Dans cette interview accordée à Le-Mauricien, jeudi dernier, Joe Lesjongard a fait le point sur les sept mois durant lesquels il a agi en sa qualité de leader de l’opposition après avoir été membre de l’ancien gouvernement. II a avancé son sentiment de satisfaction qu’en dépit de la position minoritaire au Parlement, les deux membres de l’opposition, Adrien Duval et lui-même, ont le soutien de la population. Il se prononce pour le statu quo concernant la réforme de la Basic Retirement Pension et accuse le gouvernement d’avoir rompu son contrat avec le peuple. Et ce, tout en s’élevant contre le recours au Powership (barge) pour la génération d’électricité. « C’est dangereux pour le pays, et cela apportera beaucoup de problèmes », dit-il.
Voilà sept mois que vous êtes le leader de l’opposition. Pourrait-on faire un bilan à ce stade ?
Oui, effectivement, après sept mois en tant que leader de l’opposition, je me sens bien ancré dans mes fonctions et je suis beaucoup plus confiant. Je constate surtout que j’ai le soutien de la population. Beaucoup de personnes que je rencontre me disent : « Vous n’êtes peut-être qu’à deux au Parlement, mais vous avez toute une population derrière vous ». Les remarques étaient un peu timides avant le budget. Après la présentation du budget, je constate sur les réseaux sociaux que cet encouragement s’est accentué.
Cela réconforte aussi bien Adrien Duval que moi de savoir que bien que nous soyons peu nombreux au Parlement, un appui de la population est présent. Je reçois beaucoup d’appels téléphoniques après mes PNQs et les commentaires sont assez encourageants. Par contre, au niveau des travaux parlementaires, je constate que ces derniers temps, que ce soit de la part de la Speaker ou du Deputy Speaker, on laisse parfois les choses dégénérer un peu. Je constate que, par exemple, qu’on peine à ramener le Deputy Prime Minister à l’ordre.
Personnellement, j’ai eu l’occasion de poser pas mal de PNQs pendant les débats sur le budget. Je fais de sorte que mes PNQs couvrent des thèmes qui sont dans l’actualité. Mon style est différent. J’arrive avec des dossiers bien travaillés, avec des questions précises, adressées à des ministres, et le retour que j’ai après mes PNQs est très intéressant et cela me motive à travailler davantage dans cette direction. La dernière PNQ sur l’allocation de Rs 10 000 a été extrêmement bien accueillie. Je suis venu avec des arguments qui sont valables. Par exemple, le seuil de pauvreté qui est défini à Rs 12 378 alors que l’allocation accordée par le gouvernement est de Rs 10 000.
Donc, vous préparez vos questions uniquement par rapport à l’actualité ou avez-vous une équipe qui vous guide?
Enfin, j’ai des discussions avec des personnes qui me donnent un coup de main. Mais beaucoup de ces questions reposent sur des thèmes puisés dans l’actualité. Une fois convaincu de la pertinence du thème choisi, je commence à préparer mes questions.
Vous avez occupé un poste ministériel dans l’ancien gouvernement, qui a été battu lors des dernières élections ; ce n’est pas facile d’être confronté à une si importante majorité parlementaire.
Il est vrai que nous avons connu une défaite lors des dernières élections. J’ai dû faire un travail sur moi-même, parce que vous imaginez, nous sommes en minorité complète au sein du Parlement face à une majorité absolue. Et ce n’est pas évident de gérer ce genre de situation. Je dois reconnaître qu’au début c’était difficile, mais au fur et à mesure que le temps passe je me sens mieux dans ma peau grâce au soutien de la population – que je remercie. Si nous ne sommes pas encore arrivés à un rejet du gouvernement, il y a aujourd’hui un sentiment de déception qui s’y installe.
L’Alliance gouvernementale après avoir promis monts et merveilles ne respecte pas les engagements pris. Ce qui fait que cette population est déçue, premièrement. J’ai l’impression que la population peine à faire confiance à ceux qui gouvernent notre pays.
Le fait que vous ayez servi jusqu’à tout récemment dans l’ancien gouvernement fait que vos questions peuvent avoir un effet boomerang qui peut être très violent…
Oui, définitivement, le retour est difficile, comme vous dites, concernant certaines questions. Allons dire que quant à certains sujets, il y a des enquêtes qui sont en cours ; j’évite de réagir à partir de là, mais il y a beaucoup de politicaillerie dans les réponses au Parlement. Par plus tard que mardi dernier, il y a eu cette question consacrée aux voyages ministériels. Le Premier ministre, à un certain moment, a fait comprendre qu’il donnera les dépenses pour tout le monde. C’est bon qu’il le fasse parce que c’est de l’argent public dont nous parlons.
