Linzy Bacbotte : « Une virée inoubliable et des partages inestimables pour mes 35 ans de carrière »

De juillet 2022 à janvier 2023, Linzy Bacbotte a écumé les scènes aux quatre coins du globe ! Suisse, France, Belgique, Italie, Canada, Australie et les Seychelles. La « petite fiancée » des Mauriciens a démarré en trombe ses 35 ans de carrière. Les restrictions sanitaires étant encore en vigueur dans le pays l’an dernier, mais l’artiste aux 1 000 facettes a répondu aux « très nombreuses invitations de la diaspora ». Et c’est ainsi qu’elle s’est embarquée dans une folle virée, « inoubliable », dit-elle, faite « de rencontres et de partages inestimables avec de grandes dames, comme Marie Josée Clency et Miselaine Duval ». Se trouvant ainsi « de nouvelles familles en Australie comme au Canada ».
Elle a littéralement pris de court Alain Ramanisum sur la scène du J&J Auditorium samedi dernier : « Alain a carrément failli avoir une attaque en me voyant débarquer sur scène ! » Le Bebet Sega national y célébrait ses 30 ans de parcours musical quand Linzy Bacbotte a fait une entrée des plus inattendues. « Zis Laura (Beg) ti dan lesekre ek ti kone monn de retour dan pei, depi lavey, ek mo ti pe vinn lor lasenn sa ler la ! » décoche-t-elle dans son grand éclat de rire, bien propre à elle.
De juillet 2022 à janvier 2023, celle que ses fans Mauriciens ont surnommé leur « petite fiancée » était en effet en tournée en Europe (Belgique, France, Suisse, Italie), puis au Canada (Toronto, Sakataoon, Montréal), avant de faire un crochet par l’Australie (Sydney et Melbourne), aux Seychelles, notamment pour le Festival Kreol, et revenir au Canada, où elle s’est produite le 30 décembre au soir pour clore sa tournée mondiale. Le 31 décembre, Linzy Bacbotte a ainsi mis un point final à sa tournée mondiale 2022. Elle se trouve alors à Edmonton, pour son dernier tour de piste de l’année.
Après cela, elle s’est rendue chez Cynthia, sa sœur, installée à Saskatoon. Elles sont rejointes par leur cousine, Cindy. « Du coup, j’ai célébré le Nouvel an… quatre fois ! » explique l’artiste. « Premye kout avek mo nouvo fami, ki monn fer konesans lor Sydney ek Melbourne, kan monn zoue laba. Zot tou inn apel mwa ler minwi pe sone… » De chaque coin du monde, à mesure que sonnaient les 12 derniers coups de l’année, « chacun m’appelait d’un pays différent », s’exclame-t-elle, encore toute joyeuse, et visiblement pas totalement remise de ses émotions !
Son regard se voile tandis que sa voix tremble légèrement quand elle explique : « Mes enfants, restés à Maurice, étaient en pleurs quand on s’est souhaité bonne année par téléphone ! Premye fwa nou separe ek nou pa ensam pou Nwel ek lane-la… Ils pleuraient tous les deux chaudement quand ils m’ont appelée d’ici, à la maison. Pa bizin dir, mo larm inn koumans koule wadire kascad… » Ensuite, c’était au tour de ses « amis d’Europe », dit-elle. « Ils m’ont aussi souhaité bonne année, puis, avec ma sœur Cynthia, et notre cousine, Cindy, on a passé la soirée à Saskatoon pour la veillée. » Linzy Bacbotte souligne qu’elle se souviendra « encore très longtemps » de son premier « White Christmas ».

- Publicité -

Loft Session !

