Opération Sov Lapo – Criminal Attachment Order de Rs 7,3 milliards : La tension monte d’un cran sur la santé de Mamy Ravatomanga

• La Financial Crimes Commission propose que le proche collaborateur de l’ex-président malgache en fuite, Andry Rajoelina, soit renvoyé à la prison • Me Trishul Naga : « There are medical facilities on site at Melrose prison » • Me Hawoldar, SC :  « So leta (Mamy Ravatomanga) tro frazil pou li al dan sistem karseral »

La partie s’annonce extrêmement compromettante pour l’homme d’affaires malgache Mamy Ravatomanga, proche de l’ancien président malgache destitué Andry Rajoelina, sur qui pèse un Criminal Attachment Order de Rs 7,3 milliards, obtenu par la Financial Crimes Commission (FCC) en marge de l’opération Sov Lapo. Les tactiques habilement déployées par les membres du Legal Panel mené par le tandem Hawoldar-Lobine, complémentées d’avis de médecins pour que leur client ne soit même pas détenu dans une cellule d’un poste de police, se sont heurtées à une fin de non-recevoir hier au tribunal de Port-Louis. En marge des délibérations, la Financial Crimes Commission a abattu la carte à l’effet que le prévenu Mamy Ravatomanga soit renvoyé à l’Eastern High Security Prison de Melrose. Cette décision, avec à l’arrière-plan des grincements de la porte des cellules, a fait monter la tension d’un cran.

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En effet, sans compromis, la Financial Crimes Commission (FCC) souhaite que Mamy Ravatomanga (57 ans) soit transféré à l’Eastern High Security Prison de Melrose, estimant que sa détention en cellule policière n’est plus d’actualité. « There are medical facilities on-site at Melrose prison », s’est appesanti Me Trishul Naga, avocat de la Financial Crimes Commission.

De son côté, Me Siddhartha Hawoldar, Senior Counsel, estime qu’il y a un risque pour la santé de son client si ce dernier est placé en détention. Cette situation a donné lieu à des débats intenses au tribunal de Port-Louis hier où le magistrat Prashant Bissoon a dû faire preuve d’autorité en quelques occasions. Il a réservé sa décision pour lundi.
Au début de la séance, la Woman Police Chief Inspector (WCI) Arline Raymond a soumis deux certificats médicaux en Cour en affirmant que la Financial Crimes Commission a reçu des médecins traitants du suspect Mamy Ravatomanga pour justifier son absence à la New Court House. C’est alors que Me Hawoldar a indiqué que les cardiologues Aniff Yearoo et Vijay Boolell sont présents pour donner des explications au sujet de la santé de Mamy Ravatomanga, qui est toujours admis à la clinique Premium Care de Phoenix.
Me Naga a objecté à la déposition des deux médecins en Cour, estimant qu’il faut avoir la version d’un médecin du ministère de la Santé également. Le ton est alors monté entre les deux partis.

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Me Hawoldar : Écoutons ce que les médecins ont à dire pour que la Cour puisse prendre une bonne décision.
Me Naga : Laissons plutôt un médecin de l’État donner son opinion sur l’état de santé de Mamy Ravatomanga.
Me Hawoldar : Les deux médecins sont déjà présents. Let them enlighten the Court…
Me Naga : Non, ce ne sont que les médecins traitants de Mamy Ravatomanga. Je rappelle que c’est le Dr Soreefan du ministère de la Santé, qui a pratiqué une intervention chirurgicale sur le prévenu.

Entre-temps, les esprits s’échauffent entre les deux parties et le magistrat Bisson lance en direction de Me Siddhartha Hawoldar: « What about the other side? Court would like to be enlighten on both sides. »

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Entre-temps, la Cour prend note que le certificat médical déposé mentionne que l’homme d’affaire malgache « needs rest». «What kind of medical rest does he needs? » s’est interrogé le magistrat.

Alors que les deux côtés n’arrivaient pas à se mettre d’accord au sujet des dépositions des cardiologues en Cour, Me Naga a fait une motion pour que Mamy Ravatomanga soit placé en prison. Cette demande est contestée par la défense. Comme les esprits s’échauffaient davantage, le magistrat Bissoon devait suspendre la séance pour quelques minutes.

