- « Zot ti de kamarad inseparab dan vilaz »
- Leurs parents ignoraient qu’ils s’étaient rendus à la rivière Moonkharry pour rejoindre des amis dimanche après-midi
Mare-Tabac est encore sous le choc après le décès tragique dimanche de deux « zanfan landrwa », tous deux victimes de noyade. Dhrisikesh Bhoyrub (17 ans), plus connu comme Rohan, et Digambaresh (Digam) Runghen (18 ans) avaient quitté leur domicile dans l’après-midi sans en informer leurs proches. Ces derniers pensaient qu’ils étaient partis « zwenn de-trwa kamrad, apre zot pou retourn lakaz ». L’alerte aura finalement été lancée dimanche en début de soirée par Mooneram (Soon) Bhoyrub, inquiet de la disparition de son fils.
« Vers 17h30, mon épouse a appelé mon fils sur son cellulaire à plusieurs reprises. Mais il ne répondait pas ! » déclare-t-il. Pour autant, il ne s’est pas inquiété davantage, pensant que l’adolescent était avec ses amis. Le père de la jeune victime explique avoir ensuite terminé un travail avant de rentrer à la maison. C’est alors qu’il a appris par son épouse que son fils ne répondait toujours pas à ses appels. Et même s’il a pu contacter un ami de son fils, demandant à ce dernier d’appeler le jeune homme, ce sera toujours le silence radio.
Le père de l’ado a alors demandé à un ami de son fils de lui dire où s’était rendu son fils. « Li dir mwa zot (son fils et son ami, NdlR) pran direksyon larivyer ! » Soon Bhoyrub s’est aussitôt précipité à la rivière Moonkharry, à 200 mètres de la route principale, et ce, alors qu’il faisait déjà noir. « Mo’nn rode, mo pa pe trouve. Ti ena enn pie laba, mo’nn maye ek monn tonbe. Mo’nn trouv so short ek so portab lor enn ros ! »
Le père de famille a alors compris que quelque chose de grave s’était probablement produit, et a immédiatement appelé le numéro d’urgence de la police (999). Les policiers sont arrivés en premier sur les lieux, suivis d’éléments du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM).
Les plongeurs ont entamé les recherches non sans difficulté, devant utiliser des lampes torches sous l’eau. Jusqu’à ce qu’ils découvrent, peu après 22h, deux corps sous la boue, non loin l’un de l’autre. Ce qui fait les enquêteurs supposer qu’une des deux jeunes victimes s’est retrouvée en difficulté en tentant d’aider son ami.
Soon Bhoyrub, lui, aura dû prendre sur lui pour identifier le corps de son fils, Rohan, mais aussi celui de Digam Runghen. Les deux corps ont ensuite été transportés à la morgue de l’hôpital Victoria, où l’autopsie a attribué le décès à une asphyxie par noyade.
Un proche de Digam Runghen dit avoir appris que le jeune homme est mort en tentant de sauver Rohan, qui s’était retrouvé en difficulté dans l’eau. « Il se serait jeté à l’eau sans se poser de question. Zot ti de-kamarad inseparab. Partou zot ansam. Nou panse li pa kapav get Rohan pe debat, li al rod sap li. »
Digam Runghen était décrit comme « un garçon tranquille » passionné de football. Cet élève du collège Saint-Joseph était souvent plongé dans ses livres; il devait d’ailleurs prendre part aux examens de Cambridge. Il aspirait à devenir avocat.
Rohan Bhoyrub, étudiant du MITD, respirait la « joie de vivre », expliquent des proches. Tous deux avaient intégré un groupe de jeunes de Mare-Tabac très actifs lors des fêtes religieuses.
La police a ouvert une enquête pour savoir ce qui s’est exactement passé. Elle a ainsi déjà appris que Rohan Bhoyrub et Digam Runghen étaient en compagnie de deux ou trois autres jeunes à la rivière. Les enquêteurs veulent savoir si les « rescapés » étaient présents au moment du drame ou s’ils avaient quitté les lieux avant.
Les policiers de la localité expliquent que cette rivière est dangereuse lors des grosses averses, car elle déborde souvent de son lit. De plus, la boue accumulée dans la rivière Moonkharry rend la pratique de la nage risquée, d’autant que le courant est « assez fort dans une zone en particulier ». Ce qui n’empêche pas les habitants de s’y baigner ou d’y pratiquer des séances de prières.