Et quand nous parlons de l’argent public, tout gouvernement a le devoir de bien utiliser l’argent en public. Il y a eu aussi cette question adressée au ministre du Tourisme, mais répondue par le remplaçant, le ministre Assirvaden. Bon, il a sa façon de dire les choses, mais il n’a pas nécessairement dit toute la vérité.
Mais en ce qui nous concerne, au niveau de l’opposition, nous ne pouvons qu’encaisser ce qui est en train d’être dit au Parlement. Après cela, nous digérons. Et puis après, nous retournons à notre travail que nous devons entreprendre.
Un thème qui est revenu la semaine dernière, c’est « lakes zame vid ». Comment réagissez-vous?
Cette remarque nous renvoie au rapport the State of the Economy. Et dès le départ, j’avais dit que quand un document est déposé à la Chambre, il doit être authentifié, signé en bonne et due forme. Or, ce rapport-là ne porte aucune signature. Les ministres soutiennent que ce document a été préparé par des consultants. Moi, je mets en doute complètement ce rapport sur la base de ce qui a été dit par des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale, sur l’état de l’économie. Ce n’est pas la première fois que le Parti travailliste crée une situation pareille.
J’étais au Parlement en 2005, quand nous avions perdu les élections à l’époque. Ils étaient venus avec ce même argument, lakes vid, skelet dan plakar. Ils sont par la suite venus avec un budget en 2006, présenté par l’ancien ministre Rama Sithanen, qui allait dans le même sens que ce budget qui a été présenté cette année. C’est-à-dire taxer ceux qui sont au bas de l’échelle ou la classe moyenne. Il n’avait pas pris de l’argent où il fallait le prendre. Maintenant, nous venons dire que les caisses sont vides. Mais quand nous constatons ce qu’ils ont dépensé depuis qu’ils sont au pouvoir pour la quarantaine des voyages, je ne dis pas qu’il ne faut pas aller en mission. À une question que j’ai posée, le Premier ministre a dit « I go on mission only when I am invited ». Mais ce n’est pas le cas pour son cabinet. Deuxièmement, il faut que lorsque vous partez en mission, cela rapporte quelque chose au pays.
Est-ce que vous êtes inquiet quand on parle de l’endettement de 90% du PIB ?
Oui, nous sommes inquiets, mais il ne faut pas oublier que nous avons connu le Covid. Je pense que tout le monde sait ça. Quand on nous accuse de fabriquer de l’argent, il faut savoir que nous l’avons fait pour soutenir la population parce que la situation était extrêmement difficile. Mais Maurice n’a pas été le seul pays à être confronté aux problèmes de dette. L’IMF, dans son Outlook fiscal pour l’année 2025, prévoit que la dette publique mondiale augmentera par 2,8 points de pourcentage cette année, le double de l’année 2024.
Le niveau de la dette au niveau mondial devrait passer à plus de 95% du PIB. Il prévoit que le niveau de la dette atteigne 100% du PIB à la fin de la décennie. Selon le FMI, ces statistiques font suite à l’annonce de la politique tarifaire des États-Unis. La série d’annonces tarifaires par les États-Unis et des contre-mesures par d’autres pays a augmenté les prospects financiers et augmenté les risques.
Elles viennent dans le contexte où les niveaux de la dette augmentant dans de nombreux pays entraînent déjà la hausse des dépenses publiques causées par la pandémie et le dérèglement de la chaîne d’approvisionnement ainsi que l’augmentation de l’inflation en 2021-2022. Plus d’un tiers des pays du monde s’attendent à voir une augmentation de la dette en 2025 comparée à 2024. Ces pays représentent 75% du PIB. Le FMI comprend cela. Ce n’est pas vrai de dire que la situation est unique à Maurice.
Un des arguments mis de l’avant par le gouvernement est que la dotation de Moody’s risque de baisser davantage.
Oui, mais Moody’s est aussi conscient de cette situation. Comme je l’ai dit, ce n’est pas un phénomène local, c’est un phénomène global. Alors, je pense qu’il faut comprendre certaines choses. Le monde connaît une permutation complexe. L’Organisation mondiale du Commerce est impuissante face aux décisions qui sont prises par les grandes puissances.
