- « Je serai un lion de garde au conseil municipal : 23 kont 1 ? Mo pran zot sarz ! »
Ashwin Dookun, unique membre du Reform Party de Roshi Bhadain, a finalement été déclaré élu, dimanche soir, à l’issue d’un tirage au sort. Il se classe en 4e position derrière les trois de l’Alliance du Changement, et ravit le siège au quatrième de la majorité, Mdhin Bhageerutty. Il est loin d’être un néophyte ! « Gérer une ville, je l’ai déjà fait. Mais cette fois, je me retrouve seul contre 23 de la majorité. Pa grav. Mo pran zot sarz, pa traka !» Rencontre avec celui qui a été maire de Vacoas/Phoenix de 2006 à 2008 et Chairman de la Corporation Nationale de Transprt de 2008 à 2013.
Un vieux routier et, à la fois, un jeune loup, qui en redemande. Aswhin Dookun s’est jeté à nouveau dans l’arène de la politique, après en avoir pris un long recul. « Mo ti pe atann mo eli en tet-de-lis. Je ne suis pas un nouveau venu, contrairement à celui qui a contesté mon élection ! Dans les trois écoles de Solférino, mon quartier de naissance, jusqu’à midi, les votes étaient en ma faveur. Tandis que Mdhin Bhageerutty avait les faveurs de l’électorat qu’à La-Caverne ! », dit-il.
Il explique que « quand les gens de l’Alliance du Changement ont compris que j’allais leur damer le pion, immédiatement, il y a eu un branle-bas de combat… Anil Bachoo, Mahen Gungapersad, Patrick Assirvaden, Joanna Berenger, Fawzy Allymun, Lormus Bundhoo, Pitambar… zot tou inn desann lor koltar ek inn sey intimid bann votan… Voilà pourquoi je ne suis pas en tête de liste ! »
D’ailleurs, « je demande humblement à la Commission électorale ainsi qu’à l’Electoral Supervisory Commission (ESC) de revoir leurs critères et leurs Regulations dans ce genre de situations. Ceux qui sont au pouvoir ne peuvent pas débarquer dans les centres de vote et de Counting à toute heure et tout se permettre ! »
Ashwin Dookun est content de revenir à la mairie de Vacoas-Phoenix. « Je serai un lion de garde ; pas un chien. J’ai déjà occupé ces responsabilités et je sais à quoi m’en tenir », rassure-t-il. Quant au fait qu’il sera seul contre 23 de l’Alliance du Changement : « pa fer mwa per sa ! Je compte m’assurer, comme je l’ai dit, que les bons projets soient mis en œuvre et que les budgets votés aillent où il le faut. »
L’obstacle majeur: « l’ingérence des ministres, Junior Ministers, députés… Je ne sais que trop bien comment cela se passe ! Et je ne compte pas laisser les autres conseillers de la ville se laisser manipuler par ces politiciens qui veulent tout contrôler. Le 11 novembre dernier, le troisième 60 – 0 de l’histoire de notre pays a été la victoire du mauricianisme contre un système qui a fait ses preuves. Je suis de cette mouvance. » Ashwin Dookun a fréquenté le Lorette de Vacoas pour son éducation primaire, et le collège du Saint Esprit (CSE) pour le secondaire : « ar mwa, pena sipa ras, kouler ek relizion. »
Flash-back. Aux élections municipales de 2005, Ashwin Dookun, die hard du Parti Travailliste, est élu en tête de liste, et devient maire de Vacoas/Phoenix de 2006 à 2008. Puis il est nommé Chairman de la CNT. Poste qu’il assure jusqu’en 2013.
