La Mariposa est une entreprise familiale, pieds dans l’eau des Saddul. Au début en 2005, il s’agissait d’un petit hôtel bed & breakfast de 16 chambres, qui a été agrandi en 2017 puis rénové en une petite beach residence sur la plage de la Preneuse, Rivière-Noire avec une vue imprenable sur la montagne du Morne. Dweena Saddul, fille aînée d’une fratrie qui en compte trois, a choisi d’épauler son père, Gautum Saddul, dans cette aventure. Mère, épouse, hôtelière, elle mène à bon port sa mission avec une bulle d’énergie.
Le concept de La Mariposa revient entièrement au père de Dweena. En achetant le terrain où se trouvait un bungalow, il avait déjà en tête une idée bien précise : permettre aux vacanciers de bénéficier d’une vue splendide tout en prenant leur petit-déjeuner. Le concept de bed & breakfast venait de voir le jour à La Mariposa qui signifie papillon en espagnol. Et, pour Dweena Saddul, toujours taquine sur les bords, en créole, il se traduirait ainsi, en jouant sur les mots : « enn mari poz ».
Se poser à La Mariposa, face à une directrice qui respire la joie de vivre, ne peut être que bénéfique aux vacanciers. Dès ses 18 ans, Dweena savait qu’elle suivrait les pas de son père. « Il m’a demandé ce que je voulais faire de ma vie, si je souhaitais faire mon métier de ce projet d’hôtellerie qui lui tient à cœur. Pour moi, c’était évident, surtout par rapport à ma personnalité. J’ai fait des études à l’École hôtelière en Suisse et je suis revenue à Maurice en 2005 pour démarrer le projet avec mon père. »
Avec la pandémie de Covid-19, la famille Saddul tout comme les autres hôteliers vivent un vrai choc, émotionnel et psychologique. Avec l’aide du gouvernement et des employés qui ont voulu se battre pour maintenir La Mariposa, Dweena dira que graduellement le courage de se relever, de combattre et d’assumer tous les enjeux leur ont permis d’exister. « Les Mauriciens nous ont fait confiance, je les remercie d’avoir soutenu notre établissement. Nos employés sont restés soudés pour nous aider La Mariposa à sortir des écueils du Covid. Et on s’est développé différemment. »
Le fait que l’établissement soit pieds dans l’eau a été un avantage certain, sans oublier cette vue de la montagne. Ainsi, lorsqu’un client ouvre les fenêtres de sa chambre, il a cette impression d’avoir Le Morne à ses pieds. « J’ai eu beaucoup de chance qu’une journaliste de France 2 ait choisi La Mariposa parmi tous les hôtels de Maurice pour faire un reportage qui a touché huit millions de spectateurs en France. Cela a fait une pub incroyable pour nous. On recevait des messages de soutien et dès qu’on a ouvert les frontières, les réservations sont tombées, ce qui nous a sauvés. »
Quand elle décrit La Mariposa, Dweena est tout émue. Cette entreprise familiale se démarque par son côté cosy, accueillant. Des clients réguliers y sont retournés à la réouverture des frontières. Dweena décrit la chaleur humaine qui émane du lieu et où les clients sont avant tout des amis. « La pandémie n’a pas pu éradiquer cette énergie qui prévalait dans ce lieu dès son ouverture. Ici, convivialité rime avec détente. Cette vue splendide dans un cadre authentique est devenue notre signature. Rien que de voir un sourire poindre sur les visages nous réconforte dans notre mission qui est de faire les clients passer des vacances inoubliables. »
« Rendre fier mon père »
S’agissant du profil des clients de La Mariposa, beaucoup viennent de France, d’Allemagne, des pays scandinaves. Et comme Dweena a épousé un Norvégien et qu’elle a appris la langue de son mari, cela lui donne de l’aplomb vis-à-vis des touristes venant de ce pays scandinave.
« De plus en plus, on reçoit beaucoup d’Européens de l’Est. Avec des plateformes comme booking.com, les clients ont une grande visibilité du produit qu’on offre, car on est différent des grands hôtels. Pieds dans l’eau, on mise sur le côté cosy. Ce qui est rare comme prestation. On encourage aussi nos clients à sortir de l’hôtel, car tout est accessible à cinq minutes de marche au village de La Preneuse. On veut que lorsqu’ils rentrent chez eux, ils parlent non seulement de La Mariposa, mais aussi de l’authenticité de Maurice, avec son brassage culturel, ethnique, son patrimoine, sa cuisine. On veut que notre client bénéficie pleinement de cette expérience qui découle de l’authenticité mauricienne et garde de beaux souvenirs du village des pêcheurs, des dauphins, du coucher du soleil et du Morne devant nous.
Liberté avant tout
La Mariposa s’active à fidéliser ses clients et à les faire découvrir notre île, plutôt que de bronzer sur un transat face à la mer. Il y a aussi la cuisine locale que Dweena veut mettre en exergue, les gâteaux piment, les dholl puri. Autant Dweena est intarissable d’éloges envers son père, autant elle s’éclipse quand il faut parler d’elle comme directrice et l’aînée d’une famille de trois filles et qui a pris la relève de l’entreprise familiale. Il suffit de parler de ses deux enfants devenus des adolescents pour que sa voix rayonne. Cela la réconforte comme mère et lui permet de croire dans le potentiel de chaque femme. « C’était important de rendre fier mon père tout en valorisant des idées nouvelles. Le fait d’avoir un petit morceau de cet océan et d’en faire profiter à plein de gens me conforte dans mon métier. J’ai su faire le bon choix de carrière. »
Dweena Saddul se remémore ses débuts difficiles à 23 ans pour se positionner dans ce domaine lors de ses études à l’étranger. Mais elle était animée d’une volonté de relever des défis les plus coriaces. « J’apporte de la joie de vivre dans mon équipe, ce qui fait qu’on en ressort gagnant à tous les coups. » Dweena salue son père Gautum d’avoir donné à ses trois filles, la liberté de décider de leur avenir. « Il a voulu que ses filles soient des femmes fortes, et surtout indépendantes. »
Dweena fait état de la responsabilité qui lui incombe comme gérante. « On fait tout pour que le client reparte avec des émotions et des souvenirs. C’est notre mission à La Mariposa : rendre les gens heureux, tout en leur procurant cette liberté d’aller à la rencontre de notre île, de ses habitants. Le concept de “all-inclusive” n’est pas ancré dans l’ADN de La Mariposa, nous, on veut que les gens retournent au bercail après avoir vécu pleinement l’expérience mauricienne. »
La jeune femme trouve que le concept local introduit dans les jardins de La Mariposa a aussi été bénéfique. Dans ces jardins qui regorgent de fleurs tropicales, on y lit des pensées de Baudelaire des Fleurs du mal. « Mo enn tifi Loret Quatre-Bornes. Ce collège a contribué à faire de moi la femme que je suis aujourd’hui, coriace, joyeuse, sportive, optimiste. J’espère contaminer les gens par ma joie de vivre en les rendant heureux. »
À La Mariposa, le personnel est multifonctionnel et l’entrée du lieu sur lequel trône une pancarte avec les mots : « Let the magic begins » rassure les vacanciers. « Je traduis même le séga pour mes clients, je leur enseigne à parler le créole. Cela me rend encore plus fière d’être mauricienne. »