Les grandes puissances du monde, aujourd’hui, quand elles veulent négocier, elles vous forcent à venir à leur table pour discuter. Comme le fait le président Trump aujourd’hui, ils sont en train de faire la queue pour pouvoir discuter avec lui. C’est pourquoi je dis que les décisions prises par le gouvernement vont compliquer la vie des Mauriciens dans les mois à venir. La situation mondiale ne va pas s’améliorer. Elle risque d’empirer. Je pense que nous sommes en train de faire suffoquer cette population.
En fait, est-ce que le gouvernement est en train de se prémunir contre d’éventuelles détériorations de la situation à l’avenir ?
Non, je ne pense pas. Afin de pouvoir progresser, vous avez besoin de l’apport de votre population. Du moment que vous perdez ce soutien-là, ça va être difficile pour faire avancer les choses. Or, le gouvernement est en train de perdre le soutien qu’ils avaient eu en novembre dernier.
Aujourd’hui, si nous organisons une élection ils risquent de la perdre. Ce n’est pas dans un contexte pareil que vous allez pouvoir solliciter le soutien de la population pour prendre des mesures difficiles. Je ne dis pas que nous n’aurions pas dû dire à la population que la situation dans le monde est difficile et qu’il faut s’y préparer.
Vous pensez qu’il y avait une alternative ? Quelles sont les mesures que vous proposez au gouvernement ?
Prenons la BRP, il y avait cette possibilité d’avoir des consultations, de tomber d’accord sur quelque chose et d’implémenter ce qu’il faut. Je pense que dans ce cas précis, on aurait dû faire ça. Ils ont évoqué un contrat avec la population. Or, ils n’ont respecté ce contrat-là. C’est pourquoi il y a ce mécontentement-là. C’est pourquoi il y a cette situation malsaine dans le pays aujourd’hui. La réforme du BRP n’était pas prévue.
Maintenant dans l’alliance gouvernementale ils se disent socialistes. C’est pourquoi je pense qu’une consultation préalable était nécessaire. En ce qui concerne la pension de vieillesse, nous ne pouvons pas aller à l’encontre des constats des rapports. Nous savons que nous ferons face à une situation difficile à l’avenir.
Ce qui est important, c’est comment affronter cette réalité. Dans beaucoup de pays, comme la France, où ils ont voulu changer l’âge de la retraite ; ils sont en train de négocier jusqu’aujourd’hui. En ce qui concerne la pension, cela sera extrêmement compliqué pour eux. C’est la raison pour laquelle j’ai posé deux questions et le ministre ne m’a pas convaincu du tout. Quelle méthodologie ont-ils utilisée pour arriver au chiffre de Rs 10 000. Ils ont dit qu’ils avaient trois propositions sur la table et ils ont choisi Rs 10 000.
Il a dit qu’il se basait sur le projet d’« Equal Opportunity » qui avait été fixé à Rs 20 000 et qu’ils ont divisé par deux…
À mon avis, ce n’était pas correct. J’avais pris en considération un rapport du bureau des statistiques qui fait référence à la situation à la fin de 2023.
Que fallait-il faire ?
Premièrement, retournons à la case départ. Gagner une élection, nous la gagnons sur la base d’un programme. Il n’y a pas à sortir de là. Nous aurions dû aller dans cette direction. Puisqu’ils considèrent que les caisses sont vides, ils auraient maintenir le statu quo.
En parlant de caisses vides, le ministre Subron a cité une liste non exhaustive de dettes impayées de l’ancien gouvernement.
Oui, mais les dettes seront tout le temps là. Pensez-vous qu’avec le changement de gouvernement, nous n’aurons plus de dettes ? Non. Ce qu’on ne dit pas est que 75% de la dette de ce pays, c’est local. Alors, quid de nos problèmes ? 75% de nos dettes sont locales, ce ne sont pas des dettes externes.
Et tout le gouvernement, dans cette dette-là, dépendant des moyens dont il dispose, paye ce qu’il faut payer. Nous n’avions pas de défaut de paiement. Le CEB par exemple n’a jamais eu un défaut de paiement malgré ses dettes.
Mais le fonds de pension du CEB a disparu…
Ça, c’est autre chose. Je parle des dépenses récurrentes. Quant au fonds de pension, il faut remonter le temps. Même le gouvernement travailliste avait pris l’engagement, au niveau du board du CEB, de renflouer les caisses. Ce qu’ils n’ont pas fait. C’est lorsqu’Ivan Collendavelloo est arrivé que nous avons commencé à renflouer les caisses pour les pensionnés.
Donc, pendant le Covid, le fonds de pension n’avait pas été utilisé ?
