Opération bate rande sur les voyages des ministres et les Per Diem

  • Adrien Duval : « Vu l’urgence économique, ne faut-il pas revoir les taux à la baisse ? »
  • Le PM à l’adresse de l’ex-Speaker de 78 jours avec trois voyages : « To mem pli gran zwiser… »

La Parliamentary Question d’Adrien Duval sur les voyages ministériels et les allocations de per diem s’est déroulée dans une ambiance électrique et avec une opération bate rande menée par le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam. Face à l’interrogation du député de l’opposition pour une révision des barèmes pour ces missions, Navin Ramgoolam n’a pas hésité à sortir les trois missions entreprises par le même Adrien Duval, alors Speaker de l’Assemblée nationale de 78 jours avec une claque verbale des plus sonores : « To mem pli gran zwiser ! » Le député voulait également savoir si ces ministres et autres ministres délégués voyagent en first class ou classe affaire, et s’ils ont droit à des limousines avec chauffeur au cours de leur déplacement.

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Le Premier ministre a indiqué que les dépenses sous cet item sont en lien avec les dispositions de la lettre circulaire No 10 du ministère des Finances, datant de 2017 et que rien n’a changé depuis. Au sujet des trois missions d’Adrien Duval qui avaient coûté un montant total de Rs 748 190, il a confirmé que selon les règlements en vigueur, les ministres sont autorisés à voyager en première classe et les ministres délégués en classe affaires. Soit comme c’était le cas pour les Parliamentary Private Secretaries (PPS) auparavant.

Pour ce qui est du transport, lorsque les organisateurs ou le pays hôte n’en fournit pas, l’ambassade de Maurice en assure les frais dans les pays concernés. C’est uniquement lorsque ces deux facilités n’existent pas que le gouvernement prend en charge la location de voitures avec chauffeur. Pour ce qui est du per diem, c’est le même taux en vigueur sous l’ancien gouvernement qui est appliqué.

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Adrien Duval : Étant donné l’urgence économique, n’est-il pas temps de revoir ce taux ? Le Premier ministre l’a dit, le taux est resté le même. Ne faut-il pas le revoir à la baisse, car on demande à la population de serrer la ceinture ?

Cette interpellation supplémentaire est accueillie dans un brouhaha au sein de l’hémicycle.

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PM : C’est de la démagogie ! Pourquoi ne retournez-vous pas votre argent ?

(Brouhaha)

Deputy Speaker : Order ! Order ! Order !

Adrien Duval : Puis-je demander au Premier ministre…

(Brouhaha)

Deputy Speaker : Posez votre question.

Adrien Duval : Le Premier ministre demandera-t-il aux ministres et ministres délégués de voyager en classe affaires… Pour aller en Turquie, par exemple, cela coûte Rs 316 000 en première classe…

Deputy Speaker : Posez votre question.

Adrien Duval : Le PM va-t-il aussi réduire le chauffeur-driven privilege, qui coûte Rs 50 000 par jour, pour la location d’une voiture, afin de permettre aux ministres de voyager quand ils sont à l’étranger ?

(Brouhaha)

Adrien Duval : Peut-il donner les chiffres…

(Brouhaha)

PM : Cela démontre exactement ce que fait un démagogue… He enjoyed all the privileges…

Bancs du GM : La honte, la honte…

PM… Et maintenant, il nous demande

Bancs du GM : La honte… démagogue…. jouisseur…

Bérenger : To’nn bien zwir…

PM : Pli gran zwiser ki twa pena…

Deputy Speaker : Order, order… Prochaine question.

Adrien Duval est revenu à la charge avec une autre interpellation sur les voyages ministériels depuis l’arrivée du nouveau gouvernement de l’Alliance du Changement, qui a également mis le feu aux poudres. Il a voulu savoir quelles étaient les raisons de ces voyages, qui faisaient partie des délégations, les pays visités et les coûts défrayés des fonds publics. Navin Ramgoolam a précisé que les ministres effectuent des voyages seulement lorsqu’ils sont invités. « Depuis que j’assume la fonction de Premier ministre et ministre des Finances, j’ai été invité à 55 missions, cependant, j’ai dû refuser de nombreuses invitations », devait-il renchérir.

Navin Ramgoolam a ainsi révélé que le jour même de la proclamation des résultats des dernières élections législatives, il avait reçu une invitation du Premier ministre indien, Narendra Modi, pour une visite officielle en Inde, en décembre 2024. « J’ai dû refuser, car je venais d’être élu. Cela sera reprogrammé à plus tard », dit-il. De même, le président français, Emmanuel Macron, l’avait invité pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris en décembre 2024 toujours et à laquelle ont assisté de nombreux dignitaires, dont le président Donald Trump, indiquant que « j’ai refusé cette invitation également. »

Le secrétaire général de l’OCDE a également invité le PM à prendre la parole au Global Anti-Corruption Forum en France en mars dernier. Une fois de plus, il a décliné l’invitation. Invité aux funérailles du Pape François, il a délégué l’Attorney General, Gavin Glover. De même, pour l’élection du Pape Léon XIV, le ministre Patrick Assirvaden avait fait le déplacement. En tant que ministre des Finances, Navin Ramgoolam a affirmé ne pas avoir participé aux Spring Meetings du Fonds Monétaire international (FLMI) et de la Banque mondiale, à Washington. « En d’autres mots, sur les 55 invitations, j’en ai assisté à trois seulement », confirme-t-il.

Concernant les voyages des ministres, il a précisé qu’il donne son accord s’il estime que la mission est importante du point de vue stratégique, économique et géopolitique. « Concernant mes trois missions, il y avait le somment de l’Union africaine, en Éthiopie ; le 5e Sommet de la COI, à Madagascar ; et le troisième est la conférence des Nations unies sur les océans. Cet événement était suivi d’une rencontre bilatérale, à la demande du président Emmanuel Macron », reprend-il.

De novembre 2024 à ce jour, les ministres et ministres délégués ont effectué 40 visites officielles à l’étranger. Le coût total est Rs 28 278 224. Sous l’ancien gouvernement, le montant des voyages ministériels se chiffrait à Rs 196 400 000 pour la période 2015 à 2024. « Rien que pour les anciens PM, le coût des voyages, incluant le per diem, s’élevait à Rs 14,2 millions, pour la période 2015 à 2019 et Rs 16,3 millions de 2020 à 2024. Soit un total de Rs 30,5 millions. En ce qu’il s’agit des voyages ministériels et parlementaires, le coût est de Rs 109,4 millions de 2015 à 2019 et de Rs 56,5 millions de 2020 à 2024. Soit total de Rs 165,9 millions. »

Adrien Duval : Le PM peut-il donner la liste des pays et membres des délégations, ainsi que le coût pour ces derniers, comme demandé ? Peut-il aussi clarifier, quand il compare les chiffres pour un mandat et les sept mois de ce gouvernement ?

PM : Vous posez deux questions à la fois. À laquelle voulez-vous que je réponde ?

Duval : Pouvez-vous donner la liste ?

PM : Oui, je le peux. Je vais commencer depuis 2014… Ainsi que pour vous.

Duval : Oui, donnez la délégation, spécialement pour moi.

Deputy Speaker : Leader de l’opposition.

Lesjongard : Le PM a dit qu’il part en mission seulement lorsqu’il est invité. Ce principe s’applique-t-il à tous les ministres et ministres délégués ?

PM : Je viens tout juste de le dire. Les ministres doivent être invités et nous analysons si c’est important, s’il y aura des bénéfices pour Maurice.

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