Jyoti Nallatamby
Etudiante en LEA (Langues Etrangères Appliquées)
Université de la Sorbonne Nouvelle
Annyeonghaseyo Yorobun (1) !
Gangnam Style, BTS (Bangtan Boys), Baby Shark, Parasite, Squid Game sont actuellement les tendances du marché mondial avec un point en commun : un pays dont la culture s’est répandue partout au fil des années. Hyundai, LG, Samsung font partie des marques coréennes les plus vendues au monde. Aujourd’hui, la Corée du Sud se retrouve parmi les 15 plus grandes économies mondiales et parmi les 10 premiers exportateurs mondiaux. Ce pays réussit à se faire connaitre grâce à sa vague d’influence médiatique : la vague Hallyu. Elle regroupe, entre autres, le cinéma (K-Drama) et la musique (K-Pop). Beaucoup d’émissions musicales en France et aux États-Unis s’inspirent de productions coréennes. Composé de sept membres, le groupe BTS obtient des Grammy Awards et des NRJ Music Awards pour ses chansons et chorégraphies. Il fait un duo avec le groupe anglosaxon emblématique Coldplay. Connu et reconnu à travers le monde, le groupe BTS incite la jeunesse à s’ouvrir à une nouvelle culture.
Créées dans les années 1990, les séries coréennes ou dramas coréens font également partie de cette vague médiatique. KBS2, MBC et SBS sont trois chaines de télévision qui les diffusent simultanément à des heures précises de la journée. Regarder un drama fait partie de la culture et permet aux familles de passer un bon moment. De nos jours, ils passent sur plus de chaines et sur des plateformes de streaming. Ce phénomène de drama ainsi mondialisé permet de valoriser la richesse culturelle de la Corée du Sud. Grâce à leur diversité thématique, les dramas coréens intéressent différents publics. Le réalisme poignant des scènes est saisissant. La culture respectueuse des ainés est très présente dans les dramas contemporains et historiques. On apprécie l’évolution des mœurs locales dans les scénarii qui s’inspirent des thèmes de société actuels pour produire des scènes à la fois drôles, tristes, surprenantes et fascinantes. Le spectateur rentre facilement dans l’histoire attachante des personnages et s’émeut des situations assez tragiques.
Immersion linguistique et culturelle
Comment parler de culture sans évoquer la langue ? Les séries coréennes nous font découvrir une belle langue chantante. On capte vite les séquences de l’histoire où on repère les pratiques langagières. On note quelques formules de politesse comme annyeonghaseyo (bonjour), gamsahamnida (merci), ainsi que des répliques telles que jinjja (vraiment) et chukahae (félicitations), sans oublier les noms de plats et d’accompagnements de la cuisine coréenne comme le bibimbap (2), le jeon (3), le kimchi (4) et le tteokbokki (5). Si on aime la musique, on ne peut rester indifférent aux mélodies romantiques et mélancoliques des dramas. On s’attache assez vite au rythme et aux paroles qui résonnent en nous, comme ce premier couplet de la chanson intitulée « Back in time » : gureume bicceun heuryeojigo, changgae yoranhi naerineun, bismulsori mankeum sirin gieokdeuri. (6). Interprétée par la chanteuse Lyn dans la série historique « The Moon that embraces the Sun », cette mélodie s’apprend facilement.
Ces belles mélodies donnent envie d’approfondir la connaissance de la langue coréenne. Il est intéressant de comprendre son histoire. Avant la création de l’alphabet coréen actuel (hangeul), seule l’élite coréenne avait accès à l’écriture en utilisant les caractères chinois. En 1443, le roi Sejong décide de créer l’alphabet coréen composé de 24 lettres fondamentales (10 voyelles et 14 consonnes) pour permettre à tout le monde d’écrire en coréen. Il s’agit alors d’un alphabet phonétique. Sur le plan syntaxique, la langue suit le modèle SOV (Sujet-Objet-Verbe) comme le japonais. Ayant colonisé la Corée de 1910 à 1945, le Japon avait beaucoup influencé ce pays. Chaque 15 août, les Coréens fêtent leur indépendance, signe de leur libération du Japon. En donnant au pays une identité propre, la langue coréenne, avec son nouvel alphabet, le rend encore plus libre.
La vague Hallyu à Paris
Aujourd’hui, la Corée du Sud est d’autant plus indépendante grâce à ses créations dans de multiples domaines et son influence médiatique qui la détache des pays voisins. Cette culture coréenne séduit un monde où tout s’accélère ; elle nous captive avec ses produits technologiques et cosmétiques en vogue et ses spécialités culinaires grâce à une immense promotion. En France, à Paris, par exemple, on trouve une grande variété d’aliments coréens dans les supermarchés comme Ace Mart ou K-Mart. On compte plus de 60 restaurants coréens dans la capitale française, ce qui montre l’engouement pour cette cuisine bien appréciée ! Paris a aussi vu défiler des animations sur le thème de la Corée du Sud depuis 2021. Au centre culturel coréen du 8e arrondissement, des expositions et des conférences de haut niveau sont ouvertes au public. La conférence sur l’alphabet coréen a été présentée en octobre 2021 par une enseignante de l’INALCO et celle sur la vague Hallyu en février 2022 par des professeurs de l’Université Nationale de Séoul. En 2022, des événements comme la « Fête de la nourriture coréenne » (K-Food) les 8 et 9 juillet au Carrousel du Louvre ou encore le « Festival de la Corée du Sud » lors du premier week-end d’octobre à la mairie du 15e mettent à l’honneur la richesse du pays. À travers des conférences et des ateliers autour des spécialités culinaires, des performances de taekwondo, des spectacles de danse traditionnelle ou moderne ou encore des stands présentant les produits phares du pays, on se laisse embarquer dans cet univers quasi féérique.
Quid l’exposition universelle de 2030 ?
Busan, la deuxième plus grande ville de Corée du Sud se présente pour accueillir l’exposition universelle de 2030. Dotée de nombreux avantages notamment commerciaux, touristiques et technologiques, cette ville semble être la candidate parfaite. Le suspense est à son comble. On en saura davantage à la fin de l’année 2023. Souhaitons hwaiting (bonne chance) à Busan pour être l’heureuse élue !
(1) Annyeonghaseyo yorobun : bonjour à tous.
(2) Bibimbap : plat à base de riz, de légumes et de viande.
(3) Jeon : crêpe coréenne.
(4) Kimchi : chou chinois fermenté et pimenté.
(5) Tteokbokki : gâteaux de riz.
(6) « Lorsque la lumière s’estompe à l’arrivée des nuages, les souvenirs s’accrochant à mon cœur sont aussi froids que les gouttes de pluie tombant sur la fenêtre ».