Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, confirme au leader de l’opposition que sept proches ont signalé des cas présumés de brutalité à l’encontre de détenus jeudi dernier
Les incidents survenus à la High Security Prison de Melrose, dans la matinée du jeudi 17 juillet, présentés comme un début de mutinerie par le commissaire des Prisons, Dev Jokhoo, ont fait l’objet d’une Private Notice Question du leader de l’opposition, Joe Lesjongard, au Premier ministre Navin Ramgoolam hier. Ce dernier a confirmé que des incidents se sont bien produits au sein de cette institution pénitentiaire. Il a indiqué que la Commission des Droits de l’Homme a déjà initié une enquête au sujet des cas allégués de brutalité policière et précise que sept personnes ont avancé que leurs proches, purgeant des peines de prison, ont été brutalisés. Il a aussi donné la garantie que le rapport de l’enquête sur ces incidents sera rendu public.
D’entrée de jeu, Navin Ramgoolam a mis l’accent sur le respect des droits de la personne comme le fondement de toute société civilisée, et qu’en aucune circonstance ce gouvernement n’en permettra la violation dans notre pays. « Nous avons vu beaucoup trop d’abus flagrants dans un passé récent », a-t-il fait ressortir, tout en ajoutant que son gouvernement défendra toujours le caractère sacré des droits de la personne et la dignité de nos citoyens.
Le Premier ministre a souligné que l’administration pénitentiaire gère 12 prisons réparties dans tout le pays. « The current situation in the penal institutions is challenging, with several issues affecting the well-being of inmates and the effectiveness of the correctional system. One of the main challenges relate to security and issues, such as violence, gang-related activities, and contraband smuggling which pose constant threats. Malgré les mesures de sécurité existantes dans nos prisons, des articles interdits se retrouvent toujours dans les locaux. Ils sont introduits de différentes façons, même par des drones », dit-il.
Évoquant les circonstances qui ont débouché sur des incidents, le Premier ministre a expliqué que d’après le commissaire des prisons, des fouilles ont été effectuées dans toutes les prisons. En conséquence, l’escouade de sécurité pénitentiaire et l’équipe d’intervention d’urgence correctionnelle ont effectué une perquisition à la prison de Beau-Bassin le 18 mai dernier. Au cours de cet exercice, 47 colis de cannabis et des cartes SIM ont été saisis.
Les 12, 14 et 16 juillet 2025, des perquisitions ont été effectuées dans deux unités résidentielles et des lieux de culte à la prison de Melrose. 33 téléphones portables, chargeurs de batteries et banques d’alimentation ont été saisis par la suite. Le 17 juillet 2025, un directeur des prisons a été mandaté pour effectuer des fouilles spéciales dans cinq unités résidentielles de la prison de Melrose
À 8h55, le commissaire est entré dans l’unité d’Ebony, qui abrite 124 détenus. Certains détenus collaboraient à l’opération de recherche, tandis que des meneurs les empêchaient de collaborer avec les agents pénitentiaires et les retenaient en otage à un moment donné. Cette situation a provoqué une bagarre entre les détenus, non informés.
À 20h57, le Commissaire des prisons a contacté la Commissaire de police et l’a informé qu’il appréhendait une mutinerie et a demandé des renforts pour renforcer les agents pénitentiaires. Très souvent, la simple présence d’agents de la SMF a un effet dissuasif. En même temps, le Commissaire des prisons demanda au Commissaire adjoint de se rendre à Melrose pour superviser l’opération.
L’équipe d’intervention d’urgence correctionnelle de Beau-Bassin a également été priée de se présenter à la prison de Melrose. Navin Ramgoolam a indiqué par ailleurs : « J’ai été informé par le Commissaire de police qu’à la suite de la demande du Commissaire des prisons, une équipe spécialisée du Groupe d’intervention de la Police Mauricienne, GIPM, composée d’un inspecteur de police, de trois sergents de police, de sept agents de police, ainsi que d’une section de la Force mobile spéciale composée d’un inspecteur de police, 2 sergents de police et 12 agents de police ont été déployés pour fournir un soutien tactique à l’équipe d’intervention correctionnelle d’urgence de la prison (CERT). ».
Tout au long de l’opération, cinq unités pénitentiaires et les cours correspondantes ont fait l’objet de fouilles approfondies par les agents du CERT. Ils ont récupéré divers articles interdits, notamment des téléphones portables miniatures, une clé USB et une carte SIM.
