La folie meurtrière des centaines de millions

Au cours de ces 252 dernières années, puisque la fin de la construction remonte à 1774, mais surtout au cours de ces cent dernières années, l’enceinte des Line Barracks, convertie en Police Headquarters, aura témoigné de tout ce qui relève de la quintessence de ce qui est marginal et en infraction au Law and Order. Les Casernes centrales demeurent cette boussole en matière de protection et de sécurité, non seulement pour l’individu, mais pour la société en général.

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Toutefois, le défilé à la Financial Crimes Commission des officiers, les uns plus boulonnés que les autres, et leur mise sous contrôle judiciaire entachent indubitablement l’intégrité de la force policière, qui prend sa source dans la section 91 de la Constitution. Évidemment, la force policière n’a jamais été vaccinée, voire immunisée, contre les dérives et les abus. Des auteurs ont déjà été sanctionnés à la mesure de leurs fautes graves.

Dans la conjoncture, nullement une approche frisant l’outrage ou encore une démarche outrancière susceptible de constituer l’essence du délit de Causing Disaffection among the police, mais force est d’affirmer que les Casernes centrales sont infectées du virus de la folie meurtrière des centaines de millions de roupies. Butin détourné et blanchi dans le circuit bancaire, avec une impunité sans bornes de tous les stakeholders impliqués. Du bureau du commissaire de police pour le vetting des chèques aux civils de l’Executive Services, cerbère de la bonne gouvernance au sein de la force, en passant par les préposés des banques.

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Sinon, comment expliquer des transactions par chèques pour un montant de Rs 160 428 725,74 pour la période du 13 janvier 2023 au 30 novembre 2024 sur le compte d’un dénommé Dunraz Gangadin, ayant jusqu’à quelques heures encore le grade d’Assistant Commissaire of Police ? Pire encore, les 214 transferts quasi instantanés de Rs 83 592 430 de ce même compte à des destinataires non identifiés, sans compter les Rs 76 835 500 renvoyées automatiquement sur le compte de l’autre, connu sous le sobriquet de Sofer Misie-La, un certain sergent Yeshdeo Seeboruth.

Faites le compte des chiffres susmentionnés, vous verrez ce que cela veut dire : les bons comptes font les bons amis.

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Ou encore : à chacun son métier, les vaches seront bien gardées. Le mandat de la Financial Crimes Commission est des plus explicites sur le front de la lutte contre la fraude, la corruption et le passe-partout du money laundering, avec le judiciaire jugeant sur pièces. À ce stade de l’enquête, le verrou appliqué par les suspects, s’évertuant à se tirer d’affaire, est l’Official Secrets Act ou encore Security of the State. Soit l’équivalent aujourd’hui de l’énigme du Sphinx sur la route menant à la cité de Thèbes, dans la mythologie grecque.

Mais une remarque ne devrait pas s’avérer superflue au point de soulever un tollé, avec pour prétexte des velléités de trial by the press. Ce scandale ébranlant les Police Headquarters des Line Barracks a comme décor grandiose un pactole de Rs 250 millions de reward money.

La simple définition de reward se résume comme suit : « a reward is something that you are given, for example because you have behaved well, worked hard, or provided a service to the community » (dictionnaire Collins). Trois critères de base limpides pour définir un unblemished record – comme le dit si bien l’ancien gladiateur de l’ex-CP Dip dans son offensive constitutionnelle contre le DPP, consignant une de ses dernières dépositions d’innocence au poste de police de Rose-Hill avant d’être rattrapé pants down par l’opération DeepCode.

Depuis jeudi soir, au fond de sa cellule au Vacoas Detention Centre, celui qui se croyait invincible au sein de la police peut-il se demander, en son âme et conscience, si les 13 chèques pour un montant de Rs 160,4 millions, déposés en son compte du 13 janvier 2023 au 7 octobre 2024, sont au titre d’avoir well behaved. Professionnellement ou personnellement ? Ou encore si ces fonds peuvent justifier qu’il avait worked hard à cet effet ?

Mais le plus dramatique est le troisième critère. La prolifération de la drogue dans les coins et recoins de la société, avec des zombies pouvant traîner à peine à tous les coins de rue, et le montant astronomique de Rs 250 millions à quelques privilégiés constituent-ils un service to the community ? Les réponses à cette équation à trois têtes pèsent plus lourd que toute charge sheet que pourra établir, avec des unrebutted evidence, la Financial Crimes Commission.

Ceux qui savent, au fond d’eux-mêmes, qu’ils seront convoqués bientôt par la Financial Crimes Commission peuvent tenter de s’engager dans ce même exercice en se regardant chaque matin dans le miroir, même si le retour de ce même miroir renverra, avec entêtement, Official Secrets Act et Security of the State.

Peu importe : la conclusion demeure que la Cité comprend mieux aujourd’hui l’objection formelle et catégorique apposée à la mise en application de la plus importante recommandation de la Commission Lam Shang Leen de 2018, soit la mise en place d’une National Drug Investigation Commission en remplacement du système en place aux Casernes centrales.

Le grand patron de la National Anti-Drug Agency de l’ère du Changement est signataire du rapport de 2018.

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