La prochaine adoption du Finance Bill, l’Omnibus Bill, donnant force de loi aux multiples mesures égrenées dans le Budget Speech du 5 juin dernier, will ring the bell marquera la fin des prochaines vacances parlementaires. C’est la tradition hivernale. Le temps de la reprise, en octobre prochain, coïncidera avec la première année du gouvernement de l’Alliance du Changement. Une période de transition pour ajuster les priorités.
Évidemment, le débat sur l’échiquier, ouvert avec le début de la réforme envisagée sur le front des allocations sociales avec l’introduction de la Basic Retirement Pension (BRP) à 65 ans, continuera à alimenter la chronique. D’autant plus que, dans les principaux camps, les protagonistes ont déjà signifié leur intention de camper sur leurs positions, même après l’étape de la poire coupée en deux avec l’Income Support de Rs 10 000. Et cela à partir du 1er septembre.
Néanmoins, dans la conjoncture, deux dossiers de préoccupation nationale ont le potentiel de susciter un élan de sursaut national, éclipsant pour le bien commun tout ce qui est porteur de division. Même avec ce Least common factor (LCF), chapitre arithmétique tant répugné par les élèves, ils présentent deux facettes de la Res Publica. Qu’est-ce que la conclusion positive du dossier des Chagos peut partager de commun avec les ravages du fléau de la drogue, qui semble totalement hors de contrôle sur le terrain, en dépit de toute la bonne volonté sur le plan politique ?
La prochaine ratification du Chagos Deal à la Lancaster House restera le symbole de la résilience de ceux engagés dans une lutte, qui n’était pas gagnée d’avance ou encore qui avait fait douter plus d’un, même à la veille de ce dénouement. Surtout sur la base des opérations d’une machine à propagande à toute épreuve de quoi faire pâlir plus d’un. L’accès à des documents, les uns plus secrets que les autres, de l’époque, soit à partir de 1965, en apporte la preuve, si besoin est, que les colons britanniques et leurs alliés fidèles ne pouvaient perdre ce Jewel in the Crown dans l’océan Indien.
Pourtant, l’initiative initiale – loin des clameurs d’alors des frères Michel, Sylvio et Elie, en faveur des Zilwa parqués dans les faubourgs de la capitale, relayée par des sacrifices inestimables à l’image des Chagossiennes de caractère, et faisant preuve d’une abnégation sans bornes, notamment Charlezia Alexis et Lisette Talate, de même que tant d’autres, qui ne sont plus de ce monde pour goûter les fruits de leurs sacrifices face à un ennemi multiforme, ou encore se croyant invincible – a eu pour conséquence de garder éveillée la conscience populaire contre une grave injustice à réparer.
60 ans après, ce sera chose faite. Avec la conclusion du processus de décolonisation, Maurice retrouve la plénitude de sa dignité républicaine dans la souveraineté territoriale, de même que les descendants des 969 habitants des îles déplacés dans une tentative d’accréditer une fiction de l’histoire politique dans cette partie du monde avec le British Indian Ocean Territory (BIOT). Sauf qu’avec le bail de 99 ans de la base militaire de Diego Garcia, cette marque coloniale est loin d’être cicatrisée.
La table des prochaines célébrations officielles sera accaparée par les bureaucrates politiques et administratifs en tous genres, y compris ceux ayant mangé à tous les râteliers. Le combat sans relâche de ces 60 dernières années pour la rétrocession de l’ensemble des îles de l’archipel des Chagos est porteur d’un message se résumant à deux C : Croire et Combattre. La communauté des exilés des Chagos n’avait pas d’autres armes qu’un troisième C : leur Cri contre une iniquité flagrante.
En quoi le Least Common Factor se retrouve-t-il dans le dossier des Chagos et celui de la lutte contre le fléau de la drogue ? Comme le prouvent les documents des Chagos Archives, où les occupants illégaux historiques de l’archipel avaient embrigadé les Best Brains d’alors pour dissimuler leur vile intention en envoyant en exil une paisible communauté, les Marchands de la Mort d’aujourd’hui privilégient la même stratégie pour imposer à la population à Maurice le Might is Right. Et les millions en prime.
Avec la Reward Money Saga, avec plus de Rs 250 millions en jeu, les trafiquants de drogue avaient trouvé des alliés objectifs dans la bureaucratie pour des assurances tous risques à leur business. Des institutions, au hasard la Financial Intelligence Unit, des banques commerciales avec leurs Suspicious Transaction Reports, sont-elles sous l’effet de l’hypnose au Simik, comme les victimes des trafiquants dans la rue, pour ne pas comprendre que ces transferts bancaires ahurissants sans justification minent sans complaisance le tissu socio-économique du pays ?
La National Agency for Drug Control a été portée aux fonts baptismaux avec le slogan de Thinking out of the Box. Et pour traduire cette intention dans la réalité, ne faut-il pas compléter la campagne classique de sensibilisation et de mobilisation contre la drogue sur le terrain avec une opération Koutpie contre le risque potentiel de voir le pays se transformer en un Kingdom of Money Laundering à toutes les sauces. Pour cela, il n’y a qu’une enseigne au-dessus de tout soupçon à cibler…
Patrick Michel