Le Senior District Magistrate Arun Rohamally, siégeant en Cour de Rose-Hill, a rejeté la motion présentée au nom de Mohammud Sadulla en vue de rayer la charge provisoire de complot qui pèse contre lui. C’est ce qui ressort d’un Ruling rendu, hier. Le suspect est impliqué dans le meurtre de Manan Fakoo. Ce dernier, tué le 20 janvier 2021, avait été abattu par deux suspects, circulant à motocyclette, alors qu’il était assis dans sa voiture. Une quinzaine de personnes avait été arrêtées dans le cadre de cette affaire.
Le 25 février 2021, Mohammud Sadulla avait provisoirement été accusé d’avoir comploté avec d’autres personnes pour tuer Manan Fakoo, en violation de la section 109 du Code pénal. Le 25 avril 2022, il avait été remis en liberté conditionnelle.
Le 1er août 2024, l’avocat de Mohammud Sadulla avait demandé par voie de motion la radiation de la charge provisoire qui pesait contre son client. Selon lui, il y avait insuffisance des preuves contre ce dernier et deuxièmement, le délai des autorités pour loger une charge formelle est « inordinate ». Cette motion avait été débattue le 25 mars dernier.
Dans son Ruling, le magistrat Arun Rohamally a d’abord passé en revue les preuves existantes contre Mohammud Sadulla, selon l’enquête policière.
La veille de la mort de Manan Fakoo, soit le 19 janvier 2021, une fourgonnette blanche rôdait dans les parages du domicile de la victime à Beau-Bassin. Cette fourgonnette avait été repérée sur les images des caméras Safe City à divers endroits, avec la motocyclette impliquée dans le meurtre.
Ce jour-là, le chauffeur de la fourgonnette, un dénommé Multazaam Sadulla, avait lancé aux passagers : « Pou avoy Manan manze ». Deux autres personnes, notamment Anas et Mursalaat Sadulla, avaient confirmé avoir entendu ces propos.
Mohammud Sadulla avait admis qu’il se trouvait dans la fourgonnette le 19 janvier 2021 mais continue de nier toute implication dans le meurtre. Selon lui, il n’avait pas entendu la remarque de Multazaam Sadulla. Il maintient que le 19 janvier 2021, il était parti avec ses cousins pour se procurer du cannabis chez leur dealer habituel, qui habitait près du domicile de Manan Fakoo. Le dealer en question a effectivement confirmé cela aux enquêteurs. Selon ce dernier, la vente de drogue avait été conclue alors que la fourgonnette faisait le tour du quartier de Manan Fakoo.
Mohammud Sadulla maintient que le 20 janvier 2021, le jour du meurtre, il ne se trouvait pas dans la fourgonnette mais travaillait dans son salon de coiffure. Il s’était ensuite volontairement rendu à la police. Or, selon une possibilité admise par la police, le forfait n’avait pu être commis le 19 janvier, vu que Manan Fakoo n’avait pu être repéré.
Le magistrat Rohamally a ainsi retenu qu’à ce stade, les enquêteurs ont de « reasonable suspicion » que le prévenu pouvait être impliqué dans cette affaire, et qu’à ce stade, cette « reasonable suspicion » ne peut être remise en cause. « Insofar as the suspicion of the Enquiring Officer is based on the facts alluded to above, I am of the opinion that those facts are consistent with the implication of the accused in the offence allegedly committed. »
En ce qui concerne le délai des autorités de loger la charge formelle contre Mohammud Sadulla, le magistrat a retenu que le décompte a commencé au moment où la charge provisoire avait été logée, soit le 25 février 2021, et que quatre ans se sont ainsi écoulés. Il a pris note que l’enquête policière a déjà été bouclée, et le dossier soumis au DPP, et cela dès septembre 2022.
Le magistrat a retenu qu’il était nécessaire que les deux accusés principaux, Multazaam Sadulla et Yassiin Meetoo, qui avaient été déférés aux Assises le 16 octobre 2023, doivent premièrement être reconnus coupables de meurtre, avant qu’une accusation de complot en relation à ce meurtre ne puisse être logée.
Cette affaire sera ainsi appelée en Cour d’Assises le 14 mai prochain. Ce n’est qu’à la fin de ce procès, que le DPP prendra une décision en ce qui concerne les autres protagonistes.
Par ailleurs, la Cour a aussi retenu que plusieurs mesures ont été prises pour atténuer le préjudice subi par l’accusé. Des Variation Orders avaient ainsi été émis pour que l’accusé puisse voyager à l’étranger, et cela à deux reprises. En outre, l’accusé n’est plus soumis à un couvre-feu et ne doit faire acte de présence au poste de police qu’une fois par semaine. Pour toutes ces raisons, la motion de Mohammud Sadulla a ainsi été rejetée et la charge provisoire contre lui maintenue.