A la reprise, Me Siddhartha Hawoldar a insisté pour que les médecins traitants soient entendus. Finalement, la Cour a accepté d’écouter que le Dr. Aniff Yearoo. Ce dernier a expliqué que Mamy Ravatomanga a subi une intervention chirurgicale à l’hôpital Victoria pour déboucher deux artères alors qu’une troisième pose toujours problème.
Me Hawoldar: Dites-nous en détail dans quelle condition se trouve Mamy Ravatomanga.
Dr Yearoo : Il est sous observation à la clinique Premium Care. Sa condition s’est détériorée et il a perdu plus de 10 kg. Il fait aussi des malaises cardiaques.
Me Hawoldar : Est-ce que sa condition est sérieuse ?
Dr Yearo o: This is a serious case. He can have a heart attack. He’s under medical supervision.
Me Hawoldar : Dans cette condition, peut-il être placé en prison ?
Dr Yearoo : Je ne le recommande pas. S’il fait un arrêt cardiaque en clinique, nous avons les facilités pour l’assister comme le défibrillateur et des injections.
Me Hawoldar : Qu’en est-il concernant les facilités à l’hôpital de la prison ?
Dr Yearoo : Je ne peux me prononcer sur les facilités médicales annexées à la prison.
Ce fut au tour de Me Trishul Naga de contre-interroger le cardiologue.
Me Nag a: Quand est-ce que Mamy Ravatomanga a été admis à la clinique Premium Care ?
Dr Yearoo : Entre le 15 au 16 octobre.
Me Naga : Est-il vrai de dire que c’est après un mois que c’est le Dr Soreefan, qui a pratiqué une intervention chirurgicale à l’hôpital Victoria pour sauver la vie de Mamy Ravatomanga ?
Dr Yearoo : Nous n’avions pas eu l’autorisation de Mamy Ravatomanga pour faire une angio (à la clinique) car il souhaitait être traité à l’étranger.
Me Naga : Entre-temps, il a subi une opération urgente par les soins du ministère de la Santé qui a sauvé sa vie. Vous, vous dites que sans consentement vous n’avez pu l’opérer. Il aurait pu mourir (en clinique) alors…
Dr Yearoo: C’est son épouse qui a donné le consentement finalement.

Le Dr Yearoo a ensuite indiqué que Mamy Ravatomanga est un patient qui risque d’attraper une infection après ce type d’intervention chirurgicale. D’où selon lui, le suspect doit être placé dans un bon environnement pour se stabiliser.

Par ailleurs, l’assistant-commissaire des Prisons (ACP) Casimir de l’Eastern High Security Prison de Melrose a été appelé à la barre des témoins. Il a indiqué que des cellules sont bien entretenues sur place et nettoyées. « La National Human Rights Commission a accès à la prison pour vérification », dit-il encore.

Me Naga : Existe-t-il des facilités médicales à la prison de Melrose ?
ACP Casimir : Il y a un Medical Ward à la prison avec des équipements médicaux. Il y a des médecins qui y sont affectés 24/7. Ils sont On Call pendant la nuit et les dimanches.
Me Naga : Avez-vous des détenus cardiaques à la prison de Melrose ?
ACP Casimir : Nous avons quatre détenus On Remand qui ont subi des interventions chirurgicales cardiaques. Ils sont suivis par les Medical Officers jour et nuit. Si nécessaire, un médecin peut intervenir rapidement dans nos facilités.
Me Naga : Que se passe-t-il en cas d’urgence ?
ACP Casimir : Si un malade a besoin de soins poussés, nous le transportons par ambulance au centre médical le plus proche.
Me Naga : Est-ce qu’un détenu malade peut avoir un Special Diet ?
ACP Casimir : Oui, nous pouvons faire des arrangements avec le Supervising Officer.
Me Siddhartha Hawoldar a ensuite contre-interrogé le haut gradé de la prison.
Me Hawoldar : Que se passe-t-il si un détenu fait une attaque cardiaque un samedi soir ?
ACP Casimir : Nous contactons le médecin de garde par téléphone pour demander conseil. Puis, une ambulance est appelée pour assurer le transfert du patient vers l’hôpital approprié (SAJ Hospital).
Me Hawoldar : Le médecin de garde donne des conseils par téléphone. Il n’est pas sur place samedi soir.
ACP Casimir : Il y a un Charge Nurse qui reçoit les conseils du médecin pour porter assistance au malade.
Me Hawoldar : Combien de temps prend tout le processus, de l’appel au médecin de garde jusqu’à l’arrivée vers l’hôpital ?
ACP Casimir : Environ 30 minutes.

Par ailleurs, le haut gradé a indiqué qu’il n’y a pas eu de cas d’infection de la part des détenus qui avaient subi d’angio. Il ajoute qu’il y a des prisonniers de plusieurs nationalités à Melrose dont des Malgaches.

Finalement, les deux partis ont soumis leurs Submissions alors que le magistrat Prashant Bissoon a réservé son Ruling pour le 1 erdécembre. Ainsi, Mamy Ravatomanga reste en clinique pour sa détention provisoire jusqu’à lundi.

 

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