Marché du travail en 2025 : L’année commence dans la fébrilité

• Chômage des jeunes en forte hausse, baisse de l’emploi par rapport à fin 2024, stagnation du taux d’activité • Les données du premier trimestre 2025 inquiètent, malgré une amélioration timide sur un an

Les statistiques du marché du travail pour le premier trimestre 2025, publiées par Statistics Mauritius le 27 juin, laissent transparaître un climat d’incertitude. Si l’on observe une légère amélioration par rapport à la même période l’an dernier, les chiffres du début d’année révèlent un recul préoccupant en comparaison avec le dernier trimestre 2024. L’augmentation du chômage des jeunes, le repli de l’emploi masculin et la stagnation de la participation féminine viennent assombrir ce tableau.

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Au 31 mars 2025, la population active – c’est-à-dire les personnes âgées de 16 ans et plus qui occupent un emploi ou en recherchent un – est estimée à 582,800 personnes, contre 583,900 fin décembre 2024, soit une perte nette de 1,100 actifs. L’emploi diminue de 2,800 postes par rapport au trimestre précédent pour atteindre 547,600 personnes employées.

Un premier signal d’essouflement
La tendance haussière observée fin 2024 ne s’est pas maintenue. Le marché du travail semble avoir ralenti, notamment pour les hommes, dont l’emploi chute de 2,500 en trois mois. Chez les femmes, la baisse est plus contenue (–300), mais leur taux de chômage reste élevé à 8,0%, contre 4,5% pour les hommes.
En comparaison avec le premier trimestre 2024, on observe une amélioration marginale : l’emploi progresse de 1,000 postes et le chômage recule légèrement (–1,100), faisant passer le taux global de 6,2% à 6,0%. Mais ce frémissement positif est contrebalancé par les dynamiques plus récentes.

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Les jeunes en première ligne
Le chiffre le plus alarmant de cette publication concerne le chômage des jeunes de 16 à 24 ans, qui atteint 19,8%, soit une hausse de 3,2 points en trois mois. Cette augmentation touche surtout les jeunes hommes, dont le taux bondit à 17,9%, contre 22,0% chez les jeunes femmes. Cette détérioration traduit un malaise persistant dans l’insertion professionnelle des primo-demandeurs d’emploi, notamment ceux sans qualification suffisante.

Des inactifs toujours majoritairement féminins
La population en dehors de la force de travail s’élève à 410,200 personnes, dont 262,600 femmes, largement représentées parmi les « femmes au foyer » (49% de l’inactivité féminine). Ce chiffre illustre la difficulté, encore structurelle, à intégrer davantage de femmes dans l’économie active.
Du côté masculin, l’inactivité est majoritairement liée à la retraite (57%) et aux études (25%), reflétant une démographie vieillissante et une certaine rétention dans le système éducatif.

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Des emplois, mais à quel prix ?
Un autre élément à surveiller : la durée du travail hebdomadaire, avec plus d’un tiers (36,7%) des travailleurs effectuant plus de 50 heures par semaine. Ce phénomène touche plus particulièrement les hommes, dont 38,6% dépassent ce seuil, contre 34,2% chez les femmes. Ce volume horaire, au-delà des normes conventionnelles, soulève des questions sur la qualité de l’emploi et le respect des équilibres de vie.

Une dynamique à surveiller
Le marché du travail mauricien commence l’année 2025 sur une note mitigée. Malgré une amélioration des chiffres sur une base annuelle, les tendances récentes inquiètent : désengagement du marché du travail, stagnation de l’emploi féminin, explosion du chômage chez les jeunes. À cela, s’ajoute une inadéquation entre les profils formés et les besoins du marché, confirmée par le fait que 49% des chômeurs n’ont pas le School Certificate.

Pour éviter que ce fléchissement ne se transforme en stagnation durable, des mesures ciblées sont nécessaires : soutien à l’emploi des jeunes, accompagnement de la reconversion professionnelle, et politiques actives pour favoriser une participation féminine accrue. Le dynamisme économique de l’île en dépend.

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