Poésie : pour un voyage mystique offert par Catherine Boudet

Par le biais de la parole poétique de Catherine Boudet dans « L’Aïeule de déshabillée mémoire », couronné Prix Charles Péguy en 2022 et « Le Psaume à deux visages », la poétesse emmène le lecteur dans un voyage mystique dans différentes cultures, dans le temps et dans l’espace. Les deux ouvrages ont été lancés à Maurice, récemment, à l’hôtel Hennessy Park, à Ebène.

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« Le Psaume à deux visages », paru en édition limitée en 2016, a été étoffé « de plusieurs fragments », et publié, de nouveau, en 2022, en version bilingue française et italienne, traduit par Angela Caputo, aux éditions Kanaga, alors que « l’Aïeule de déshabillée mémoire », a paru en 2023, aux éditions des Deux Rues.

Le Psaume à deux visages, comme le mentionne Nalini Vidoolah Mootoosamy, dans la préface est « un seul long cantique imprégné de lyrisme et d’images évocatrices ». Dans ce dialogue avec l’autre, le lecteur est entrainé par la simplicité et fluidité de son style. Petit à petit, il se détache de l’auteur de ces vers pour se les approprier. La poétesse lui lègue même un présent précieux, à deux reprises dans le texte, en ces mots : « C’est/pour celui/ Qui se reconnaitra/Un psaume à deux visages ».

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Reprenant l’utilisation de l’expression « Non-où » par la poétesse, la préfacière note que ce voyage est effectué « vers le pays du Non-où ». Elle a été « conçue par le philosophe et mystique persan Shihab al-Din Yahya Sohravardi (1155-1191) pour expliquer que l’âme n’est pas une abstraction impalpable » et qu’elle habiterait l’espace du « Non-où, un non-lieu physique, mais en même temps un lieu réel auquel on peut accéder à l’aide d’une haute spiritualité, d’une transcendance de l’esprit ».

Dans son deuxième texte, le lecteur entame un autre voyage mystique. Élargi, cette fois-ci ! L’auteure l’entraine quasiment dans un tour du monde des traditions des religions « depuis le fond des âges » – comme l’écrit le poète Jean-François Blavin, à l’occasion de la consécration du recueil – dont nous sommes peu ou pas familiers. Tantôt, c’est à l’île Maurice ou la Réunion, et tantôt dans l’Égypte ancienne, dans « les mythologies représentées par les chevaux célestes, celle de la Table ronde médiévale et de ses Chevaliers, celle des chevaliers du Septentrion ou des chevaliers cathares, même le Noël de la Mangrove… Puis, nous nous envolons vers la mythologie aztèque : Tezcatlipoca, le « miroir fumant » tout puissant, Xochiquetza, déesse de la beauté féminine et de l’amour, guides pour atteindre le Mictlan, l’au-delà aztèque… », écrit M. Blavin en résumé.

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Il s’agit de voyage agréable, parfois palpable, souvent évanescent et qui éveille les sens comme dans « Au pied du Morne » : « Sachez, ô vous qui contemplez la cendre et qui venez à moi dans vos paroles jaunies, ces quelques mots usés d’un vieux journal de bord entre les algues vertes. La montagne mythique nous regarde. On la découperait au ciseau sur le carton d’invitation bleu du ciel (…) », extrait de la page 17.

Les deux textes demandent une lecture posée, avec une prédisposition d’esprit qui favoriserait l’accès aux sens profonds de ce que cette parole pourrait transmettre. « Le Psaume à deux visages » présente quelques vers par page, en français sur celle de gauche et en italien sur celle de droite. Elle est marquée par un grand espace blanc sur la partie inférieure, ce qui donne le temps au lecteur de prendre tranquillement ce qu’il vient de lire et pourquoi pas, de revenir vers ces vers tout en douceur s’il le désire. « L’Aïeule de déshabillée mémoire » est composé de « prose poétique et de poésie libérée », écrit Catherine Boudet dans une note en fin de recueil. Le recueil comprend aussi un glossaire des termes étrangers utilisés dans les poèmes. Une démarche qui facilite la compréhension ou l’interprétation des vers.

Catherine Boudet ajoute qu’il s’agit « d’une mystique enracinée dans la fidélité aux fondements et la solidité des principes ». Par l’entremise des personnages mystiques auxquels elle fait référence, elle affirme qu’ils invitent « à tenir ferme le flambeau allumé de la foi. Ils nous rappellent que la poésie raccorde tout lorsqu’elle nous enveloppe de sa brume bienfaisante aussi nécessaire que l’eau et que l’air ».

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