Non, ce n’étaient pas les fonds de pension. This was excess money, et pas l’argent provenant du fonds de pension. Pendant le Covid, le gouvernement avait demandé de faire transférer Rs 3,5 milliards dans le budget courant pour être en mesure de faire face à la situation.
En tant que ministre de l’Énergie sous l’ancien régime, vous étiez responsable du CEB. Ce qui fait que le gouvernement, aujourd’hui, considère que vous avez une part de responsabilité dans la situation dans cette institution…
Nous avions eu une feuille de route, et je souhaite que le gouvernement garde le cap au regard de celle-ci, qui indique que, d’icià 2030, nous générerons 60 % d’énergie renouvelable et qu’il y aura une baisse de notre production à partir du charbon et aussi, éventuellement, de l’huile lourde.
Mais qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ? Alors que plusieurs projets d’énergie renouvelable ont été lancés, l’énergie produite à partir de la bagasse a drastiquement baissé. C’est là où le bât blesse.Les IPPs, qui brûlent le charbon et la bagasse, disposent depuis un bon nombre d’années de moins en moins de bagasse. Malgré l’aide gouvernementale, l’industrie sucrière produit de moins en moins de bagasse. Si aujourd’hui, le pourcentage de l’énergie produite à partir des énergies renouvelables a baissé, c’est à cause de la réduction drastique de la fourniture de bagasse. Le problème est que, alors que le gouvernement fournit des efforts pour produire de l’énergie renouvelable, l’industrie sucrière et les IPPs ne s’engagent pas dans cette dynamique, parce qu’il est plus profitable d’utiliser le charbon.
Deuxièmement, dans le sillage du rapport Manraj, nous avons développé plus d’une douzaine de Schemes, du plus petit au plus grand, pour permettre premièrement de produire de l’énergie renouvelable, et aussi en vue d’une démocratisation de la production énergétique. Aujourd’hui, on a non seulement des producteurs de 5 kilowatts, mais également ceux qui produisent une dizaine, voire une quinzaine de mégawatts.
Ce sont les vrais acteurs de l’énergie renouvelable à Maurice. Aujourd’hui, nous avons des Schemes pour les Public Entities, pour le secteur manufacturier à Maurice, pour les centres commerciaux, et une série de Schemes où l’on a un Feed-in Tariff, c’est-à-dire que nous avons défini un tarif auquel quelqu’un peut produire et injecter de l’énergie dans le réseau. Parallèlement, nous avons aussi investi pour établir un réseau intelligent, pour pouvoir capter toute l’énergie renouvelable produite.
Je peux vous dire qu’aujourd’hui, nous n’avons pas de problème avec la production d’énergie. Nous avons la capacité pour le faire. Nous avons un problème pour répondre à la demande maximale, et cela s’est produit un seul jour cette année. Entre 2014 et fin 2024, il n’y a jamais eu un blackout ou un délestage de puissance. C’est en janvier, ou plutôt février de cette année-ci que nous avons atteint un pic maximum parce que des moteurs des IPPs étaient tombés en panne pendant presque la même période.
Aujourd’hui, ils viennent dire que pour faire face à cette situation, il faut un Powership. Moi, je dis qu’il mène tout le monde en bateau avec ça. On ne peut pas, d’un côté, dire que nous pouvons produire de l’énergie propre, et de l’autre côté, ramener une barge avec toutes ces contraintes à Maurice.
Mais ce sera temporaire.
Ce sera temporaire… pour cinq ans… Je pose la question pourquoi un contrat de cinq ans.
Il paraît qu’il faut trois ans pour l’installation d’un nouveau moteur…
Oui, mais pourquoi faut-il un nouveau moteur ? Aujourd’hui, la tendance est de faire face au pic de puissance en utilisant des batteries.
Apparemment, elles ne fonctionnaient pas normalement ?
Non, ce n’est pas vrai. Moi, je suis allé aux nouvelles. Cette réponse qu’il a donnée, à l’effet que les batteries fonctionnent à 10 %, n’est pas exacte. Je lui lance un défi : ce n’est pas vrai. Les batteries ne sont pas installées pour faire face au pic de puissance.
À quoi servent les batteries ?
Parce que lorsque nous produisons de l’électricité à partir des énergies renouvelables, c’est intermittent. Il se peut que, par un temps ensoleillé, on produise une grande quantité d’énergie que nous stockons dans des batteries, lesquelles sont ensuite envoyées sur le réseau aux heures de pointe. Maintenant, nous sommes en train de faire un Powership qui sera basé dans la région portuaire, avec tous les risques que cela comporte.
Vous êtes donc contre le Powership ?
