Meurtre de Vanessa Lagesse : Les Maigrot, père et fils  « Cette affaire a détruit notre famille »

La séance d’hier a été marquée par les déclarations lues en Cour par Bernard Maigrot et son fils Adrien, où ces derniers ont relaté comment leur famille a été « détruite » par cette affaire. Ils se sont focalisés sur l’état de santé d’Isabelle Maigrot.

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Bernard Maigrot, qui a pris place à la barre des témoins, continue de maintenir son innocence du meurtre de Vanessa Lagesse, et affirme qu’il continuera de clamer son innocence jusqu’à sa mort. Il ne peut exprimer de remords car il n’est pas responsable de la mort de Vanessa Lagesse. Il maintient tout ce qu’il a dit depuis le début de cette affaire en mars 2001, et qu’il a été le premier à dire à la police qu’il était présent au bungalow de Vanessa Lagesse le 6 mars 2001, soit trois jours avant sa mort. Le jour fatidique, il était en compagnie des membres de sa famille.

Il avait quitté sa famille pour vivre avec la styliste à un moment donné, mais même après être retourné auprès de sa famille, il était demeuré un ami proche d’elle. Il n’avait aucune raison de la tuer et la respectait trop pour pouvoir faire une chose pareille, avance Bernard Maigrot.

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Il est revenu sur son kidnapping par les hommes de feu Prem Raddhoa, et de la torture qu’il aurait subie aux mains de ces derniers. Il avait été obligé d’avouer le meurtre, et avait par la suite participé à une reconstitution des faits, où tous ses gestes lui auraient été dictés par Raddhoa ou ses collaborateurs.

Puis, Bernard Maigrot a abordé le calvaire qu’il aurait enduré de 2001 jusqu’à présent, y compris détention, liberté conditionnelle contraignante, une enquête préliminaire longue de cinq ans, deux comparutions en Cour d’Assises, deux Discontinuation of Proceedings par le Directeur des Poursuites Publiques, un non-lieu ordonné par la Cour, et l’enquête rouverte par la police à de maintes reprises.

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Pendant tout le temps qu’il était en liberté conditionnelle, soit de 2001 à 2008, vu les conditions strictes imposées par les tribunaux, dont l’interdiction de voyager à l’étranger, il n’a pu faire fonctionner son entreprise normalement.

Sa femme Isabelle avait été diagnostiquée du cancer, et avait dû subir une opération chirurgicale en France, et ni lui ni ses deux enfants, Adrien et Laetitia, n’avaient pu lui rendre visite. Elle a ensuite eu une hémorragie cérébrale qui l’a rendue complètement clouée au lit. Elle requiert une assistance de façon permanente, et elle a besoin de lui. En entendant le verdict de culpabilité de son mari le 27 juin dernier, elle avait dû être admise aux soins intensifs d’une clinique.

Il a actuellement 63 ans et a lui-même besoin de soins constants. Il souffre d’apnée du sommeil et de bronchite chronique. Il se dit « chrétien et catholique », et croit aux valeurs enseignées par l’église. Bernard Maigrot avance que de nombreux hommes d’église lui ont ainsi offert leur soutien, dont les cardinaux Margéot et Piat, et le père Philippe Goupille.

Ses hommes de loi lui ont fait savoir qu’il encourt une peine maximale de 20 ans d’emprisonnement, mais il affirme qu’il croit toujours en la justice. Cela fait 23 ans de tribulations et de souffrance pour lui, et il demande au juge de faire preuve de clémence en prenant en compte ces circonstances atténuantes. « La décision de la Cour déterminera si je pourrai revoir un jour ma femme et mes enfants », a-t-il conclu face au juge Lutchmyparsad Aujayeb.

