LE MONDE VA MAL : Sommes-nous déjà au bord du gouffre ?

  Dr Diplal MAROAM   

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Sans pour autant verser dans le catastrophisme et l’alarmisme excessifs, il ne fait point de doute que la situation actuelle de l’existence humaine au niveau global ne se prête guère à l’optimisme. Il n’y a pas lieu d’effectuer une observation clinique à l’aide de la microscopie électronique pour en être convaincu – le monde dans lequel nous vivons est marqué par les pires dérives et exactions qui, dans beaucoup de cas, sont les conséquences directes ou indirectes, de l’irresponsabilité et l’insouciance humaines. D’ailleurs, à Maurice, nous venons de commémorer le 188e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, une page sombre de l’histoire, qualifiée de crime contre l’humanité et rappelant à notre mémoire des horreurs extrêmes dont s’est montrée capable l’espèce humaine. La une des journaux mondiaux de même que les réseaux sociaux invitent ces jours-ci à la déprime et la neurasthénie. Car le monde va mal : guerres, massacres, génocides se multiplient et engloutissent des ressources dépassant l’entendement pendant que se prolongent les effets destructeurs des famines, crises économiques, catastrophes naturelles et menaces terroristes. Sans oublier que chaque année, le jour où nous avons consommé toutes les ressources naturelles renouvelables que la Terre peut produire en un an – le jour du dépassement – intervient de plus en plus tôt.

D’autre part, alors que la corruption, le détournement des fonds et l’évasion fiscale sont monnaie courante sous l’actuel système de développement économique, le chômage, les inégalités et la précarité se creusent. Au nom des relations bi ou multilatérales, des assistances internationales permettent toujours aux pays et populations dans le besoin de s’en sortir et de s’épanouir. Mais lorsqu’un dirigeant d’un État jadis connu comme le grenier de l’Europe et dont presque toutes les ressources existantes ont été déversées dans une guerre meurtrière avec son puissant voisin sous l’impulsion des Occidentaux, fait la tournée du continent pour quémander auprès de ses homologues, des armes pour prolonger ce carnage qui se déroule chaque jour sur le terrain, l’incompréhension humaine engendrant un sentiment d’animosité au plus haut échelon de la direction des pays, est à son comble et est indicateur du degré de pourrissement de l’ordre mondial actuel.

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C’est ce même sens d’incompréhension et de malveillance qui suscite l’émergence d’une exigence de domination sur les autres – un rôle effectivement incarné aujourd’hui par les États-Unis en tant qu’État dans un concert de plus de 200 pays et par l’OTAN, en tant qu’organisation politico-militaire, ce même si l’organisation opposée regroupant les pays de l’Est a été dissoute dans le sillage du démantèlement du mur de Berlin en novembre 1989. Et une affaire banale de ballons – météorologiques ou espions – a exacerbé, ces derniers temps, les relations déjà tumultueuses, entre les deux premières puissances économiques mondiales au point de susciter le renvoi de la visite du secrétaire d’État américain dans la capitale chinoise. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine qui emporte des centaines de vies chaque jour, démontre le niveau de tension qui règne sur le plan global et qui risque de dégénérer en une déflagration généralisée, d’autant que la menace nucléaire a, à maintes reprises, été brandie lors de ce conflit.

Il va sans dire que les pays en développement pourraient subir le plus gravement les conséquences de cette guerre entre les puissants de la planète. Ces pays qui représentent 78% de la population globale, ne consomment pourtant qu’environ 20% des minéraux du monde – dont la plupart se trouvant dans ces mêmes pays – et 22% de l’énergie commerciale globale. L’aide que reçoivent ces États des pays riches pourrait connaître une coupe drastique dans un proche avenir, ce bien que ces derniers tentent de limiter leurs dépenses dans ce conflit en refusant, par exemple, de livrer à Kiev, des armes lourdes, dont des avions de combat, ce à la grande désillusion du président Zelensky.

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Par ailleurs, aux victimes de la guerre en Ukraine et de celles qui déchirent depuis 12 ans la Syrie et qui a fait jusqu’ici plus de 500,000 morts et le Yémen depuis 2014 avec plus de 350,000 morts est venu s’ajouter le bilan macabre du tremblement de terre qui a ravagé le Sud de la Turquie et le Nord de la Syrie le 6 février. Bilan s’élevant à des dizaines de milliers de morts qui risque de s’alourdir davantage et selon les estimations de l’ONU, plusieurs millions de personnes pourraient même en être touchées, directement ou indirectement. Déjà, confrontés à un hiver rude avec des températures négatives, la grande majorité des sans-abris manquent de tout – kits de premiers secours, nourritures, tentes, vêtements chauds, matelas, couvertures, etc alors que les aides de l’étranger mettent du temps à atteindre les régions les plus dévastées. Selon toute vraisemblance, une nouvelle crise humanitaire se profile déjà à l’horizon.

En ce début du 21e siècle, le monde se trouve à la croisée des chemins avec d’une part, la perception déroutante d’une nouvelle ère de coopération internationale et d’autre part, les menaces les plus sérieuses qui pèsent sur notre existence. Si le risque d’une catastrophe planétaire se révèle être le facteur qui contraindrait la communauté internationale à agir dans un esprit de solidarité et de concertation, nous renforcerons alors notre volonté à lutter pour la sauvegarde de l’humanité dans son ensemble. Mais il est malheureux que, sur la tendance actuelle de la politique globale, l’expression de cette volonté paraît de plus en plus improbable.

                                                                                                                                               

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