Irrelevant ! Cette sanction dans toute épreuve académique est considérée comme étant suprême pour tout étudiant. N’importe quel étudiant abhorre une telle remarque le long de son parcours académique. Être Irrelevant, dans n’importe quelle circonstance académique ou encore dans la vie de tous les jours, relève d’une erreur fondamentale de jugement, de conviction, et le tout probablement assaisonné d’un préjudiciable soupçon.
En cette année où le campus du Réduit fête ses 60 ans – la University of Mauritius Ordinance No 39 de décembre 1965 en fait foi – cette institution tertiaire se voit octroyer la note d’Irrelevant Lecture, littéralement le bonnet d’âne académique d’antan. Pourtant, l’institution fondatrice de l’Université de Maurice, la pierre angulaire, la School of Agriculture, a brillé de ses mille feux avec des étudiants issus de l’amphithéâtre du Réduit, portant très haut l’étendard de Maurice en matière de recherches sucrières à la célèbre université américaine de Bâton Rouge en Louisiane.
Le plat qui a été servi par ce Faculty Representative de la faculté des Sciences sociales est loin, voire à des années-lumière, de ce que fut la School of Agriculture. La prolifération de la drogue en tous genres est un sujet qui préoccupe chaque famille mauricienne. Oui, chaque famille. Ladrog pa get figir, expression empruntée de la catastrophe que fut l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). Petits et grands, femmes ou hommes, tous sont autant de cibles des Marsan Lamor, rôdant à chaque coin de rue et à chaque instant de la vie.
Et l’équation du fléau de la drogue n’est nullement un phénomène nouveau et soudain, comme le virus du Covid-19 un matin au début de 2020, sévissant d’abord en Chine pour réduire le monde en position de Standstill. À la manière du plus parfait Western Spaghetti de jadis où l’acteur principal surgit de nulle part avec un : « que personne ne bouge », pointant son arme à feu à la ronde. La drogue ronge la société mauricienne jusqu’aux os. Il n’y a que ceux qui veulent se voiler la face avec pour seul argument factice les saisies en série pour s’évertuer à faire croire que tout est pour le meilleur du monde.
Mais ce Faculty Representative de l’Université de Maurice a franchi un pas indéfendable, une ligne rouge, alors que les principaux protagonistes de l’Alliance du Changement s’évertuent à mettre un nouveau vernis national et patriotique à des strophes de l’hymne national « as one people, as one nation ». Avec une facilité déconcertante, il affirme que le fléau de la drogue ne se limite qu’à deux régions, identifiant des membres d’une seule frange de la société mauricienne. Il n’est pas au diapason du travail accompli au niveau de l’Atelier Mo’Zar de Roche-Bois à Berklee aux États-Unis.
Répéter verbatim ces élucubrations – pour ne pas dire les divagations – débitées par cet étudiant de l’Université de Maurice, qui demain occupera très probablement un poste de Decision-Making dans le privé ou le public, pourquoi pas une position de force dans les partis politiques en mal de sensation en attendant les prochaines élections législatives, lui ferait trop d’honneur. Les propos tenus sont d’une telle bassesse, tellement Despicable, que la pratique de la censure instantanée n’aurait pas choqué plus d’un dans le camp de ceux qui brandissent le nécessaire respect du sacro-saint Article 12 de la Constitution.
Cette Irrelevant Lecture d’un étudiant inscrit à la Faculty of Social Sciences and Humanities de l’Université de Maurice, clouant au pilori une catégorie de Mauriciens, conjuguant aliénation et discrimination au présent avec des séquelles plus-que-parfaites – ce n’est pas Affirmative Action ou le Père Gérard Mongelard qui apporteront la contradiction à ce constat inéluctable – a été Delivered dans un contexte où, à Circonstance, Saint-Pierre, une femme de famille de 37 ans avait subi le martyre entre les mains de son époux, en quête de Rs 2 000 pou al kas yen.
La drog pa get figir. Li pa’nn konpran nanye dan so lavi. Ou encore ce Faculty Representative n’a pas compris ce que feu Dev Virahsawmy ne cessait de répéter : aret get lemond dan fon enn kouyer. Peut-être s’il était encore vivant, il aurait pu ajouter même si la cuillère est en or.
La question pertinente qui se dégage peut-elle se résumer comme suit : l’auteur de cette Irrelevant Lecture, à la veille de la rentrée universitaire, est-il le seul à se transformer en vecteur de Deepfakes sur la problématique de la drogue ou encore sur d’autres sujets de nature cruciale, susceptibles de s’ériger en mur d’acier sur la route de la construction de la nation mauricienne ? Ce n’est pas le seul cas. Sans patauger dans la sinistrose sociétale, les cicatrices causées lors de la proclamation des résultats des lauréats dans un collège de l’élite ne peuvent être occultées.
Ce Faculty Representative à l’Université de Maurice peut également prétendre avoir réalisé un parcours académique sans faute. Personne n’en disconvient. L’admission sur le campus de la vénérable Université de Maurice en est la preuve.
Le ministre de l’Éducation, qui a mené tambour battant les Assises de l’Éducation, et son collègue de l’Enseignement supérieur, qui lui a emboîté le pas, ne doivent-ils pas se poser la question : kot sistem ledikasion inn fot lanasion ? Comme pour parodier le kot mo’nn fote de l’autre.
N’est-il pas vrai que Mahatma Gandhi affirme que « if you want to reach real peace we should start educating children » ? Et cet élève venant à l’école avec un couteau pour se venger d’actes de Bullying est en amont de cette Irrelevant Lecture…