Cette aventure mondiale, cette grosse pointure de la scène mauricienne l’a vécue « avec la bénédiction du Bon Dieu ». Fidèle à son tempérament de feu, dès qu’elle s’est embarquée dans cette tournée mondiale, Linzy Bacbotte ne s’est pas ménagée « une seule seconde ».
L’expérience commence avec « un mois de “loft session” sous la direction de Franck Hinrik », un producteur belge. « Il nous a enfermés, les membres d’Otentikk Groove (donc Jason Heerah, Elvis Heroseau, KrisJo Clair et Didier Baniaux) et moi dans un loft en plein cœur de Bruxelles pendant une trentaine de jours. On n’avait pas le droit d’écouter les sons et les musiques qui nous étaient familiers ! Son idée était de nous faire sortir de notre “comfort zone” et de nous exposer à de nouveaux sons, totalement inédits, afin de créer de nouvelles choses. C’était incroyable ! »
Mettant à profit sa grande passion pour la cuisine – partagée avec Elvis Heroseau, « qui est devenu mon complice de fourneau » – le projet, de son propre aveu, aura été énormément bénéfique sur tous les plans. « Et d’abord en tant qu’artistes, concède Linzy. Et comme nous partagions la scène depuis un bon bout de temps, cela a raffermi notre amitié. Me res anferme, sel fam dan sa basin kayman-la… mama oooh ! Mais cela nous a été d’une aide immense pour mieux nous connaître et tisser des liens encore plus solides. » Cela dit, musicalement parlant, « nous avons planché sur une vingtaine de nouvelles créations, qui demandent à être peaufinées et travaillées en profondeur maintenant », explique encore l’artiste.
Dans le cadre de sa tournée mondiale, Linzy Bacbotte devait donc être accompagnée de Otentikk Groove. Leur première date, c’était début août, à Paris. « Cela s’est merveilleusement bien passé pour nos quatre jours dans la capitale française », explique notre interlocutrice, avec un énorme sourire contagieux, dont elle seule a le secret.

- Publicité -

Rupture brutale

Mais « comme rien n’arrive jamais comme d’habitude » à Linzy Bacbotte», quand elle prend l’avion pour rallier Toronto, elle se retrouve seule au Canada ! « J’avais mon vol avant les autres, explique-t-elle. J’ignorais, et eux également, qu’il allait y avoir des complications et qu’on serait séparés » Cette rupture, dit-elle « a été très brutale, d’autant qu’avec la “loft session”, on s’était tellement rapprochés qu’on en était venus à dégager une synergie commune »… Elle poursuit : « On vivait difficilement les uns sans les autres. Et puis voilà… séparation brutale ! »
Seule au Canada, où elle débarque pour la toute première fois de sa vie, Linzy Bacbotte pousse un ouf de soulagement quand sa sœur Cynthia et leur cousine, Cindy, toutes deux établies dans ce pays du nord du continent américain, viennent la rejoindre. « Depuis que ma sœur s’est installée à Saskatoon, confie Linzy, elle brûlait d’impatience du jour où je viendrais enfin lui rendre visite ! Elle me disait toujours : « Trouve un organisateur de concert qui te sponsorise ici au Canada ! Tu pourras enfin venir nous rendre visite.” »
Niveau musical, tout s’est heureusement bien passé. « Pour les concerts prévus, une petite équipe de musiciens amateurs a rapidement appris les rudiments et mes chansons afin de m’accompagner sur scène. » Profitant de son séjour au Canada, « je suis allée voir de mes propres yeux l’une des merveilles du monde, les chutes du Niagara… et c’était féerique ».
À Montréal, Linzy a « la chance » de tomber sur Benoît Bardou, un compatriote, responsable de l’Association diaspora d’aide aux Mauriciens (ADAM), un foyer qui s’occupe des personnes atteintes de problèmes mentaux. « Comme personnellement, il n’y a pas très longtemps, je suis passée par des moments extrêmement douloureux, j’avais très à cœur de donner un coup de main à cette entreprise humaine. »

