Le temps du repêchage s’annonce encore ardu

Les dernières manœuvres sur l’échiquier politique, plus particulièrement au plus haut de l’Alliance du Changement, intervenues au cours de la semaine écoulée, ne peuvent que noircir un tableau déjà sombre. Surtout qu’elles coïncident avec le premier anniversaire d’un 60-0, qui se voulait cinglant, au scrutin des élections législatives du 10 novembre de l’année dernière.

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Les retombées de ces événements politiques, internes au gouvernement, même si l’entourage proche, voire très proche, des principaux protagonistes, s’accorde à avancer que la sérénité prévaut après la tempête, font déjà tache d’huile dans différentes sphères de la vie publique de la République. Chaque fait et chaque geste des principaux protagonistes, en public, ou pire encore, en privé, seront passés au scanner, marque déposée de la formule populaire To pa kano twa, et amplifiés sur la toile avec les méthodes éprouvées de Sa Majesté Missié Moustass. Autant dire que la perturbation de l’accalmie déjà précaire est assurée, peu importe les assurances fournies en public dans la conjoncture actuelle.

Toujours en ce premier anniversaire de l’avènement du Changement à l’Hôtel du Gouvernement, les partenaires, dopés par la mesure budgétaire du relèvement de l’âge d’éligibilité à la Basic Retirement Pension de 60 à 65 ans, kouma enn lezo inn tas dan lagorz, multiplient les piques, souvent empoisonnées, à l’encontre du pouvoir politique. D’abord, la lenteur qui asphyxie le processus de décision pour enclencher les réformes ou encore satisfaire les promesses populaires de la dernière campagne électorale. Et quand les décisions sont prises, deux faits émergent : soit elles sont entérinées sans consultation préalable des stakeholders, avec pour effet que les objectifs escomptés sont noyés dans des turbulences sans fin.

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Ou encore que, dans la majorité des cas, comme pour les nominations à des postes stratégiques dans le parapublic, le gouvernement est appelé, pour ne pas dire forcé, à revoir sa copie sous la pression de la rue, dont la mobilisation est encore embryonnaire. La période de grâce politique accompagnant un nouveau gouvernement touche à sa fin.

Les irritations et les frictions sur le plan politique, marquant cette première année de l’Alliance du Changement, suffiront-elles à provoquer un sursaut salutaire de la part des tenants du pouvoir et à remettre en perspective le programme de travail, avec pour conséquence que les résultats soient probants, palpables et visibles, permettant à l’électorat de juger sur pièces ? Il ne fait aucun doute : le temps des intentions s’estompe de plus en plus et le temps du repêchage s’annonce encore plus ardu.

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En cette fin d’année, un test-piège attend le gouvernement de l’Alliance du Changement. Les syndicats du secteur public attendent avec impatience la publication du rapport du Pay Research Bureau (PRB), avec sa mise en application à partir de 2026. Une épreuve politique, financière et syndicale à aborder avec doigté. Toute sortie de route pourrait s’avérer extrêmement compliquée, d’autant plus que viendra s’y greffer la demande syndicale pour la traditionnelle compensation salariale, devant être effective à partir du 1er janvier prochain, avec pour background l’expression “Lakes Vid”.

Face à ces nuages gris menaçants qui s’amoncellent sur le front intérieur, la fin de l’année, marquée par la prochaine visite du président français Emmanuel Macron à Maurice ou encore la sortie du tunnel sur le front de la restitution de la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos, en dépit du baroud d’honneur du gang des anti-Chagos Deal, tentant d’exploiter cette fenêtre politique entrouverte mardi dernier à la House of Lords, pourrait prolonger la période de répit politique.

La question demeure : ces épisodes, hors du champ d’action politique sur le plan intérieur, comportent-ils autant d’ingrédients intrinsèques susceptibles de cimenter — pour ne pas dire d’éviter de fissurer davantage — cette cohésion dont aura tant besoin le gouvernement de l’Alliance du Changement pour aborder 2026, année qui s’annonce cruciale pour esquisser les prémices de tout bilan à venir ?

Pour cette première année, le gouvernement affiche légitimement des avancées sur le front de l’approfondissement de la démocratie et de la consolidation des libertés. La réforme électorale, qui aura la primauté à l’agenda de la Constitutional Review Commission, dont la composition attend encore confirmation, se présente comme un rendez-vous incontournable, la majorité qualifiée étant à ce jour atteinte sous la Constitution au sein de l’hémicycle. Mais la substance constitutionnelle d’une « bonne réforme » exige que les partenaires de l’Alliance du Changement s’accordent en toute harmonie au préalable…

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