Patrick Belcourt (En Avant Moris) : «  Le moment est venu de dire non aux fausses promesses  »

Les municipales approchent à grands pas, et tous les yeux sont désormais rivés sur les partis dits non traditionnels qui, malgré leur manque de moyens, labourent leur ville jour et nuit. En Avant Moris en fait partie. Mené par Patrick Belcourt, figure incontournable de la région de Beau-Bassin/Rose-Hill, le parti a aligné 24 candidats, soit quatre par Ward. Patrick Belcourt, animé par la volonté de redonner ses titres de noblesse à cette ville, terreau de nombre d’athlètes et d’artistes, fait confiance aux citadins et les appelle aux urnes pour reprendre leur ville en main. Entretien.

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Pour commencer, rappelez-nous qui est Patrick Belcourt ?
À titre privé, je suis marié à Mariette, que j’ai rencontrée lors de mes études à Lyon. Papa de trois garçons, François étudiant à Paris, Antoine sport étude à Paris et Louis, 10 ans. Je suis détenteur d’une maîtrise en gestion d’entreprises privées avec une spécialisation en “Banque & Finance”. J’ai eu l’opportunité de travailler dans plusieurs banques en France avant de rentrer à Maurice, en 2006. J’étais cadre dans deux banques mauriciennes avant de me lancer à mon compte, en 2019. Sinon, depuis 2021, avec d’autres citoyens de Beau-Bassin/Rose-Hill, nous avons formé En Avant Moris, dont je suis le leader.

Justement, vous êtes candidat sous la bannière d’En Avant Moris pour les prochaines municipales à Beau-Bassin/Rose-Hill. Une ville qui vous tient particulièrement à cœur…
Effectivement, j’ai un attachement profond pour cette ville, car j’ai grandi à Camp-Levieux. J’ai aussi fréquenté la paroisse de Ste Anne, l’école primaire de Notre Dame de Lourdes et le St Mary’s College.
Candidat en 2019 et 2024 pour les législatives dans la circonscription No 19, j’ai passé des années magnifiques quand la ville était sous la houlette de Jean-Claude de l’Estrac, Jayen Cuttaree et Shirin Aumeeruddy. Et depuis 30 ans, la ville est dans un état d’abandon total, alors que Maurice évolue. Le bien-être des citoyens et rendre à cette ville son âme est l’essence même de mon combat. C’est une façon d’apporter ma contribution au développement de mon pays.

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Une ville d’ailleurs longtemps connue pour ses athlètes, mais aussi pour sa célébration de l’Art avec un grand A… Quel est votre constat de la ville d’aujourd’hui  ?
Le développement s’est arrêté malheureusement à la fin des années 80’. Pourtant, cette ville regorge de talents à tous les niveaux. Du côté des sportifs, il y a Bruno Julie, maintenant Noa Bibi et aussi le jeune Topize, et du côté artistique, nous avons Serge Lebrasse, la famille Gaspard, Bruno Raya… Ce sont des noms qui résonnent… Nous nous souvenons aussi des troupes de théâtre au Plaza, les orchestres, les groupes musicaux des familles citadines, des expositions d’arts visuels, etc.
Il y avait un temps où la vie culturelle était vivante et foisonnait. Mais depuis un certain temps, c’est la déchéance, l’abandon. Peu ou pas de structures sportives, aucun support pour les jeunes qui ne demandent et n’attendent que ça pour progresser, drogue, prostitution… Comment en est-on arrivé à une telle déchéance  ? Cette ville a été le terrain de bataille des partis traditionnels et de leurs leaders. Les citadins ont été pris en otage des jeux partisans, dont ils sont les premières victimes. Et au lieu de rester les bras croisés et de se plaindre, ces mêmes citadins ont créé En Avant Moris.

Vous qui avez labouré le terrain pour les dernières législatives, ces municipales s’annoncent comment du côté de chez vous  ?
Nous avons une équipe de 24 candidats, quatre par Wards, dont neuf femmes. Nous sommes la seule équipe dont le programme a été élaboré avec et par les citadins, et qui est disponible depuis quelques mois déjà. Nous voulons que cette campagne s’inscrive dans la continuité de notre travail, de notre persévérance, notre proximité avec les citoyens, pour approfondir et manifester la communion profonde qui existe entre En Avant Moris et tous les citadins abandonnés et laissés pour compte par l’appareil partisan qui a sévi à la municipalité.

