LAM PO TANG: « 4 côtes tranchées et 9 coups de couteau »

Le Chief Police Medical Officer (CPMO), le Dr Sudesh Kumar Gungadin, a été longuement entendu hier en cour de Pamplemousses, relativement au décès de Hélène Lam Po Tang. Seul témoin à être entendu hier par la magistrate Maryse Panglose-Cala dans le cadre des travaux de l’enquête préliminaire, le Dr Gungadin a passé plus de trois heures dans le Witness Box pour expliquer ses conclusions Post Mortem, de même que ses observations après avoir examiné le suspect Sanjeev Nunkoo (NdlR : voir notre compte rendu d’hier). Interrogé contradictoirement par Me Rama Valayden, l’avocat de Sanjeev Nunkoo, le témoin n’a pas exclu la possibilité que Hélène Lam Po Tang a été tenue par le bras pendant son agression mortelle à l’arme blanche.
Durant le contre-interrogatoire du témoin hier par Me Valayden, les questions ont principalement porté sur les blessures relevées sur le corps de la défunte, que le médecin légiste avait autopsié le vendredi 15 octobre 2010, soit quelques heures à peine après la découverte du corps. En cour hier, le Dr Gungadin a produit son rapport d’autopsie. Ci-dessous les temps forts du Cross Examination du témoin par Me Valayden.
Q : Dans votre rapport, vous écrivez en première page : « Post Mortem lividity on the back ». Quand vous écrivez ceci, faites-vous allusion à tout l’arrière du corps ?
R : Oui. J’ai mentionné dans mon rapport « except pressure areas — buttocks ».
La magistrate : Que veut dire cela ?
R : Par Post mortem lividity, cela veut dire qu’après la mort, la circulation du sang a stoppé. Le sang se dépose, à cause de la gravité, dans les parties les plus profondes du corps avec lesquelles il est en contact. And obviously, where the pressure is applying, blood will concentrate to the side of it.
Q : Quand vous avez vu le corps sur les lieux du crime, est-il correct de dire que celui-ci était en position couchée ?
R : Le corps gisait sur le dos.
Q : Quand le corps était dans cette position, toute la partie du dos était-elle contre le tapis qui recouvrait le sol ?
R : Oui.
Q : If there was post mortem lividity over the back, what does it mean ?
R : J’ai déjà expliqué cela.
Q : Je reformule la question. In presence of post mortem lividity, does it mean that the body has been moved ?
R : Ce post mortem lividity apparaît une fois que le corps est sur une surface plate et la force de gravité agissant dessus. Cela ne veut pas dire que le corps a été déplacé.
Q : Pouvez-vous dire, de par votre expérience et vos observations, si le corps de Mme Lam Po Tang a été déplacé avant que vous l’ayez examiné ?
R : A mon avis, non.
Q : Quand vous regardez la partie supérieure du corps, notamment le cerveau, en page 6 de votre rapport, vous dites que c’est soft. Pouvez-vous expliquer ?
R : There has been heavy loss of blood from this body. All fluid has already been drained. This is the reason why it is soft. And some amount of decomposition will start immediately after death and will contribute to it.
Q : En page 5 de votre rapport, vous faites état d’un « Cut fracture » au niveau des quatrième, cinquième, huitième côtes gauches et la cinquième côte droite. Est-ce correct de dire que ces côtes ont été cassées ?
R : Non. Ces côtes n’ont pas été cassées. Elles ont été coupées par une arme très tranchante.
Q : Avez-vous vu une tige en métal de couleur noire (black metal rod) sur les lieux du crime ?
R : Oui.
Q : Peut-elle causer une Cut Fracture ?
R : Non.
Q : Can that rod cause the injuries which you describe under the heading “scalp”in your report ?
R : Non.
Q : Sous l’item « scalp » de votre rapport, vous faites état de « two circular-shaped bruises at the right parietal region ». Le sommet de la tige en métal pourrait-il causer ce genre de blessure ?
R : Non.
Q : Ces blessures peuvent-elles avoir été causées par le couteau qui vous a été montré plus tôt ?
R : Non.
Q : Quel type d’arme aurait pu causer ces blessures décrites sous “scalp” ?
R : These bruises could have been caused by blows to the head, fists or the head knocking against a hard surface.
Q : Un mur, par exemple ?
R : Un mur, le sol, ou encore un meuble.
Q : A la page 2 de votre rapport, vous écrivez “Bruise, irregular shape of the inner aspect of the inner aspect of left forearm ; Bruise, irregular shape, right forearm”. Ces bleus ont-ils pu être causés par une personne ou des personnes tenant le bras de la victime ?
R : C’est possible.
Q : J’ai lu votre rapport. Dans celui-ci, quelle est la largeur de l’arme utilisée pour poignarder Mme Lam Po Tang ?
