Littérature – « Fading Mehndi » : Sabah Carrim décroche le prix Afritondo

Notre compatriote Sabah Carrim, installée au Texas, où elle enseigne les Holocaust Studies au Martin-Springer Institute, à la Northern Arizona University, a décroché le premier prix de l’Afritondo Short Story Prize 2024 pour sa nouvelle Fading Mehndi. « Je suis ravie d’avoir ce prix et d’être reconnue par la communauté africaine. C’est un concours ouvert à tous les Africains », a confié la lauréate au Mauricien, du Texas, au courant de la semaine. Sabah Carrim est également membre du jury de l’African Writers Short Story Award pour l’African Writers Development Trust.

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Fading Mehndi est une nouvelle de 18 pages qui nous fait plonger dans l’antre de la communauté musulmane d’origine indienne, de la classe moyenne, à l’île Maurice, pour vivre avec Aliyah, la protagoniste, l’expérience d’une jeune femme de la veille de son mariage jusqu’à sa lune de miel. Une histoire qui, a priori, pourrait sembler banale mais qui souligne le poids de la tradition, de la culture et de la condition féminine. « Si j’avais été à Maurice, je n’aurais peut-être pas eu l’espace et le recul nécessaire pour prendre conscience de la situation et pour en parler avec objectivité », observe Sabah Carrim.
Fading Mehndi est écrite en anglais, dans un langage simple et dynamique. L’écrivaine tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin. La nouvelle se lit vite mais laisse une trace indélébile chez la lectrice qui pourrait se sentir oppressée par certaines pratiques courantes et qui vivrait la violence que subit la jeune mariée en silence, alors que « la foule », présente au mariage, s’amuse. La nouvelle sera publiée au courant de l’année.
Sabah Carrim, la quarantaine, observe que « we are still fighting the same battle as we did 20 years ago ». Pour elle, que ce soit à Maurice ou à l’étranger, la lutte des femmes est toujours la même. « C’est un thème encore très pertinent à Maurice comme ailleurs. » Pour écrire sa nouvelle, elle a puisé dans son expérience personnelle ainsi que dans ce qui se passe ailleurs.

Née dans une famille musulmane, d’une mère indienne et d’un père mauricien d’origine indienne, Sabah Carrim a grandi à Maurice en ayant l’ourdou comme langue maternelle. « L’anglais est arrivé très vite, puisque mes parents se parlaient en anglais. . Donc c’est tout naturellement, que Sabah Carrim adopte l’anglais comme langue d’écriture. « C’est aussi celle dans laquelle elle pense », précise-t-elle.

Après ses études secondaires, Sabah Carrim entame des études de droit à l’université de Londres et poursuit avec un master de droit, en Malaisie. Rentrée au pays, elle travaillera deux ans comme conférencière à l’université de Technologie avant de repartir pour la Malaisie. Elle y vivra une quinzaine d’années, travaillera dans les universités et terminera un doctorat en science politique. Elle séjournera aussi au Kenya et aux Maldives où elle enseignera avant de poursuivre sa route aux Etats-Unis. Elle bénéficie actuellement d’une bourse de recherche post-doctorale sur l’holocauste et le génocide de l’université où elle enseigne.

Sabah Carrim a un très grand nombre de publications académiques à son actif. Elle s’intéresse aussi à l’écriture créative et a récemment bénéficié d’une bourse pour compléter un master en Creative Writing aux Etats-Unis. En 2012, elle sort son premier roman, Humeirah. Trois ans plus tard, un deuxième voit le jour, Semi-Apes. Elle a écrit plusieurs nouvelles, dont certaines ont été sélectionnées pour des prix internationaux ; elles ont également été publiées. Elle fait aussi de la poésie. Sabah Carrim a récemment organisé un symposium de dix jours sur le génocide.

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