Politique : 2021 marquée par la Covid-19 et les scandales politico-financiers

L’année 2021 a, encore une fois, été dominée par la pandémie de Covid-19 et ses variants Delta et Omicron. Et surtout par les scandales politico-financiers. Le pays n’est pas sorti de l’auberge puisque le chef des services de santé publics annonce un nouveau pic de la pandémie au cours du mois de janvier. Et cela en dépit de tous les efforts de Lakwizinn du Prime Minister’s Office avec l’opération Tou Korek Lakaz Mama.

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L’année débute sur une confusion au sein de l’opposition. Le 25 février, Paul Bérenger, Xavier-Luc Duval et Roshi Bhadain font comprendre « ki pa pou kapav al eleksion zeneral avek Navin Ramgoolam kom Premie minis ». Ils se prononcent en faveur du maintien d’Arvin Boolell au poste de leader de l’opposition et précisent qu’ils ne comptent pas s’ingérer dans les affaires internes du PTr.

La réaction du PTr ne se fait pas attendr. Arvin Boolell démissionne de ses fonctions de leader de l’opposition. Bérenger note que le groupe parlementaire travailliste-PMSD contrôle 15 parlementaires alors que le PTr nr ser retrouve qu’à 12.  C’est le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, qui est  nommé aux fonctions de leader de l’opposition. Sa nomination est accueillie favorablement par le chef de file du groupe parlementaire du PTr, qui affirme « que le PTr soutiendra le leader de l’opposition en tenant compte que c’est le MSM qui est l’ennemi commun ».

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Toutefois, le PTr agit désormais comme une entité séparée avec des points de presse séparés des autres partis. Cette décision est marquée dans l’hémicycle par un regroupement des députés travaillistes aux côtés des parlementaires du PMSD et du MMM. Au fil des séances, le PMSD perd un de ses parlementaires, Salim Abass Mamode, dernier transfuge en date.

Xavier-Luc Duval imprimera un nouveau style comme leader de l’opposition, ménageant le Speaker, Sooroojdev Phokeer, quitte à présenter ses excuses après avoir tenu des propos acerbes tout en maintenant la pression sur son interlocuteur ministériel. Grâce à ses 24 Private Notice Questions, le leader de l’opposition a réussi à avoir des détails et des réponses qu’il aurait été difficile d’obtenir, surtout en ce qui concerne la situation de la pandémie de Covid 19, le nombre de malades, le nombre de personnes affectées ou décédées, l’achat de médicaments.

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Ses deux dernières PNQs en fin d’année ont fait mouche puisqu’il a réussi à déterrer deux scandales qui continuent à faire des vague, soit le dossier de Molnupiravir à travers les procédures d’Emergency Procurement. Il a aussi démontré que quelque Rs 466 millions ont été dépensées pour subventionner l’achat du lait en poudre sans que les commerçants qui en ont bénéficié n’aient à aucun moment baissé le prix de vente, réalisant des profits sur le dos des consommateurs. Il ne manquera de souligner qu’alors que la population se fait écraser par une hausse massive des prix, « on a vu tout le gaspillage et la corruption qui ont été mis au jour tout le long de l’année. »

La satisfaction de Xavier-Luc Duval au Parlement esr que sur tous les dossiers, l’opposition a parlé d’une seule voix sans exception. « Nous étions tous d’accord sur les grands défis et les problèmes auxquels ont été confrontés les Mauriciens. Cela augure bien pour l’année prochaine durant laquelle nous espérons que l’unité de l’opposition se consolidera afin de donner le coup de grâce au gouvernement, pour amener les élections générales et donner un nouvel espoir au pays », dira-t-il.

Par ailleurs le Speaker a battu tous les records d’expulsion et de suspension des parlementaires de l’opposition cette année. Les principales victimes ont été Arvin Boolell, Shakeel Mohamed, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan. Ces deux derniers seront toujours suspendus à la rentrée parlementaire l’année prochaine.

Paul Bérenger, leader du MMM, affirme que l’année 2021 a été « une très mauvaise année » sur les plans sanitaire et démocratique en ajoutant que « je souhaite que 2022 soit la fin de la pandémie de Covid-19. Je souhaite aussi que ce soit l’année des élections générales et la fin du MSM. »

Pour Nando Bodha, 2021 a été une année durant laquelle les scandales ont pris une dimension virale. Il souhaite que 2022 soit l’année des élections générales anticipées et « que toutes les forces de l’opposition parlementaires et extraparlementaires se mobilisent pour s’assurer du départ du gouvernement ».