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Que demandent les citadins concrètement  ?
Plus de sécurité dans tous les quartiers, surtout le soir. Cette insécurité est liée à la délinquance, qui est elle-même liée à la consommation de drogue et au problème de la drogue en général, qui affecte le pays entier, et les zones urbaines en particulier. Les citadins s’attendent à ce qu’on casse la spirale de la drogue et qu’on puisse aider ceux qui en sont les victimes.
Les citadins veulent aussi une ville propre – dans tous les sens du terme –, hygiène morale et physique, propreté des mœurs et des lieux. Ce qui demande la rénovation des infrastructures existantes et la création de nouvelles pour améliorer la qualité de vie commune, tout en facilitant l’accès aux services publics et aux espaces de recréations.
Ils s’attendent aussi à la création d’opportunités pour les artistes et les sportifs. Bref, ils aspirent à une ville dont les institutions et les infrastructures sont à leur service en vue du bien commun.

Après le 60-0 aux dernières élections, beaucoup parlent de 120-0 en faveur de l’alliance gouvernementale pour ces municipales. Que pensez-vous de cela  ?
C’est de la propagande que le pouvoir en place essaie de faire passer. Nous avons toujours constaté une arrogance certaine venant de ce camp. Je vous rappelle que les villes étaient au diapason dans les années 80’, alors qu’elles étaient gérées par l’opposition, pas simplement une opposition partisane et suiviste, pas qui comptait des compétences et des talents, et qui était mue par une vision. Depuis ces dernières années, les villes et le pouvoir central appartenaient au même camp, ou du moins étaient alignés. Nous connaissons les résultats : une catastrophe. Ce qu’il faut, c’est de la compétence, de la proximité et une volonté de travailler. C’est ce qu’En Avant Moris propose.

Donc, trop de pouvoir est un danger pour la démocratie…
Exactement. Les 60-0 ont plus ou moins été le terreau d’une politique de l’orgueil, de l’outrage et de l’insolence du pouvoir. Le gouvernement actuel pourrait, par certaines mesures, soulager et rassurer les Mauriciens immédiatement, mais sans opposition, ils traînent des pieds.

Quels seraient les critères, selon vous, à considérer pour élire son conseiller municipal  ?
La proximité éprouvée du quotidien, l’écoute empathique, une vision sur les court, moyen et long termes pour la ville, et, surtout, avoir les compétences pour contribuer à ce que les villes redeviennent un moteur économique du développement du pays.

Quid de l’abstention tant redoutée par l’alliance au pouvoir  ? Est-elle aussi une menace pour vous  ?
Les citadins qui ne sont pas des partisans fanatiques ou des suiveurs ont attendu ce rendez-vous depuis des années, et ce sera l’occasion pour eux d’apporter un équilibre par rapport au 60-0 de novembre dernier. Je leur fais confiance.

Pensez-vous que les partis non traditionnels ont toute leur chance de remporter des sièges cette fois  ?
Je ne dirai pas comme certains que les Mauriciens ont mal voté. Je dirai qu’ils vont à l’essentiel. Après avoir évacué les pilleurs de l’économie et les violeurs de la démocratie, le moment est venu de dire non aux fausses promesses.

L’électorat mauricien, et surtout dans votre cas, les habitants de Beau-Bassin/Rose-Hill ont-ils toujours aussi soif de changement, dans le vrai sens du terme  ?
Il est réducteur de dire que c’est uniquement une soif de changement. Ils sont à la recherche de dirigeants qui les respectent, qui travaillent dans leur intérêt. Il n’y a aura jamais de changement tant que les élus ne respectent pas leurs mandants et ne tiennent pas leurs promesses.

Un mot de la fin ?
Une partie des Mauriciens, les citadins, ont une nouvelle fois rendez-vous avec leur histoire. Après avoir évacué les voleurs, je suis convaincu qu’ils sauront démasquer les menteurs et porter leurs suffrages sur ceux qui leur sont proches en toute humilité et confiance. Le pays ne peut pas se permettre de rater cette occasion. Je leur fais confiance.

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