Je suis contre le Powership à base de Heavy Fuel Oil. C’est dangereux pour le pays, et cela provoquera beaucoup de problèmes.
En 2022, nous avions lancé une Request for information. Maintenant, nous sommes en train de lancer une Request for proposal (RFP). À l’époque, nous avions conclu un accord avec le Mozambique et nous voulions sonder le marché concernant l’utilisation de LNG. Nous étions parvenus à la conclusion que « if we want to use LNG, it cannot be only for production of electricity, it has to be for transportation also. » C’était à l’étude, à cette époque-là. Et c’est resté tel quel.
Parce que « when we came forward with the master plan for renewable energy », il fallait se concentrer sur l’énergie renouvelable. Le problème avec l’énergie solaire est qu’il faut beaucoup d’espace. Ce n’est pas facile d’avoir des terrains sous culture agricole. C’est pourquoi nous avons eu deux projets avec batteries : l’un a abouti, l’autre non. Mais il nous faut avancer dans cette direction. Le changement climatique est une réalité aujourd’hui. Et il faut que nous arrivions sur cette île à produire de l’énergie propre.
Nous ne pouvons pas nous engager dans un projet d’énergie sale en installant une barge utilisant l’huile lourde dans la rade de Port-Louis. Tout d’abord, cela envoie un très mauvais signal, localement mais aussi à l’international. Je vois difficilement une banque financer un projet pareil.
Mais le drame est que les moteurs des centrales électriques ont en moyenne 25 à 30 ans. Ils n’ont pas été remplacés.
J’ai déposé un document au Parlement en ce qui concerne les centrales électriques du CEB, qui affirme que ces moteurs peuvent fonctionner pendant encore 10 ans. Il faut simplement faire de la maintenance régulièrement. Pour moi, les IPPs ne jouent pas le jeu.
Nous avons le Biomass Framework. Toutefois, il ne me semble pas que nous ne prenions sérieux. L’idée était d’utiliser toutes les ressources locales avant de se tourner vers les ressources importées. Or, ils ne peuvent pas augmenter la production de bagasse.
C’est pourquoi le gouvernement est venu avec l’idée de l’importation de wood pellets. En attendant, il faut brûler ce dont nous dispose localement. S’il faut changer de moteurs, que nous commencions par les IPPs. J’espère que le gouvernement ne se contentera pas de renouveler leurs contrats. En tant que ministre, j’avais demandé que l’État puisse devenir actionnaire de ces IPPs.
En tant que leader de l’opposition, vous êtes le porte-drapeau du MSM.
Pour le moment, c’est le cas, parce que je suis le leader de l’opposition, c’est-à-dire que je suis la voix du MSM au Parlement. Mais les structures du parti ont continué à fonctionner. Le leader a commencé à rencontrer les gens, à présider pas mal de réunions. J’ai eu beaucoup d’aide des camarades du parti pendant les débats budgétaires. Nous avons repris nos activités, et je pense qu’incessamment, le leader va descendre sur le terrain à la rencontre de nos activistes. Et je pense aussi qu’il y a en ce moment une bonne motivation au niveau de nos activistes. Ça se présente bien, et nous allons accomplir des choses. Je joue mon rôle au Parlement afin d’empêcher les abus.
Le mot de la fin.
Après les élections de novembre de l’année dernière, avec une grande victoire de l’Alliance du Changement plébiscitée par la population, aujourd’hui, nous nous retrouvons face à une situation où la population se sent trahie. Nous assistons aujourd’hui à une situation que nous ne pensions pas voir arriver aussi vite. Les gens ont perdu confiance dans le gouvernement. Le gouvernement du jour commence à perdre le soutien de la population. Au lieu d’améliorer les choses, je vois que les membres du gouvernement sont en train de compliquer les choses pour eux-mêmes par leurs décisions.
« Le gouvernement est en train de perdre ce soutien, pourtant si fort en novembre dernier. Dans ce climat, il sera difficile de faire passer des réformes dures ».
« Malgré l’aide gouvernementale, l’industrie sucrière produit de moins en moins de bagasse. Si aujourd’hui, le pourcentage de l’énergie produite à partir des énergies renouvelables a baissé, c’est à cause de la baisse drastique de la fourniture de bagasse »
« On ne peut pas s’engager dans un projet d’énergie sale en installant une barge électrique utilisant l’huile lourde dans la rade de Port-Louis. Tout d’abord, cela envoie un très mauvais signal, localement mais aussi à l’international. Je vois difficilement une banque financer un projet pareil »