NYP, du positif en pleine ébullition

La quatrième édition du National Youth Parliament s’est déroulée en low profile, loin des clameurs populaires que suscite d’habitude la chose politique. C’est aussi vrai de dire que la concurrence pour figurer dans la vitrine de l’actualité était extrêmement rude. Entre un ancien commissaire de police, tentant par tous les moyens possibles de réduire au silence les révélations de Misie Moustass Leaks, dont les infractions sur le plan des droits et libertés attendent toujours d’être réparées, et un ancien haut gradé de la police, qui se présentait jadis comme le tsar de la lutte contre la prolifération de la drogue, devant défiler en mode Full Metal Jacket en guise de protection, on n’a vu jusqu’à ce jour pas la moindre trace du premier sou des Rs 250 millions de Reward Money détournés. Surtout pas n’importe où ! Aux Police Headquarters des Line Barracks, le Temple of Law and Order, n’est-ce pas ?
Dans la société, surtout en démocratie, avec les protections assurées par les dispositions de la Constitution, les détenteurs de ces postes, Bestowed with the Highest Responsibility, avaient un rôle plus important que les fonctions exercées au quotidien. C’est ce que l’Anglais qualifierait de potentiel Role Model, avec pour ambitions déclarées « an ability to inspire others, a clear set of values, a commitment to community, an acceptance of others, and an ability to overcome obstacles. »
De par les éléments versés dans le dossier à charge de la Financial Crimes Commission, dans l’attente de l’épreuve Beyond Reasonable Doubt de la justice, ces hauts fonctionnaires, rémunérés sur des fonds publics, de même que ceux qui ont pris place à bord de l’embarcation pas de quat’sous, ayant pour nom Money Laundering, peuvent difficilement, pour ne pas dire nullement, se qualifier sous les définitions susmentionnées de Role Model. À ce stade, la présomption d’innocence demeure intacte, quoique le recours au Trial by the Press, comme arme de défense, reste une tentation.
En fin de semaine dernière, l’autre temple, celui de la démocratie, soit l’hémicycle de l’Assemblée nationale, a respiré d’un air d’innocence et de fraîcheur. Soixante-seize jeunes étudiants, principalement issus du monde universitaire, ont assumé le temps de deux séances le rôle de Honourable Members of the August Assembly, avec en point de mire les trois Rs, soit Rights, Respect, Responsibility, de la Speaker du Parlement, Shirin Aumeeruddy-Cziffra.
Le National Youth Parliament, version 4.0, a projeté une image des plus positives de la jeunesse de la République de Maurice, si souvent dépeinte en des termes peu élogieux, avec pour principal reproche de privilégier le Brain Drain, croyant que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Ceux qui se sont donné la peine de suivre le déroulement de ces travaux parlementaires d’un autre genre se disent convaincus que la sinistrose républicaine, aussi contagieuse dans la conjoncture, n’a pas sa raison d’être dans les affaires de la Cité, soit, selon la version du philosophe grec Aristote, « une communauté accomplie et autosuffisante, formée en vue du bien-vivre ».
La cohorte du National Youth Parliament 2025 a su aborder avec passion et sensibilité les sujets de préoccupation majeure, allant de l’importance des investissements étrangers dans la relance de l’économie, en passant par les dégâts incommensurables du fléau de la drogue et la pertinence d’une jeunesse épanouie et bien dans sa peau. Pour naviguer dans ces eaux, ils ont pris pour balises des exemples concrets. Vous avez dit Role Model ? Heureusement, pas pour le Law and Order.
Toutefois, personne n’empêchera les cyniques de brandir le fait que les incontournables critères et puissants lobbies, dictant sans commune mesure le choix des candidats à toute consultation populaire, avaient joué aux abonnés absents lors de la mise en place de ce National Youth Parliament 2025, comme probablement ce fut le cas aussi lors des précédentes éditions.
Néanmoins, la lueur d’espoir de voir le National Youth Parliament assumer ce rôle de Role Model se trouve dans la décision signifiée formellement de procéder à un toilettage de la Constitution, suite aux recommandations d’une Constitutional Commission, dont la nomination des membres est sur le point d’être finalisée, ou encore l’adoption de ce mini-amendement abrogeant la déclaration ethnique de tout candidat aux élections législatives, un legs de la conférence constitutionnelle de Lancaster House, qui fêtera bientôt ses 60 ans, même si, avec le budget, l’âge de la retraite est repoussé de 60 à 65 ans.

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Patrick Michel

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