R : Je peux seulement donner une approximation. Je dirai que la largeur maximale est de cinq à six centimètres.
Par la suite, Me Valayden a interrogé le témoin sur d’autres blessures relevées à l’autopsie, notamment à la région du coeur de la victime.
Q : En ce qu’il s’agit du coeur, faites-vous état de 11 blessures dans votre rapport ?
R : Non.
Q : Combien de blessures avez-vous relevé au coeur ?
R : Two stab wounds. One in front and one at the back of the left side of the heart.
Q : Quelle est la longueur minimale de l’arme qui a été utilisée pour atteindre la partie avant du coeur et ce en partant de l’arrière ?
R : Je ne sais pas puisque cela n’a pas été mesuré exprès. Parce qu’il faut savoir qu’au moment de l’autopsie, le corps n’est pas dans la même position que quand il recevait les coups. That is, the anatomical position of the heart will change when the person is standing or sitting, compared to while lying down after death. The heart was sunk to the deeper area of the chest cavity.
Q : Où se trouve le péricarde dans le corps ?
R : Le péricarde est une structure en forme de sac, dans lequel repose le coeur. En d’autres mots, c’est la couverture protectrice du coeur.
Q : Le péricarde a-t-il reçu neuf “stab wounds” ?
R : Oui.
Q : Et ce à partir de deux positions différentes ?
R : Oui.
Q : Puis-je poser la question différemment ? Y a-t-il eu neuf Stab Wounds en direction du coeur ?
R : Pas nécessairement.
Q : C’est-à-dire ?
R : The same stab wound can perforate the pericardium at two or three different places.
Q : The pericardium was stabbed anteriorly ?
R : Oui.
Répondant à d’autres questions de Me Valayden, le témoin a expliqué qu’il avait aussi analysé le contenu de l’estomac de la victime, de même que sa vessie. L’estomac contenait uniquement de la nourriture semi-solide, tandis que la vessie était vide. Mme Lam Po Tang avait-elle mangé plus de trois heures avant sa mort ? A cette question, le Dr Gungadin a fait ressortir : « Pas nécessairement. Cela peut-être entre trois et six heures dépendant du temps, de la qualité et de la consistance de la nourriture. »
A l’issue de la séance d’hier, Me Valayden a effectué une déclaration en cour relativement à l’ADN inconnu retrouvé dans le véhicule que conduisait Sanjeev Nunkoo, et soulevé lors de la séance précédente par le Forensic Scientist, Mme Akiza Mooradun. Me Valayden a déclaré qu’il avait mené sa propre enquête au sujet de cette personne, qui n’aurait rien à voir avec le meurtre de Mme Lam Po Tang. Il est disposé à communiquer le nom, l’adresse et les coordonnées de la personne en question au Directeur des Poursuites publiques (DPP). Ci-dessous la déclaration intégrale de Me Valayden en cour.
« Following the remark of your Honour requesting the DPP to conduct an inquiry into the DNA found in the van, who is from an unknown person, an enquiry has been conducted at my level. And in the interest of justice, we will write to the DPP to inform him of the name, address, when and where the wounds occured, which was well after the date or dates of the murder. It will help to enlighten the court and the DPP, so that we remain focused on the present matter. »
En début de la séance d’hier, lors de l’Examination in Chief du Dr Gungadin par Me Nataraj Mooneesamy, du State Law Office (SLO), le chef du département médico-légal de la police a été invité à fournir des explications sur l’inscription de la date du jeudi 13 octobre 2010 et 23 heures comme étant la date et l’heure de la mort de la victime. A ce propos, le Dr Gungadin a eu ceci à dire : « We cannot write a bracket of time estimate in the certificate of cause of death, considering the backet of time and the margin of four hours, I have inserted the date of the 13th of October at 23 hrs. This is also not an exact time, like I said at the beginning. »
Pour le médecin légiste, déterminer la date et l’heure du décès n’est pas une science exacte car aucune expérience n’a été effectuée à Maurice à ce propos. « The time of death is not an accurate science and is only an estimate based on some post-mortem changes which takes place in the body and only a bracket of probability can be given in this case. For that matter, in any case. There are many factors which affect post mortem changes in a body. In this case, my estimate is around 24 to 36 hours prior to the examination of the body, with a margin of plus or minus four hours. » Il a ajouté que les données disponibles à Maurice sont « based on experiments done in cool and temperate countries under ideal conditions, which is not so in this case ». Il a fait ressortir qu’il avait examiné le corps de Mme Lam Po Tang sur les lieux du crime le samedi 15 octobre 2010 à 15 h, avant de procéder à l’autopsie le même jour vers 18 h.
Le contre-interrogatoire du témoin se poursuivra en cour jeudi.

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