L’équation est pour une fois, très simple !

« Nou fer eleksion dime gramatin mem, si met tou federasion fantom deor », dixit Jean-Michel Giraud, président de la Mauritius Tennis Federation (MTF). La déclaration, publiée le 27 avril dans Week-End, intervenait au lendemain de la menace de sanction brandit par le Comité international olympique (CIO) sur le Comité olympique mauricien (COM). La MTF avait aussi fait part au CIO de sa volonté à discuter de l’organisation des élections — renvoyées par deux fois — à condition, entre autres, d’éliminer les fédérations fantômes.
Désormais, la MTF a officiellement déposé trois propositions devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) le 25 juin. Hormis, l’exclusion des fédérations fictives aux élections, elle demande aussi que celles-ci soient conduites par une commission électorale indépendante comme préconisée dans les règlements du COM. Et si toutes les parties parviennent à un accord, la MTF avise qu’elle retirera sa plainte en Cour Suprême et demande au COM d’en faire de même.

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Malheureusement, il n’y a pas eu de médiation ! En l’absence de son président, Philippe Hao Thyn Voon (déclaré souffrant), et de son adjoint, Richard Papie — à qui pourtant, le COM avait temporairement remis les rênes — c’est la secrétaire général par intérim, Aarti Desscann, qui a fait comprendre que la question allait d’abord être débattue au sein du comité exécutif ! Donc, qu’il faudra attendre le 1er août, soit un mois plus tard, pour connaître la réponse du COM !
Si cette posture semble satisfaire certains, en revanche, elle interpelle. Quel mal y a-t-il à se battre pour la tenue des free and fair elections qui passent obligatoirement sans les fédérations fantômes ? Là où seront appelées, sur l’autel de la transparence et de l’équité, des fédérations qui ont une existence légale et qui tournent à plein régime, tout en respectant l’article 29 de la Charte olympique, notamment « exercer une activité sportive spécifique, réelle et durable…».
D’autant que, fin mars, la juge Gaitree Jugessur-Manna avait reconnu que les fédérations de pentathlon moderne et de roller & stake n’étaient pas reconnus légalement et ne pouvaient ni participer ni voter aux assemblées du COM. Le Registrar of Associations a confirmé cette situation d’illégalité le mois dernier !
Dans ce contexte, pourquoi ne pas tout simplement exclure ces deux fédérations des prochaines élections ? Pourquoi ne pas accepter la proposition de la MTF et aider ainsi à une sortie de crise dans les plus brefs délais et dans l’intérêt du sport ? Il ne faut pas non plus oublier que la fédération de tir n’a également pas de statut légal, mais a tout de même été autorisée à participer à l’assemblée générale annuelle du 30 décembre dernier !
Qu’en est-il aussi de la fédération d’escrime, dont la présidente n’est autre qu’Aarti Desscann et dont quatre des huit clubs ont été, à décembre dernier, confirmés comme avoir été désenregistrés par le Registrar of Associations ? Que pense-t-on de la Gymnastics Federation Mauritius qui, passé les élections du 30 mars dernier, se retrouve avec deux comités directeurs ? Des fédérations ne devraient-elles pas avoir un plan de développement, à commencer par des clubs actifs, des licenciés et un programme d’activités ? Le rôle des dirigeants n’est-il pas de donner l’élan et le dynamisme voulu pour propulser la discipline à l’international ?
Ou suffit-il uniquement d’avoir une reconnaissance de sa fédération internationale pour exister ? Quitte à ne pas respecter l’Article 29 de la Charte olympique pour « exercer une activité sportive spécifique, réelle et durable…» ! À quoi cela sert-il alors si une fédération n’existe que de nom, sans valeur légale et, qui plus est, dans un État de droit ?
Précisons, dans ce contexte, que la Mauritius Football Association n’est toujours pas reconnue par le Registrar of Associations. Et pourtant, il semblerait que le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, était attendu à la finale de la MFA Cup, dimanche dernier à Côte d’Or ! Il n’a finalement pas fait le déplacement pour on ne sait quelle raison.
Les élections du COM ont été renvoyées par deux fois — 25 janvier et 29 mars — et avec raison d’ailleurs. Désormais, la balle est dans le camp de l’instance olympique avec les propositions déposées sur la table du TAS. L’équation est, pour une fois, très simple à résoudre: Accepter d’exclure des fédérations qui n’existent que de nom — ce qui n’est pourtant pas la mer à boire — ou tenir la corde raide tout en étant conscient des conséquences que cela pourrait engendrer pour le sport mauricien !

Jean-Michel Chelvan

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