MUNICIPALITÉS: Fin de mandat dans le désintérêt total des conseillers

Les conseillers municipaux se font rares depuis quelque temps dans les réunions des différentes commissions, d’où parfois un manque de quorum. Un conseiller est « introuvable » à Rose-Hill depuis plus de deux mois et ne se soucie guère d’informer ni ses collègues ni l’institution de son absence. « C’est un air de fin de règne qui plane sur les conseils municipaux… » L’aveu vient d’un conseiller rouge à Curepipe.
« Le désintérêt est clair. Ce n’est pas facile pour ceux qui assument le poste de maire en ce moment. Ce sont eux qui récoltent tous les ennuis », lâche amèrement l’un d’entre eux en fonctions dans les Plaines-Wilhems. « Il nous faut implorer les conseillers pour assister aux réunions », explique ce premier magistrat des villes. Voilà le problème principal auquel doivent faire face les maires dans presque toutes les municipalités en ce moment. C’est la croix et la bannière pour avoir le nombre de personnes requis pour commencer les réunions des différentes commissions. 
« Ziska katr er moin kinz mo bizin telefonn adroit agos pou mo gagn korum », confirme un autre premier magistrat d’une ville. Il y a quelques jours à la municipalité de Vacoas / Phoenix, une réunion fixée pour la Commission des Finances a été annulée faute de quorum. L’absence prolongée du conseiller Lemière à Rose-Hill sans qu’il trouve la nécessité d’en informer ses pairs témoigne de cette indifférence parmi les élus pour les affaires de la ville.
Affecté déjà par le départ de plusieurs membres pour différentes raisons, le conseil de BB-RH a été contraint de faire face à l’absence de ceux encore en poste, de réduire le nombre de commissions, qui est passé de 11 à 5. Une manière aussi d’éviter le manque de quorum pour les commissions qui sont capitales dans le fonctionnement de la ville, par exemple, les commissions Finances et Santé.
À la municipalité de Port-Louis, le conseiller Bashir Nazir se veut rassurant. Il n’y aurait aucun souci, affirme-t-il, quant à la régularité des conseillers. « Presque tout le monde est là même si nous devons attendre cinq à dix minutes pour commencer les réunions. Pa bizin all rode korom », confie-t-il au Mauricien.
Mais l’enthousiasme débordant des élus municipaux au début de leur mandat en octobre 2005 s’est diminué. Les concernés eux-mêmes le confirment : « Sitiasion molo-molo. Pena narien dextra pe deroule, nou pe atan… » confient des conseillers à Beau-Bassin / Rose-Hill, Curepipe, Vacoas / Phoenix et à Quatre-Bornes, lorsqu’on les interroge sur l’ambiance qui règne dans les municipalités. « Person pa pe interese ditou. Pe zis fer roule ziska ki nou ale. » C’est l’attentisme par rapport à la date des prochaines municipales.
Outre le manque manifeste d’enthousiasme, la belle entente du début dans les conseils municipaux a cédé la place à des relations conflictuelles entre certains élus. Il n’y a pas qu’à Beau-Bassin / Rose-Hill où deux ou trois conseillers, jouant à l’opposition, élèvent la voix lors de conseils trimestriels et donnent du fil à retordre au maire. « Isi osi lambians pa bon ditou », confie un conseiller à Vacoas / Phoenix, conseil pourtant généralement calme comparé aux autres.
Le dernier conseil trimestriel de Curepipe tenu la semaine dernière a été marqué par une prise de bouche assez violente entre un conseiller et le maire, portant sur les Standing Orders s’agissant des questions supplémentaires. « C’est un maire qui n’aime pas la confrontation et qui ne veut que des conseillers tranquilles dans des réunions trimestrielles. Or, notre rôle est de poser des questions dans l’intérêt des citadins mais il n’aime pas être bousculé », raconte un conseiller de cette ville. 
À Port-Louis, il y a quelque temps la contribution annuelle aux organisations socioculturelles de la ville avait donné lieu à de sérieux différends parmi des membres du conseil. Mais le conseiller Bashir Nazeer tente de relativiser le problème. « Dans toute organisation, il y a de temps en temps des désaccords mais cela ne veut pas dire qu’il y a mésentente entre nous. Nous sommes toujours une équipe homogène », affirme-t-il. Ce que dément un de ses collègues : « Il y a beaucoup de tiraillements et quelques coups bas. Me vizavi lezot nou bizin dir ki tou ok. »
Les désaccords sur la manière de gérer les villes ne se limitent pas qu’aux élus. Les conflits entre des conseillers et des cadres municipaux sont de plus en plus ouverts et contribuent à détériorer l’atmosphère. Lors de conseils trimestriels, des élus n’hésitent plus aujourd’hui à pointer du doigt les employés municipaux – parfois en les nommant – pour tel ou tel manquement noté ici et là et insistent auprès du maire pour des mesures disciplinaires. Avant-hier le président de la Commission Librarie & Education à Vacoas / Phoenix a présenté sa démission en signe de protestation sur « la manière de faire » du Chief Executive de la ville. Selon ses collègues, l’ex-président de cette commission reproche « une certaine ingérence » du cadre concerné.
Il y a aussi ces nombreux sièges vides dans plusieurs conseils qui renforcent cette atmosphère de morosité, de lassitude et de désintérêt qui règne depuis plusieurs mois. Par exemple à Beau-Bassin / Rose-Hill, il y a eu huit départs, cinq à Curepipe et cinq également à Vacoas / Phoenix. La cause de ces sièges vacants : démissions pour prendre de l’emploi dans les corps para-étatiques, décès, nominations à l’étranger, expulsion pour mauvaise conduite.

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