À l’issue d’une polémique impliquant le VPM d’alors, Anil Bachoo, il est éjecté… Il prend ses distances de son parti du cœur et se cantonne à sa profession de pharmacien. « En 2014, le MSM savait ce que je représentais pour l’électorat de cette région, et le fait que j’ai une réputation à travers le pays. Je me suis vu proposer un ticket pour les législatives de cette année-là. »
2024 : des anciens et leaders du Parti Travailliste sont venus vers moi. « Zot dir mwa retourn lakaz mama… » Ashwin Dookun refuse une nouvelle fois, tenant bon à son souhait de rester loin de la politique active. « Kan mo’nn trouv popilasion ale vote an mas le 10 novam, sa inn fer mwa reflesi… Le 60 – 0 qui a suivi est et restera un symbole dans toute notre Histoire. Le désir d’une nation d’en découdre avec un dictateur et sa cour ! J’ai voté bloc ce jour-là. Je n’ai même pas regardé qui était candidat. Et 50% de la population a fait comme moi : nous le savons tous ! » confie-t-il.
« La victoire du Mauricianisme et le souhait exprimé d’une île Maurice nouvelle sont au cœur de ces dernières élections. » Seulement voilà, féru de politique et observateur pointu de la chose, « kouma enn bon parti dimounn, bien vit, nou’nn realize ki finn ena boukou promes elektoral… Ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose, étant donné que les membres de l’Alliance du Changement devaient jouer leur va-tout pour mettre fin au règne de Pravind Jugnauth. Cependant, il ne faut pas prendre les gens pour argent comptant et insulter notre intelligence. Nous sommes en 2025 et nous, citoyens Mauriciens, nous attendons de nos leaders politiques qu’ils viennent nous expliquer avec intelligence et franchise comment ils vont s’y prendre pour rectifier les erreurs du précédent régime, comment rétablir le pouvoir d’achat, par quels moyens, que faire pour remplir les caisses défoncées… Mais ne pas insulter notre intelligence en répétant à chaque opportunité le même laïus ! »
Et c’est cela, qui décide, au final, Ashwin Dookun à accepter la proposition de Roshi Bhadain de se joindre au Reform Party, et de se présenter comme candidat aux municipales. « Parce que les 80 réformes proposées par le parti représentent, avec justesse et réalisme, le changement en profondeur et constitutionnel auquel aspirent de nombreux Mauriciens. Et que le gouvernement du Changement n’arrive pas à concrétiser. »
Priorités :« Revamp Vc/PH et résoudre, avec le soutien de l’État, le cafouillage de la circulation »
« En 2011-12, le Local Government a réalisé une étude. Vacoas-Phoenix a été désigné comme un bijou de par ses infrastructures, les terrains de foot, sa verdure, ses jardins d’enfants, ses espaces verts et récréatifs, sa terre qui est très riche pour l’agriculture, entre autres. Mais chaque gouvernement qui s’est succédé n’a rien fait pour entretenir, valoriser, améliorer et donner un cachet qu’il faut à tout cela. Résultat : nos jeunes n’ont pas de terrain pour jouer, nos enfants n’ont quasiment pas de jardins bien qu’il en existe plein, des terrains en friche servent de repaires aux toxicomanes…
« Bref, c’est le délabrement total ! Quant au marché, que dire ? Vacoas est une des rares villes où l’agriculture fait partie de notre ADN. Isi bann pli gran planter pei ena zot karo. Mais dans quel état se trouve le marché ? C’est pitoyable de faire travailler des gens dans un tel endroit. Et encore pire de laisser les habitants de l’endroit et d’ailleurs de venir y faire leurs courses.
« Ma priorité sera justement de Revamp ces infrastructures déjà existantes et leur rendre leur lustre. Leur donner leur vraie valeur. »
Et de nuancer : « pas comme ces anciens ministres et élus, dont l’un voulait faire de Vacoas-Phoenix New York et l’autre Manhattan ! C’est d’un ridicule. »
L’autre grand souci : l’énorme cafouillage qui résulte en un embouteillage monstre, causé par la venue du Métro. « Je compte évoquer la question avec mes collègues conseillers de la ville, et j’espère que le ministère du Transport nous soutiendra pour trouver des solutions. »