- Advertisement -

Bénédiction divine

Et voilà Linzy Bacbotte qui repasse son tablier et se met au fourneau pour préparer à manger aux résidents du foyer. « Après la traversée du désert que j’ai eue, et mes complications de santé il y a deux ans, l’accueil chaleureux, la spontanéité et la tendresse de ces personnes m’ont fait un bien fou ! » Linzy, très croyante et pratiquante, explique : « Cette expérience, pour moi, était une bénédiction qui me venait droit du ciel. Durant tout mon passage à vide, je m’en remettais d’ailleurs à Dieu, et je lui demandais : “Pourquoi moi ? Pourquoi m’arrive-t-il tous ces malheurs ? Quand connaîtrais-je un peu de bonheur ? Et là, dans les bras de ces résidents, j’ai reçu tout l’amour du monde. »
Au fil des dates et des concerts dans les différentes villes du monde (Bruxelles, Paris, mais aussi Palerme, Catania et Milan, en Italie), Linzy Bacbotte vit « des moments intenses d’émotions fortes, de partages et de rencontres inestimables » avec des personnes qu’elle rencontrait. « Comme la famille Domingue, en Australie, l’équipe et les proches de Benoît Bardou, en Suisse, ou encore les retrouvailles avec ma sœur et ma cousine. Voire renouer avec Heidi Agathe, une coiffeuse qui s’est occupée de moi avec beaucoup de soin pour mes prestations scéniques à Montréal. »
Elle évoque également avec beaucoup d’affection ses rencontres artistiques avec ses compatriotes, comme Mr Love, Patrick Victor, son complice, Elijah, Tino Martino et DJ Madman, aux Seychelles, Madi Madi, à Paris et aux Seychelles, Jamino à Sydney… « Et ces deux grandes dames que sont Marie Josée Clency, la vraie “diva” de Maurice, et Miselaine Duval ! Elles sont des inspirations immenses dans ma vie. Je n’en reviens toujours pas, mais j’ai eu l’immense honneur de dormir à quelques centimètres de Marie Josée Clency ! Elle s’est occupée de moi – tout comme elle m’a bien grondée aussi ! Tansion, hein, comme une maman. » Quant à Miselaine, « si elle n’avait pas été là, je me demande ce qu’il serait advenu de moi », raconte Linzy Bacbotte.

« Collapse » au Canada !

En effet, le jour de son départ pour l’Australie, le 27 novembre, alors qu’elle a entre-temps fait un aller-retour avec les Seychelles, où elle a donné quatre concerts en trois jours, Linzy Bacbotte tombe dans les pommes à l’aéroport, alors qu’elle attend son avion pour se rendre au pays des kangourous ! « Miselaine, son mari et leurs enfants sont arrivés en quatrième vitesse », explique Linzy. « Mo rapel nek kan mo pe ouver mo lizie, mo dan lanbilans ! »
Craignant le pire (il y a quelques années, elle a eu des complications cardiaques), elle est soumise à une batterie de tests. « Mais Dieu merci, les médecins ont trouvé que j’avais une forte carence en fer et en vitamine D, souffle-t-elle, soulagée. Après le rythme fou des enchaînements de concerts aux quatre coins du monde, mo lekor ti nepli kapav swiv ! »
À peine termine-t-elle ses dates en Australie, nommément à Sydney et Melbourne, où elle se lie d’amitié avec sa « nouvelle famille d’accueil », les Domingue, la chanteuse saute dans un autre avion et retourne au Canada pour clore sa tournée mondiale à Edmonton. « Le 30, je me produisais devant des fans et un public qui m’a donné énormément d’amour », explique l’artiste. En Australie, Linzy Bacbotte dit s’être sentie comme chez elle, « à la maison »… Elle reprend : « Je crois que c’est à cause du soleil, de la chaleur… Je suis une fille des îles. Lanez pa pou mwa sa ! »

En calèche !

Puis vient le repos tant mérité de la guerrière. Parmi ses souvenirs les plus forts de ces six mois de tournée pour marquer ses 35 ans de carrière, elle dira : « Se kan Miselaine inn amenn mwa get Black Panther 2 sinema ! » Mais aussi l’immense surprise concoctée à Montréal par l’équipe de Benoît Bardou. « Ils ont préparé une calèche, une robe, une grande chaise… Le tout sortait tout droit d’un conte de fées ! Je me suis sentie comme Cendrillon… »
Mais l’expérience est encore plus forte quand, dit-elle, « j’étais assise dans ce véhicule tiré par un Blanc, et que les gens de Montréal regardaient, surpris de voir une femme noire assise dans la calèche qu’il tirait »… Elle ajoute : « Des sentiments forts, des souvenirs de femmes comme Rosa Parks m’ont subitement envahie. C’était immense ! »
Des larmes de joie, mais de peine aussi. « Car avec ceux et celles que j’ai rencontrés durant ces six mois, nous avons évoqué nos souffrances, nos parcours douloureux, nos défis et nos combats », retient notre interlocutrice.
De retour au bercail, « mais pour quelques jours seulement », le temps de préparer son spectacle pour ses 35 ans de carrière, qui aura lieu le 4 février au J&J Auditorium, à Phœnix, Linzy Bacbotte s’apprête à sauter à nouveau dans l’avion… Embarquement pour de nouvelles aventures pleines d’amour et d’émotions pour la jeune artiste mauricienne, qui rayonne plus que jamais !

- Publicité -
EN CONTINU
éditions numériques