La 2e résidence de l’ancien Grand Argentier de Mount Pleasant, Roches-Brunes, sous le coup d’un Attachment Order émis par un juge siégeant en référé
L’enquête de la Financial Crimes Commission (FCC), portant sur des allégations de blanchiment de fonds, détournés de la Mauritius Investment Corporation Limited (MIC), notamment l’Apavou Deal de Rs 2,4 milliards, a franchi, hier, une nouvelle étape décisive. De ce fait, l’étau se resserre davantage autour de l’ancien ministre des Finances du gouvernement Jugnauth, Renganaden Padayachy, qui a déjà été inculpé dans cette enquête et qui est actuellement en liberté sous caution. En effet, la Financial Crimes Commission a sollicité et obtenu un Attachment Order, émis par un juge de la Cour suprême, siégeant en référé, contre une des propriétés immobilières de Renganaden Padayachy.
Officiellement, la valeur de cette propriété de l’ancien ministre des Finances, située au Morcellement Mount Pleasant à Roches-Brunes, est de l’ordre de Rs 9 079 835, chiffre indiqué dans l’Attachment Order. Toutefois, dans les milieux bien informés de la Financial Crimes Commission, le chiffre de Rs 20 millions est avancé. Cette résidence avait été construite par la compagnie Kuros Construction, Renganaden Padayachy confirmant qu’il n’avait pas encore réglé la note avec le contracteur, soit pour une somme de Rs 9 millions.
Un détail, qui vaut son pesant d’or dans la conjoncture, est que la Financial Crimes Commission a déjà procédé à la saisie de tous les dossiers de contrats de construction de logements sociaux de la New Social Living Development Ltd alloués à la firme Kuros Construction Ltd. Comme par pur hasard, cette dernière compagnie a obtenu des contrats dans la circonscription de Rivière-des-Anguilles/Souillac (No 13), avec Renganaden Padayachy en tant que député et ministre à l’époque.
L’enquête de la Financial Crimes Commission soupçonne que le règlement de la facture de construction s’inscrirait aussi dans un deal avec des fonds puisés du guichet Covid-19 à la Banque de Maurice, d’où cette enquête approfondie sur une affaire de fraude liée à la Mauritius Investment Corporation (MIC). Conformément aux dispositions de la Financial Crimes Commission Act de 2023, cet ordre interdit à Renganaden Padayachy de vendre ou de transférer ce bien immobilier tant que l’enquête est en cours. Il s’agit d’une mesure conservatoire visant à empêcher toute tentative de dissimulation ou de liquidation d’actifs qui pourraient faire l’objet d’une confiscation ultérieure, si les faits sont confirmés et avérés par la justice.
L’affaire remonte au début avril 2025, lorsque Renganaden Padayachy et l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, avaient été arrêtés par la Financial Crimes Commission. Ils sont accusés d’avoir orchestré le détournement d’environ Rs 300 millions à travers une opération douteuse d’acquisition d’actions de la société Eastcoast Hotel Investment Ltd par la MIC. Le prix payé aurait été fortement surévalué, suggérant une possible manipulation des fonds publics.
Les investigations se sont intensifiées avec des perquisitions menées dans plusieurs propriétés appartenant à Renganaden Padayachy. Des appareils électroniques, notamment des ordinateurs et des téléphones, ont été saisis. Ces éléments pourraient permettre de mieux comprendre le circuit de financement et les parties impliquées dans le montage frauduleux présumé.
En liberté sous caution, l’ex-ministre est soumis à plusieurs conditions strictes, notamment l’interdiction de contacter des témoins liés à l’enquête via les réseaux sociaux. Cette affaire survient alors que le nouveau gouvernement multiplie les audits et les mesures de redressement des finances publiques.
L’enquête se poursuit, et les prochaines semaines seront cruciales pour l’avenir politique et personnel de Renganaden Padayachy.