Où allons-nous ? Sens et non-sens

PAULA LEW FAI

« Ensam », « Changement »,
« Linion », « Linité » …

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« Servi Nou Pei…»

Des mots tellement usés qu’ils sont comme ces vêtements, passés de génération à génération, lavés tant de fois à la rivière qu’on voit à travers, qu’il faut ravauder, rapiécer, qui malgré tout, partent en lambeaux.

Honte d’être dénudés, de ne pouvoir espérer, de rester dans le statu quo, à répéter en boucle les servitudes qui oppriment et se poser en victimes …

Impudents, éhontés de se servir de ce qui revient à la collectivité, en clamant le bien-être pour tous. Pour ces derniers, la licence de régner en toute impunité et de donner la mort.

Nous a-t-on tellement conditionnés qu’aujourd’hui, nous avons perdu le sens ? Sens comme direction, sens comme signification à notre vie ?

Manque d’engagement, de vision à long terme, jouissance immédiate, absence d’éthique : on le constate à tous les niveaux de la société mauricienne et dans tous les domaines : du plus intime dans la vie amoureuse, la famille, le travail, la politique… Même dans la sphère du spirituel, la peur de l’engagement fait reculer et trébucher.   

Reflet de ce manque d’engagement et de ce blocage dans l’immédiat, rien dans les slogans électoraux actuels ne fait émerger l’espérance pour une société plus humaine. Dans son ensemble. Car si des mesures (déjà un bon début) sont proclamées par l’opposition parlementaire, les soupçons existent qu’elles pourraient être creuses, ne mobilisant pas vraiment des hommes et des femmes ayant un sens (direction et signification) fort de leurs existences. Que cette coalition si attendue, née dans plein de méandres, ne déchante ! L’avancée, même si graduelle, vers une société plus juste et plus consciente du chemin à accomplir, n’aura alors qu’un sens très partiel ; plus grave, partial dans l’exécution des mesures.

Nous a-t-on tellement si bien « scolarisés », qu’on sait répéter à l’infini les mêmes mots sans leur donner substance et les insérer dans une réalité vivante ? Ensam ? Depuis quand avons-nous été ensemble ? Le fossé s’est même agrandi, avec des décideurs à la morgue si visible que c’est un vrai repoussoir. Ensam, hommes et femmes ? On a instrumentalisé les femmes, trop contentes, elles de parader et de faire croire qu’elles ne sont pas des potiches quand elles sont si creuses qu’il vaut mieux zapper interviews et interventions à l’Assemblée. Une vraie misère et honte. Et Ensam, ça va changer ? Il vaut mieux ne pas désespérer.

Que faire alors ? Continuer à geindre sur la vie chère, les inondations, tous ces manques structurels, les lobbyings permanents, les censures et les promesses qui ne valent que le temps d’une petite éclaircie ? Aller alors vers l’opposition extra-parlementaire ? Pourquoi pas ? comme signe fort qu’un renouveau doit s’instaurer mais soyons lucides. Ce ne sera qu’un début d’un processus sur le long cours pour casser cette logique partisane héritée de longue date. Il faut un début, non ? Certainement. Mais dans le contexte actuel, peut-on se le permettre ? Il y aura toujours un contexte non-favorable, n’est-ce pas ? Rien ne permettra alors de changer réellement cette vie politique pourrie dans ses racines, qui fait désespérer jeunes et moins jeunes ? Alors ?

Oui, que faire ?

Refuser d’être bloqués dans l’immédiat, en se résignant au présent, aux insuffisances qui nous dégradent et nous atrophient.

L’espérance est un désespoir surmonté et nous pousse à faire un choix, à décider en toute lucidité ce qui est le plus approprié pour notre société afin de ne pas être « des poupées entre les mains des dieux » (Platon).

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