Le personnel des Forces suprêmes de sécurité et de sécurité (SMF) soutient le personnel de la Correctional Emergency Response Team (CERT) pour ramener les prisonniers à l’ordre. Deux Federal Streamers ont été utilisées pour tenir les prisonniers à distance. Le Premier ministre a indiqué que sept personnes ont signalé des cas présumés de brutalité à l’encontre de membres de leur famille incarcérés et ont officiellement demandé à la police une enquête policière sur cette affaire. « J’ai été informé par le commissaire des Prisons qu’il y a eu recours à une force minimale lors de cette opération », a-t-il dit.
Le Premier ministre a affirmé qu’après les opérations les détenus ont été examinés par les agents du service de santé de la prison de Melrose et les soins nécessaires ont été dispensés à neuf d’entre eux – qui se plaignaient de douleurs. Un des détenus a été identifié avec une blessure au cou. Il a été soigné par le médecin de la prison ; ce dernier lui a conseillé une admission dans le service hospitalier de la prison de Melrose, ce qu’il a refusé.
Navin Ramgoolam s’est appesanti sur le point que c’est sous son gouvernement, en 2012, qu’au sein de la commission nationale des droits de la personne, les divisions suivantes ont été mises en place, à savoir la National Human Rights Commission, la Human Rights Division, la Police Complaints Division et the National Preventive Mechanism Division.
La National Preventive Mechanism Division s’est conformée aux obligations de Maurice en vertu du protocole facultatif à la Convention contre la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dont l’État est signataire. « J’ai été informé par le président de la commission nationale des Droits de l’Homme que, le vendredi 18 juillet, la division du mécanisme national de prévention de la commission nationale des Droits de l’Homme a reçu une plainte du père d’un détenu de la prison de Melrose selon laquelle son fils avait été victime de brutalités de la part du personnel pénitentiaire. Je suis en outre informé que la commission s’est réunie le samedi 19 juillet et a ordonné qu’une enquête soit immédiatement menée par la division du mécanisme national de prévention », a dit le Premier ministre.
Navin Ramgoolam a ajouté que la National Human Rights Commission est habilitée, en vertu de la loi sur la protection des droits de l’homme, à initier toute une enquête approfondie en cas de violation de l’article 7. L’enquête en cours examinera en détail les causes sous-jacentes des troubles à l’intérieur de la prison et la manière dont les troubles ont été gérés par les autorités pénitentiaires ; ainsi que les mesures qui peuvent être prises pour éviter de tels troubles.
Le Premier ministre a finalement indiqué que la commission a reçu des plaintes de proches de détenus qui seront pris en compte à des fins d’enquête. Il a annoncé qu’à ce stade aucun rapport préliminaire n’a encore été reçu de la National Human Rights Commission, car l’enquête vient tout juste de commencer. Un rapport final contenant ses observations et recommandations est attendu et, une fois reçu, il sera examiné en profondeur et mis en œuvre. Il a conclu la partie liminaire de la réponse à la Private Notice Question (PNQ) en affirmant que son intention est de rendre le rapport public.
Lesjongard : Nous sommes tous d’accord pour dire qu’une mutinerie a eu lieu dans cette prison de haute sécurité ce jour-là et, à la lumière de ce développement et compte tenu des interventions de différentes sections de la police et des forces pénitentiaires, il a donné des détails. Mais je veux savoir combien de policiers sont intervenus et combien de Prison Officers sont intervenus lors de cette mutinerie ?
Ramgoolam : Je pense que je l’ai mentionné dans ma réponse. Les équipes spéciales de la GIPM étaient composées d’un inspecteur de police, de trois sergents de police, de sept agents de police ainsi que d’une section de la SMF composée d’un inspecteur de police, de deux sergents de police et de douze agents de police qui y étaient déployés.
JL : Pouvez-vous dire à l’Assemblée si l’intervention était également liée au trafic de drogue dans l’enceinte des prisons et, dans l’affirmative, s’il y a eu saisie de drogues ? Je crois comprendre qu’il y a eu saisie de téléphones portables ou d’autres objets non autorisés.
NR : Je vais expliquer parce que le commissaire des Prisons a décidé que vu qu’il y avait beaucoup d’objets qui étaient, comme je l’ai dit, lancés parfois à l’aide de drones, il voulait effectuer des perquisitions dans toutes les prisons. Tout d’abord, il a effectué une perquisition à la Prison Centrale de Beau-Bassin et au cours de cet exercice, j’ai expliqué que 47 colis de cannabis et des cartes SIM ont été saisis. Ensuite, il y a eu des fouilles à la prison de haute sécurité de Melrose. Vingt-trois téléphones portables, chargeurs de batteries et banques d’alimentation ont été saisis par la suite.