Le Premier ministre a indiqué lors de la dernière séance parlementaire le 17 décembre que les ministres ont répondu à quelque 848 questions dont 50 écrites. Il a ajouté que « gouvernement replies to numerous queries during the committee of supply of the Appropriation Bill and two supplementary Appropriation Bills ».

Malgré la forte pression de l’opposition, le gouvernement, d’appuyant sur sa majorité, réussit à faire adopter les principaux projets dont celui concernant le budget 2021-2022. La Children’s Act, bien qu’ayant bénéficié d’un consensus au Parlement, n’a toujours pas été promulguée. Toutefois, le très controversé IBA Bill a, non seulement été adopté au Parlement, mais a obtenu l’assentiment du président de la République comme une lettre à la poste.

Sur le plan politique, le gouvernement s’est retrouvé à plusieurs reprises le dos au mur en raison des scandales à répétition auxquels il a dû faire face. C’est ainsi que dans le cadre de l’enquête sur la mort de l’agent politique du MSM Soopramanien Kistnen, le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, s’est vu contraint à soumettre sa démission comme ministre en février.

L’ancien ministre des Affaires étrangères, Nando Bodha, a démissionné du gouvernement le 6 février  pour passer dans le camp de l’opposition aux côtés du PMSD de Xavier-Luc Duval et du MMM de Paul Bérenger.  Après avoir siégé au Parlement comme membre indépendant, il a lancé son parti, le Rassemblement mauricien, le 23 juillet. Il fait désormais feu de tout bois contre le gouvernement en place, critique la faiblesse du leadership au niveau du gouvernement, la gestion du Covid, la corruption, le népotisme tant au Parlement qu’à l’extérieur du gouvernement, participe à toutes les manifestations organisées contre le gouvernement dont la dernière en date en protestation contre l’adoption de l’IBA Act.

Les regards sont maintenant tournés vers le ministre de la Santé, Kailesh Jugatpal. D’aucuns pensent qu’il aurait dû avoir soumis sa démission en attendant la fin de l’enquête de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) sur l’affaire Molnupiravir. La question est de savoir si, comme l’appréhendent les partis de l’opposition, l’ICAC finira par étouffer toute cette affaire avec l’opération Pharmacy Glass Ceiling.

Au sein de l’opposition, les regards sont tournés vers les discussions entre le Parti travailliste et l’Entente de l’Espoir. Un accord entre les deux formations pourrait déboucher vers un retour d’Arvin Boolell aux fonctions de leader de l’opposition. Les discussions butent actuellement sur celui qui occuperait le poste de Whip de l’opposition.

Par ailleurs, en raison de la pandémie qui continue à affecter le pays, la tenue des élections municipales a été renvoyée à nouveau. Elles devraient avoir lieu cette année à moins que, comme le souhaite l’opposition, l’année 2022 soit celle des  générales.


Le décès de SAJ, le père du miracle économique

La scène politique a été marquée cette année par le décès de sir Anerood Jugnauth le jeudi 3 juin, à l’âge de 91 ans. Il avait occupé le poste de Premier ministre pendant 19 ans et les fonctions de président de la République pendant neuf ans. C’est lui qui avait installé Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre après avoir démissionné de ses fonctions en janvier 2017 pour occuper les fonctions de mentor dans le gouvernement.

SAJ avait été élu pour la première fois à Rivière-du-Rempart en 1963. Il était le dernier survivant parmi ceux qui avait participé aux discussions qui se sont déroulées à Londres en 1963 et qui ont débouché sur l’accession de Maurice à l’indépendance et sur la nouvelle Constitution de Maurice. Un hommage unanime lui a été rendu au Parlement et dans la population.


L’hospitalisation de Navin Ramgoolam

L’autre événement qui a marqué la scène politique locale a été le transfert en urgence médicale de Navin Ramgoolam en Inde après avoir été testé positif au Covid 19 au début de septembre. Il est retourné au pays au début d’octobre après avoir été guéri. Il s’est dit profondément touché « par l’amour et le soutien manifesté pendant ces moments difficiles par toutes les personnes qui ont prié et envoyé des pensées positives pour son rétablissement ». Depuis son retour, s’il a eu l’occasion de faire plusieurs déclarations à caractère politique, il n’a pas encore fait de sortie publique.

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