciale a été franchie dans la gestion du plus vieil hippodrome de l’hémisphère Sud. Par une Letter of Intent datée du 28 avril, émanant du Secrétariat du Cabinet et adressée au Mauritius Turf Club (MTC) ainsi qu’à la Gambling Regulatory Authority (GRA), le gouvernement acte officiellement la restitution du Champ-de-Mars au MTC Jockey Club Ltd. Cette correspondance, qui a mis plusieurs jours à parvenir au MTC en raison d’un cafouillage administratif, clarifie les nouvelles responsabilités du club bicentenaire. Il en assurera désormais la gestion intégrale, couvrant la sécurité, la maintenance, le nettoyage et l’entretien général du site.
La lettre précise que le MTC prend immédiatement en charge l’ensemble de l’hippodrome, sans attendre la signature finale du bail. Cette mesure transitoire est qualifiée de nécessaire pour garantir la continuité des opérations à l’approche de la saison hippique. Le document souligne aussi que cette délégation ne crée aucun droit acquis tant que le contrat de bail n’est pas formalisé, mais accorde de facto au MTC le contrôle exclusif du site. Il s’agit là d’un signal politique fort, démontrant que le gouvernement souhaite tourner la page de la COIREC et miser sur l’expérience du MTC.
Au MTC, cette nouvelle est accueillie avec un mélange de soulagement et de réalisme. La lettre d’intention vient lever l’un des derniers obstacles à l’obtention de la licence de Horse Racing Organiser (HRO), condition Sine Qua Non pour organiser la saison 2025. Elle permet également d’échapper à la complexité administrative imposée jusqu’ici par la COIREC, symbole d’incompétence et d’opacité.
Cependant, l’euphorie est tempérée par la réalité financière : à l’écart de l’organisation des courses hippiques pendant près de deux ans et avec des sources de revenus réduites à néant, le MTC ne dispose pas actuellement des fonds suffisants pour remettre le Champ-de-Mars en état dans les délais requis. Travaux de réhabilitation des gradins, éclairage défectueux, remise aux normes sanitaires et infrastructures d’accueil du public : la liste est longue, et les coûts s’annoncent élevés.
Et maintenant ?
Le contenu de la lettre laisse volontairement en suspens toute mention d’un soutien financier de l’État, bien que la situation budgétaire du MTC soit connue des autorités. À titre de comparaison, la COIREC percevait Rs 250 000 par journée de courses (soit 24 journées en 2024 grâce à PTP), en plus de subventions publiques.
La GRA en consultation avec les bookmakers
Dans un contexte de relance progressive des activités hippiques et de réorganisation du secteur des paris à Maurice, la Gambling Regulatory Authority (GRA) a organisé, hier, une séance de travail avec les On Course Bookmakers opérant au Champ-de-Mars. La rencontre a rassemblé plusieurs acteurs clés du secteur, dont des représentants de la Mauritius Revenue Authority (MRA) et de la Police des Jeux.
Cette réunion consultative visait à instaurer un espace de dialogue entre le régulateur et les opérateurs privés de paris à cotes fixes sur les courses hippiques locales. Les échanges ont permis d’aborder des questions urgentes, dont
- la révision possible de la taxe sur les paris et des frais de licence pour la saison 2025,
- l’intégration technologique des bookmakers au nouveau serveur de la MRA, une mesure destinée à améliorer la transparence et la traçabilité des opérations,
- l’éventualité de proposer de nouveaux types de paris en dehors de la saison hippique, une initiative qui pourrait élargir les sources de revenus des opérateurs tout en répondant à la demande croissante des parieurs.
Les bookmakers présents ont été invités à partager leurs doléances, suggestions et propositions de réforme. Cette approche participative témoigne de la volonté des autorités de refonder les bases de l’industrie hippique sur des principes de collaboration, d’innovation et de responsabilité.
Une volonté de réforme affirmée
Pour le Chief Executive de la GRA, M. Chhayan Ringadoo, cette réunion marque un pas important vers une meilleure gouvernance du secteur : l’objectif principal de cette réunion était d’instaurer un dialogue constructif avec les bookmakers, dans le but d’assurer une reprise harmonieuse de la saison hippique. Ce cadre d’échange vise également à identifier des pistes d’amélioration du cadre légal, afin de simplifier et d’optimiser les opérations des différents intervenants, tant du côté des opérateurs que de celui du régulateur.
La GRA souhaite institutionnaliser ce type d’échanges en organisant régulièrement des rencontres avec les divers intervenants de l’industrie — bookmakers, promoteurs, institutions publiques — afin de bâtir une vision à long terme du secteur.
Focus sur la lutte contre les pratiques douteuses
En clôture de cette séance, une formation sur le Suspicious Transaction Reporting a été dispensée aux bookmakers. Ce module de sensibilisation les a encouragés à être plus vigilants face aux comportements anormaux de certains parieurs, et à rapporter toute transaction suspecte ou habitude inhabituelle. La présence des officiers de la MRA et de la Police des Jeux a renforcé le message d’une coopération renforcée pour lutter contre les pratiques illégales et les tentatives de blanchiment d’argent.
Une industrie à reconstruire
Ce dialogue entre la GRA et les bookmakers intervient dans un moment charnière pour l’industrie des courses hippiques à Maurice. Marquée ces dernières années par des tensions institutionnelles, des bouleversements de gouvernance, et une perte de confiance du public, la filière cherche aujourd’hui à retrouver un second souffle.