L’interrogatoire du surintendant Ashik Jagai (57 ans) devrait connaître une accélération cette semaine, au moment où il sera confronté aux Claims fictifs qu’il avait signés afin que le sergent Yusuf Ali Hossen puisse percevoir de l’argent au titre de Reward Money. Jusqu’ici, la Financial Crimes Commission (FCC) n’est pas encore entrée dans le vif du sujet concernant l’implication présumée de l’ancien responsable de l’ex-PHQ Special Striking Team (SST). Lors d’une première séance la semaine dernière, le principal concerné avait retracé son parcours au sein de la police ainsi que ses responsabilités à la tête de la Police Headquarters Special Striking Team.
La séance prévue samedi dernier a été annulé, le SP Jagai ayant fait état d’un problème de santé. Conformément au protocole en vigueur au Réduit Triangle, il a été conduit chez son médecin traitant à Port-Louis. Il s’était plaint, entre autres de stress causé par son incarcération – Dan Kaso. La séance d’examen médical, d’une durée d’environ une heure, s’est déroulée en présence d’officiers de la Financial Crimes Commission et de la police. Un membre de sa famille a été autorisé à se rendre sur place pour récupérer l’ordonnance du médecin, acheter les médicaments à la pharmacie, puis les remettre au patient. La Financial Crimes Commission précise avoir strictement respecté l’ordonnance de la cour, laquelle avait requis que le SP Jagai puisse bénéficier des soins et traitements nécessaires. La Financial Crimes Commission insiste qu’aucun traitement de faveur n’a été accordé à la Terreur Affaiblie de la SST, rappelant notamment l’hospitalisation de l’ACP Lilram Deal dans cette même affaire.
Cette semaine s’annonce décisive pour Ashik Jagai. La Financial Crimes Commission doit, en effet, revenir sur la période du 25 novembre 2022, date à laquelle il aurait recommandé un paiement de Rs 7 millions dans le cadre du dossier OB 39/2022. La demande avait été soumise par son bras droit, le sergent Hossen, auprès des Police Headquarters. L’argent devait alors être versé sur son compte personnel. Or, ce dernier n’était pas le Handler assigné dans cette affaire particulière ; la somme aurait normalement dû être transférée sur le compte d’un autre officier en charge du paiement. Les enquêteurs soupçonnent que le dénommé Ashik Jagai était pleinement conscient de cette irrégularité, mais qu’il a tout de même approuvé le Claim permettant à son ancien bras droit de recevoir les Rs 7 millions. À ce stade, la Financial Crimes Commission ignore encore si l’informateur concerné a bel et bien été rémunéré par le sergent Hossen. Pour les enquêteurs, l’ancien patron de la SST aurait abusé de sa position de chef d’équipe afin d’accorder une gratification indue.
Selon la Financial Crimes Commission, aucun élément concret ne permet pour l’instant d’affirmer que des fonds du Reward Money ont été déposés directement sur le compte du SP Jagai. Les documents en possession des enquêteurs indiquent que certains officiers, désignés par les Police Headquarters, occupaient la fonction de Handlers, à l’instar du sergent Yeshdeo Seeboruth ou encore de l’Assistant Commissaire de Police (ACP) Dunraz Gangadin. Leur rôle consistait à recevoir les fonds sur leurs comptes, puis à effectuer les paiements aux informateurs.
Ce système a été mis en place afin de protéger l’anonymat des informateurs et pour des raisons de sécurité. Le mécanisme repose donc sur une relation de confiance entre le Handler et l’informateur. Toutefois, la FCC peine à établir avec précision les montants réellement versés aux informateurs et craint que des sommes considérables n’aient été détournées au profit d’un cercle restreint.
Par ailleurs, l’interrogatoire de l’ancien commissaire de police, Anil Kumar Dip, qui avait validé plusieurs Claims, n’est pas prévu dans l’immédiat. La FCC souhaite d’abord recueillir les témoignages de tous les suspects et témoins avant de confronter l’ex-No. 1 de la police à l’ensemble des éléments. Les enquêteurs rappellent qu’Anil Kumar Dip a été convoqué devant le tribunal de Pamplemousses ce vendredi dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la mort de Jacquelin Juliette suite aux dénonciations de Missie Moustass Leaks. La FCC entend le laisser faire face à cette procédure. Entre-temps, elle compte poursuivre l’enregistrement du Statement d’Ashik Jagai.
