Parodie de l’Histoire au temple de la démocratie

La House of Lords, avec son passé de ses sept siècles d’Histoire dans la vie
politique au Royaume-Uni, impose le respect. C’est vrai que cela aurait dû être le
cas aujourd’hui dans un monde où les pratiques du respect des Droits
fondamentaux et des Droits de l’Homme sont littéralement bafouées. Surtout au
gré des caprices et fantaisies de celui qui se présente comme plus démocrate tu meurs !
Politiquement parlant, cette instance revêt une importance capitale au titre des
Checks and Balances contre des dérives dans la société.

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Mais ne devrait-on pas être en mesure de revoir, voire de renverser, le jugement
devant être porté quant à la primauté de ses décisions sur le plan de la
démocratie? D’abord, une récente étude, dont les recommandations ont été
rendues publiques la semaine dernière, ayant pour thème « Money, Media and
Lords : How the ultra rich are shaping Britain »
, porte le coup de grâce à cette
même House of Lords. “The report shows how the appointments system for the
House of Lords, the scale of political donations and the concentration of media
ownership each function as conduits for unelected power
.”

Faisant état des Findings, le quotidien britannique The Guardian, dont le seuil
de respectabilité est encore Honourable, ne rate pas l’occasion de dénoncer qu’un Peer,
siégeant à la House of Lords, sur dix, a été rétribué pour des besoins de Political
Advice
entre 2019 et 2024. Cette Chambre comprend aujourd’hui 803 Lords en
tant qu’Unelected Membership. Pire encore, sept Peers sont accusés de
comportement « all but unconstitutional » en bloquant un texte de loi adopté par
la Chambre des Communes après des années de débats.

Tels sont les pouvoirs et prérogatives démocratiquement Bestowed sur cet
Unelected Membership of the Lords avec pour conséquence directe « the rise of
conduits for unelected power ».

« Kot to problem ladan avek House of Lords, twa? » Le quidam du coin de la
rue est en droit de répondre. Mais dans la conjoncture, avec le rendez-vous du 5
janvier prochain, et le Hang Over, privilégions l’expression saxonne à la gueule
de bois de la francophonie, toujours vivace après les célébrations arrosées du
Nouvel An, ces Peers de la House of Lords seront appelés à prendre part à un vote sur
un texte de loi, qui, au final, déterminera la restitution de la souveraineté de
Maurice sur les Chagos, tout en conférant le droit légitime des Chagossiens
à un retour dans leur archipel natal, Save Diego Garcia.

Pendant un peu plus de douze heures de débats, s’échelonnant sur deux mardis
successifs, soit les 18 et 25 novembre, chaque fois allant jusqu’après 3 heures le
mercredi matin, les intervenants à la House of Lords, surtout ceux du parti
Conservateur britannique, se sont découvert une âme de protecteur sans
compromis des Chagossiens. Ceux du Labour britannique, parti politique à la
base du chantage odieux au sujet de l’accession de Maurice à l’indépendance
lors de la conférence constitutionnelle de Lancaster House du 7 au 24 septembre
1965, ont préféré faire preuve de pudeur quant au traitement des Chagossiens
depuis la publication de l’Order In Council du 5 novembre 1965.

Dans leur calcul politique autour du Chagos Deal, qu’ils ont baptisé Surrender
Deal
, ces Lords britanniques, qui ne sont nullement redevables politiquement
envers un quelconque électorat, ont parachevé une parodie de l’Histoire, en
travestissant de manière outrageuse des faits inéluctables.

Ceux qui étaient parmi les premiers Mauriciens à côtoyer les Zilwas au moment
de leur exil dans les faubourgs de la capitale savent quelle était la détresse de
ces hommes, femmes et enfants, privés de tout ce qu’il y a de plus intrinsèque pour
un être humain, soit kot so lonbri inn antere. Et de là, tout ce qui découle
comme calvaire.

L’ironie du sort veut qu’avec la complicité d’un groupe, ces Lords ont donné la
démonstration de jusqu’où peut aller la Perfide Albion pour commettre l’outrage à
l’Histoire. Croyant assurer la défense des intérêts de ces Chagossiens face au
Chagos Deal du 22 mai 2025, agréé après des consultations avec deux
gouvernements anglais, conservateur et travailliste, ces Lords ont eu la partie
facile en plaçant Maurice au banc des accusés. Aucune mention des tractations
sournoises à Whitehall en prélude au démembrement du territoire de Maurice en
dépit des Résolutions des Nations unies.

Pire est la virulence de cette arrogance affichée, personnalisée par Lord Hannan
of Kingsclere, le Lord conservateur, qui est intervenu lors des débats sur la
centaine d’amendements proposés, et journaliste de surcroît, vilipendant l’âme
de tout Mauricien dans le drame des Chagossiens. Occultant le fait historique
que Londres est la genèse du cancer socio-politique des Chagos. Les documents
secrets déclassifiés en font foi.

Mais l’autre drame, qui se joue, est que cette parodie de l’Histoire de Maurice,
puisqu’il est question de souveraineté de la République, est enregistrée en lettres
d’or dans les Hansards de la House of Lords alors que dans six semaines
interviendra un vote pris par un Caucus d’Unelected Membership avec la
quintessence du conservatisme en majorité.

My Lord, de quoi parler de caricature de démocratie dans la Mother of Parliaments.

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