JL : Puis-je demander au Premier ministre s’il est au courant de deux déclarations distinctes et contradictoires faites par le commissaire des Prisons aux médias à la suite de ces incidents ? Deux déclarations contradictoires ? Puis-je demander au Premier ministre si des détenus blessés ont été transférés dans un hôpital public pour des traitements et, dans l’affirmative, s’ils ont été examinés par des professionnels de la santé indépendants ?
NR : Ils ont été examinés par le médecin qui s’y trouvait. Il les a soignés et a ensuite conseillé qu’ils soient transférés, mais un prisonnier a refusé cette possibilité.
JL : Je croyais qu’une certaine T.Prayag aurait visité les locaux de haute sécurité et qu’il a été déclaré qu’elle n’avait pas l’autorisation de la Commission des Droits de l’Homme. Le Premier ministre est-il en mesure de confirmer ce détail ?
NR : En fait, je me suis renseigné. Elle y est allée. De son côté, je pense que c’était de bonne foi. C’est une ancienne journaliste. Elle a décidé d’y aller et de voir ce qu’il en était par elle-même et elle a informé la Commission de ses observations.
JL : Je comprends que la personne était là, qu’elle voulait aider. La loi définit clairement qui peut avoir accès dans les locaux de la prison à partir de la Commission des Droits de l’Homme.
NR : En fait, le leader de l’opposition a raison. C’est très strict, mais elle y est allée. Je pense que par instinct, en tant qu’ancienne journaliste, elle y est allée et elle a observé. Elle a été convoquée par le Président de la Commission nationale des droits de l’homme pour s’expliquer et elle a présenté un rapport.
JL : Puis-je demander au Premier ministre quelles mesures immédiates les autorités mettront en place pour prévenir de tels incidents et veiller à ce que les droits fondamentaux des détenus soient respectés dans notre système correctionnel ?
NR : Nous prenons la mesure que j’ai mentionnée. En fait, ce n’est pas la première fois. En 2020 également, il y a eu un examen minutieux, donc ce n’est pas la première fois. Le même genre de choses, avec le SMF et tout cela. Mais nous attendrons le rapport. Nous prenons des mesures pour l’instant, mais nous devons attendre le rapport.
Adrien Duval : Le Premier ministre peut-il confirmer maintenant si les proches des détenus blessés ont été pleinement informés de la situation des détenus par les autorités pénitentiaires ?
NR : Je crois qu’ils ont rencontré les membres de la commission nationale des Droits de l’Homme et qu’ils ont dû en être informés. Ils ont déposé des plaintes et la commission examine ces plaintes.
AD : Compte tenu du fait que Mme Prayag s’y est rendue, et je pense qu’il est louable qu’elle l’ait fait, le Premier ministre est-il prêt à examiner le cadre légal de manière à permettre des visites spontanées pour s’assurer que nous entendions les deux versions de l’histoire, comme nous l’entendons maintenant ?
NR : La commission nationale des droits de l’homme a le pouvoir de s’y rendre. Je pense donc que ce serait mieux. Sinon, vous aurez des centaines de personnes qui voudront le faire ; vous pouvez voir quel chaos pourrait se produire.
Speaker : Dans ce cas, si je comprends bien, parce que c’est un de mes grands sujets, elle est membre de la National Human Rights Commission. Elle n’est pas seulement journaliste.
AD : Compte tenu du fait qu’il y a deux versions de cette affaire, et que le Premier ministre a fait allusion à juste titre à des incidents antérieurs, ce qui a en fait mené à l’absence de mesures, le Premier ministre peut-il confirmer que la police est déjà intervenue pour obtenir des preuves de vidéosurveillance et des registres de la prison ?
NR : L’une des premières questions que je pose, c’est de m’assurer que, contrairement à ce qui s’est passé avec le gouvernement précédent, on ne vient pas me dire que les caméras ne fonctionnaient pas ou qu’elles étaient éteintes au moment des faits. En fait, la Commission a sécurisé les enregistrements de toutes les caméras qui fonctionnaient. Il y a 550 caméras en tout. En tout, je dis. Mais toutes les caméras ont été sécurisées, et la National Human Rights Commission sera en mesure de visualiser les choses.
JL : En ce qui concerne l’enquête qui a démarré, le Premier ministre peut-il dire à la Chambre quelles mesures de protection sont en place pour s’assurer que ces enquêtes sont menées en toute transparence et en toute responsabilité ?
NR : La Commission nationale des Droits de l’Homme mène l’enquête. Je vais les laisser faire l’enquête. Il y a des gens que nous avons mis là-bas qui sont très indépendants. Nous verrons ce qui se passera. L’ancien DPP est à la tête de la Commission nationale des droits de la personne, alors je m’attends que nous obtenions un rapport en bonne et due forme.