Deux cautions de Rs 700 000 chacune et une reconnaissance de Rs 5 millions imposées au beau-frère de Pravind Jugnauth
Sanjiv Ramdanee, 60 ans, directeur de Dhyanavartam Ltd, a été inculpé d’une accusation provisoire de complot, le 3 décembre, devant la Cour de Port-Louis dans le cadre de l’opération Maradiva, Lakaz Mama – Sezon II, La Financial Crimes Commission (FCC) lui reproche d’avoir agi de concert avec Premchand Mungar, ancien Chief Executive Officer (CEO) de la State Bank of Mauritius (SBM), pour obtenir un prêt toxique de Rs 470 millions, ce qui aurait procuré un avantage indu au bénéficiaire. Les faits remontent à juillet 2024 et se seraient déroulés dans les locaux de la SBM Tower, à Port-Louis. Le principal concerné conteste fermement les accusations formulées à son encontre.
Dans sa déposition, Sanjiv Ramdanee explique qu’il était le Chief Executive Officer (CEO) de Dhyanavartam Ltd à l’époque et que la société avait soumis son Business Plan à la banque, reposant principalement sur la vente des villas du Maradiva Resorts à Flic-en-Flac. La commission estime toutefois que la Market Value de l’établissement hôtelier avait été surévaluée. Sanjiv Ramdanee soutient que Dhyanavartam Ltd a strictement suivi toutes les procédures administratives liées à cette demande d’emprunt. Mais ses explications n’ont pas convaincu les enquêteurs.
En retraçant la chronologie des événements, ces derniers ont constaté que Dhyanavartam Ltd traversait une situation financière extrêmement fragile, particulièrement dans l’après-pandémie de Covid-19. Selon la FCC, Premchand Mungar aurait induit le Management Credit Forum en erreur en fournissant des informations inexactes concernant l’emprunteur. Alors que le risque de voir le prêt se transformer en Toxic Loan était élevé, Dhyanavartam Ltd aurait surestimé le nombre de villas qu’elle pouvait vendre, dont certaines unités proposées à Rs 27,5 millions, alors que d’autres propriétés sur l’île étaient nettement plus compétitives, attractives et abordables.
La FCC souligne également que la Mauritius Investment Corporation (MIC) avait déjà accordé un financement de Rs 650 millions à l’ex-Mauriplage Beach Resort Ltd — aujourd’hui Dhyanavartam — en 2022, pour des travaux de rénovation. Des fonds supplémentaires avaient ensuite été alloués, portant le montant total à Rs 1,6 milliard.
Malgré le risque d’insolvabilité du groupe, la SBM aurait tout de même approuvé un emprunt de Rs 470 millions en juillet 2024. La FCC soupçonne Premchand Mungar et Sanjiv Ramdanee d’avoir comploté pour garantir l’aval de ce financement. Finalement, cette somme est désormais classée comme un Toxic Loan, la probabilité que la banque puisse la récupérer étant très faible.
Par ailleurs, la FCC n’a pas objecté à la remise en liberté conditionnelle du beau-frère de l’ex-Premier ministre, Pravind Jugnauth. Le sexagénaire a dû verser deux cautions de Rs 700 000 chacune (soit Rs 1,4 million) et signer une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. Plusieurs membres du Mouvement Socialiste Militant (MSM) étaient présents à la New Court House pour lui apporter leur soutien, dont Pravind Jugnauth, Renganaden Padayachy, Bobby Hurreeram et Deepak Balgobin.
La FCC avait procédé à l’arrestation de Sanjiv Ramdanee la veille, à l’issue d’un interrogatoire Under Warning au Réduit Triangle. Il a retrouvé la liberté conditionnelle après une nuit en cellule au Moka Detention Centre. Il s’agit du deuxième protagoniste appréhendé dans cette affaire, après Premchand Mungar en juin, ce dernier étant visé par une accusation provisoire de « fraud by abuse of position ».
Pravind Jugnauth : « Une arrestation politique »
L’ex-Premier ministre Pravind Jugnauth a dénoncé « une arrestation politique » alors qu’il était venu soutenir son beau-frère à la New Court House hier. « Nou tande ki manier anketer pe dir bizin aret dimounn mem kan pena prev », a-t-il avancé. Et ce, avant d’ajouter : « Parski inn gagn lord depi lao. Si zot pa exzekite, zot riske gagn transfer pou al travay Rodrigues ou Agalega. »
Il affirme, par ailleurs, qu’il existerait des éléments de preuves « contre des personnes dans le gouvernement dans des cas criminels ». D’après lui, « ena anketer pe dir a temwin res trankil, koumsa kapav dormi byen ». Il n’a toutefois pas souhaité fournir davantage de détails à ce sujet, affirmant disposer de « suffisamment d’informations » et qu’il s’exprimera « en temps et lieu ».
FCC
Deuxième arrestation pour Premchand Mungur L’affaire entourant le prêt controversé de Rs 470 millions accordé à Dhyanavartam Ltd a connu un nouveau rebondissement hier. Après l’arrestation de l’homme d’affaires et beau-frère de l’ancien Premier ministre, Sanjiv Ramdanee, c’est au tour de Premchand Mungur, ex-Chief Executive Officer de la State Bank of Mauritius (SBM), d’être interpellé par la Financial Crimes Commission (FCC) pour la deuxième fois .
Les enquêteurs soupçonnent les deux hommes d’avoir participé à un stratagème visant à faciliter l’obtention du financement octroyé à Dhyanavartam Limited, société mère notamment des hôtels Maradiva et Sands. Dans l’après-midi, Premchand Mungur a lui aussi été présenté en Cour de district de Port-Louis où une accusation provisoire de complot a été retenue contre lui. Il a retrouvé la liberté après s’être acquitté de deux cautions totalisant Rs 700 000 chacune et après avoir signé une reconnaissance de dette de Rs 5 millions. La Cour a assorti sa remise en liberté de conditions strictes : interdiction de contacter ou d’influencer des témoins, obligation de se présenter trois fois par semaine au poste de police le plus proche de sa résidence et disponibilité permanente pour toute convocation de la FCC.
Pour Premchand Mungur, il s’agit d’un second passage entre les mains des enquêteurs dans ce dossier. Sa première arrestation remonte au 18 juin où il est accusé d’avoir induit en erreur le conseil d’administration de la SBM afin d’obtenir l’aval pour le prêt de plusieurs centaines de millions de roupies. Cette nouvelle arrestation s’inscrit cette fois dans le cadre d’une accusation provisoire de complot.