Me Darshana Gayan, la représentante du DPP, a ensuite procédé au contre-interrogatoire de Bernard Maigrot. Elle a fait remarquer qu’il soulevait la question de torture après qu’il a été reconnu coupable, et le prévenu a expliqué qu’il a voulu porter cela à la connaissance du juge. Elle a demandé, par rapport à l’état de santé de Bernard Maigrot, si les prisons ne disposaient pas de facilités pour traiter les prisonniers malades. Ce dernier a répondu par la négative, en mentionnant son apnée du sommeil, ses crises cardiaques ou sa bronchite chronique, ou encore le fait qu’il doit se rendre en France pour des examens médicaux.

Me Gayan s’est demandée si Isabelle Maigrot ne bénéficiait pas de services de garde-malade employés par la famille. Bernard Maigrot a répondu par l’affirmative, tout en maintenant que c’était sa présence auprès d’elle qui était importante. Me Gayan s’est aussi intéressée à la gestion de l’entreprise de Bernard Maigrot.


Adrien Maigrot : « Notre enfance nous a été volée »

À la reprise de l’audience dans l’après-midi, le fils de Bernard Maigrot, Adrien, a ensuite pris place à la barre des témoins. Âgé de 31 ans, il est cadre dans l’entreprise de son père, Tex Services (International) Ltd. Il a lu en Cour une déclaration rédigée par lui-même.
Le 23 avril 2001, alors âgé de 8 ans, il avait appris avec effroi que son père avait été arrêté par feu Raddhoa, et affirme qu’il a été traumatisé à vie, car c’est là une émotion qu’un enfant ne peut accepter. « Cette date a marqué le début de la destruction de notre famille », a-t-il expliqué, un traumatisme qui s’était aggravé quand sa mère Isabelle avait elle aussi été arrêtée.
Avec la « médiatisation à outrance » de cette affaire, lui-même et sa sœur étaient pointés du doigt par les autres enfants à l’école. Ils ont dû par la suite trouver refuge auprès de la famille de sa mère en France. Il a dû lui-même avoir affaire à un psychologue. « Notre enfance, à moi et à ma sœur, nous a été volée », a-t-il lancé.
Il s’est longuement étendu sur l’état de santé de sa mère. Celle-ci avait été diagnostiquée du cancer du sein, qui s’était métastasée au cerveau, ce qui lui avait été caché par son père. Sa mère était en France pour subir une intervention chirurgicale, et ni le père et les enfants ne pouvaient lui rendre visite. À son retour, sa mère n’avait plus de cheveux ni des sourcils, de par les effets de la chimiothérapie.
En 2022, Isabelle Maigrot avait eu une hémorragie du cerveau, ce qui avait conduit à des crises épileptiques, l’incapacité de parler et l’alitement. Mais grâce à une opération très risquée, elle avait réappris à vivre. Elle était sortie d’un centre de rééducation en France, mais n’avait plus aucune autonomie. Elle doit actuellement prendre beaucoup de médicaments contre l’épilepsie.
En 2008, lors de la première Discontinuation of Proceedings ordonnée par le DPP, il avait vu son père, qui se croyant enfin délivré de ce cauchemar, pleurer dans les bras de son grand-père. Mais en 2010, avec la ré-arrestation de son père, ce fut un autre coup de massue pour lui, avec le cauchemar qui recommençait, alors que sa mère mourait à petit feu, selon les médecins.
À la demande du DPP, Isabelle Maigrot, qui avait expliqué par le biais de ses proches qu’elle ne pouvait se rendre en Cour après avoir été convoquée comme témoin, avait été examinée par un panel de médecins à l’hôpital du Nord.
Elle était dans un tel état qu’il avait été proposé de mener l’examen sur le parking de l’hôpital mais Adrien Maigrot avait refusé et demandé une chaise roulante. Quand le verdict de culpabilité avait été rendu le 27 juin dernier, elle avait dû être admise à la clinique Wellkin.
Adrien Maigrot a conclu en disant qu’il n’a jamais douté de l’innocence de son père. Une nouvelle séance est prévue aujourd’hui, avec le contre-interrogatoire d’Adrien Maigrot par Me Darshana Gayan.

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