Jean Yves Violette, toi sublime rossignol !

BRINDA RUNGHSAWMEE

- Publicité -

Il s’en est allé comme le chant d’un oiseau, comme la mélodie du vent.

Ta voix est un rêve. Notre première rencontre fut radiophonique. Je t’écoutais et ta voix me transportait dans un autre monde quand tu animais une émission dans la soirée.

Je n’oublierai pas tes conseils théâtraux. Au début, je ne pouvais pas m’exprimer. Les mots me restaient dans la gorge. J’avais honte parce je n’avais pas confiance en moi. Puis, graduellement j’ai commencé à avoir confiance en moi et les mots sortaient plus facilement de ma bouche. J’étais contente et fière de moi quand finalement j’ai pu réciter un poème de Jacques Prévert intitulé Déjeuner du matin, devant un public.

Cette année, j’ai eu le privilège de t’entendre déclamer Ode to a Nightingale. Tu connaissais le poème par coeur. C’était un moment sublime. J’étais aussi émerveillée quand tu as joué le rôle d’un personnage de Shakespeare et ta voix était incomparable.

Cher lecteur, maintenant venez avec moi pour écouter l’anecdote suivante. Charles Armitage Brown, l’ami de John Keats, raconte qu’un rossignol avait construit son nid tout près de la maison que Keats et lui partageaient pendant un été exceptionnel à Hampstead.

Un beau matin, Keats fut émerveillé par le chant d’un rossignol. Alors il prit un fauteuil en osier et le plaça sous un prunier dans le jardin.  Calpin et plume d’oie en mains, il s’assit et commença à composer l’Ode à un rossignol. Il la termina quelques heures après.

Depuis ce jour, cette ode réconforte toute âme affligée par le deuil d’un être cher.

J’ai pris tes mots, cher Keats, et je les ai faits miens pour écrire à mon ami Jean-Yves.

Cher ami qui n’est plus,

Mon coeur souffre et la douleur engourdit mes sens.

Ce déchirement fait mal et je comprends notre mortalité.

Le rossignol chante de tout son être entre les mots jaunis par le temps.

Chère Dryade des bois aux ailes légères, quand mon âme se réfugie dans la mélodie d’un bosquet,

tu essuies mes larmes.

Dans les médias, on parle que des larmes du désespoir,

et cette humanité qui pâlit et meurt.

Dans cette profonde obscurité nous nous écoutons gémir.

Et toi, ami des feuilles, tu continues à chanter,

Mais moi je vais disparaître avec toi,

Dans ma forêt sublime

Où les ombres jouent avec les rayons.

Je vais éviter la forêt obscure de Keats pour oublier ma peine.

Tu m’avais parlé d’un projet qui t’est cher : tu encourageais les jeunes à penser et à voir grand. Tu as influencé beaucoup de jeunes. Tu es toujours leur mentor.

Aujourd’hui je porte encore ce corps qui faiblit.

Le corps humain que la paralysie agite les derniers cheveux,

Mais, toi, sublime rossignol

Tu n’as jamais connu

le souci, la fièvre et le tourment d‘être.

En ce moment, mon ami quand je ferme les paupières, je vois deux rossignols et leur chant est plus beau que jamais. À travers ce chant, cher ami tu encourages les jeunes à ne pas rêver d’un bel emploi mais à créer une entreprise avec leur talent inné et l’habileté qu’ils ont développée.

Rossignol, tu continues à répandre ton âme dans la même extase. 

Je suis réconfortée.

Immortel rossignol, merci.

Mon ami est retourné auprès de son Seigneur Jésus.

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques