Sattar Hajee Abdoula, présenté à tort ou à raison comme le Bagman sous le précédent gouvernement, dirigé par l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, a été conduit au Moka Detention Centre, hier soir après une séance d’interrogatoire au QG de la Financial Crimes Commission (FCC). C’est suite à son arrestation dans le cadre de l’opération Maradiva, Lakaz Mama – Sezon II. Auparavant dans la journée, ce suspect dans un premier cas de délit de Money Laundering de Rs 3,6 millions aux dépens d’une filiale d’Air Mauritius, Airmate Ltd, avait obtenu sa décharge de la clinique, alors qu’il avait fait un malaise la semaine dernière après son inculpation provisoire devant le tribunal de Port-Louis. Il s’était plaint de problème de sommeil pour justifier son passage à la clinique Wellkin.
Lors de l’exercice d’hier, le patron de Grant Thornton, grand amateur de grosses cylindrées et de déplacement en First Class, a été confronté à une série d’Exhibits saisis chez lui à Phoenix et au siège de Grant Thornton à Ebene. Sattar Hajee Abdoula a reconnu que certains objets sont les siens comme les montres haut de gamme. Il affirme qu’il détient des reçus pour justifier leur possession. Il a aussi indiqué que d’autres objets saisis sont pour le compte de la compagnie Grant Thornton. Les bouteilles d’alcool et de vins de grand cru, d’une valeur moyenne de Rs 20 000 par bouteille, seraient destinés aux clients importants de l’entreprise.
Le coffre-fort saisi au bureau de Sattar Hajee Abdoula a aussi été ouvert en sa présence hier soir. La Financial Crimes Commission a trouvé quatre montres, huit bijoux (Strap) et des documents. Les officiers n’ont trouvé aucune trace d’argent liquide à l’intérieur. Le suspect a accepté que la commission prenne des photos des objets comme pièces à conviction.
Entre-temps, il a donné son consentement que la Financial Crimes Commission passe au décryptage les différents appareils informatiques saisis à son bureau et chez lui.
La Financial Crimes Commission (FCC) avait réalisé une opération d’envergure dans les bureaux de Grant Thornton à Ébène le 24 novembre, où exerce le dénommé Sattar Hajee Abdoula. Les enquêteurs avaient investi le 9e étage d’Ébène Tower et y ont découvert un ensemble d’objets de grande valeur : 45 bouteilles d’alcool, près de Rs 400 000 en espèces, des montres de marques exclusives et une collection de stylos de luxe.
L’inspection des locaux s’était poursuivie jusqu’à très tard dans la soirée. Deux caves à vins réfrigérées contenant des alcools premium — dont des bouteilles de Château Pape Clément, Los Vascos et One Winemaker, des produits accessibles uniquement en duty-free — ont été mis sous scellés. Les enquêteurs y ont recensé 27 bouteilles de spiritueux et 18 de vin, toutes considérées comme des articles précieux. La Financial Crimes Commission a aussi récupéré plusieurs coffrets de stylos de collection, trois montres de luxe, ainsi qu’un coffre-fort.
Cette intervention visait, entre autres, la recherche de documents susceptibles d’éclairer des paiements totalisant Rs 3,6 millions pour des services de conseil fournis à Air Mauritius en mars 2020. Le mardi 25 novembre, les investigations se sont étendues à la résidence de Sattar Hajee Abdoula, à Phoenix. Des téléphones portables ainsi qu’un ordinateur portable y ont été saisis. Ces appareils seront examinés par le laboratoire d’analyse numérique de la FCC, en présence du directeur général de Grant Thornton. Dans les bureaux professionnels de Sattar Hajee Abdoula, la FCC a également mis la main sur divers fichiers informatiques liés à des opérations financières. Parmi ces données figure, entre autres, une liste de clients de la SBM associés à des prêts non performants. Ces fichiers numériques sont considérés comme potentiellement déterminants pour soutenir une enquête visant un possible cas de blanchiment d’argent. Depuis l’arrestation de Sattar Hajee Abdoula, le mercredi 19 novembre, les enquêteurs cherchent à retracer le parcours des fonds et à repérer toute anomalie. Les objets et documents récupérés font l’objet d’analyses approfondies, et d’autres interventions pourraient encore être menées dans le cadre de cette enquête en cours.

