Congrès du Labour, hier – Ramgoolam : « Jamais en alliance avec le MSM »

Le  leader du PTr : « Dan tou aranzma politik e elektoral, nou ki bizin lokomotiv » L’ex-PM catégorique : « Pas question d’aller au Réduit » 

Le Parti travailliste (Ptr), qui a fait le plein du Trianon Convention Centre hier pour son congrès national, précise sa position sur l’échiquier politique. « Jamais en alliance avec le MSM ! » a lancé le leader des rouges, Navin Ramgoolam, tout en faisant clairement comprendre que « dans tout arrangement politique, le Ptr sera la locomotive ». Par ailleurs, il a rejeté toute idée d’aller au Réduit en cas de victoire éventuelle de l’opposition après les prochaines élections.

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La partie protocolaire du congrès national était placée sous la présidence de Patrick Assirvaden en présence des parlementaires et membres du Ptr. Parmi les invités se trouvaient des représentants de partis parlementaires et extraparlementaires, à l’instar de Rajesh Bhagwan pour le MMM, Véronique Leu-Govin pour le PMSD et Nina Ramdanee pour le LPM.

Le leader du Ptr  a tenu à mettre fin à toutes les rumeurs concernant une alliance avec le MSM de Pravind Jugnauth. « Read my lips. Alliance avec le MSM ? Jamais. Ptr ena dinite », devait-il d’appesantir, avant de préciser que « le Ptr a la volonté de changement et que dans tous les arrangements politiques au niveau de l’opposition, c’est le Ptr qui en sera la locomotive, mais pas à n’importe quel prix ».

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« De toutes les façons, nous connaissons notre capacité », dit-il. Quant à la question d’un gouvernement de transition qui verrait ensuite son installation au Réduit comme président de la République, Navin Ramgoolam a répondu par une boutade : « On ne peut pas demander à un commandant qui a remporté la guerre d’aller se reposer. » Après quoi il a rétorqué que certains, au sein du Ptr, pourraient lui succéder, mais qu’il leur faudra pour cela avoir trois qualités, soit « le courage, la conviction et le caractère ».

Pour lui, « c’est dans l’unité et la discipline qu’on pourra se débarrasser du régime en place. »  « Il faudra savoir voter avec intelligence et éviter le vote de sympathie. C’est un vote en faveur de Jugnauth. De la même manière ne pas se rendre aux urnes ouvre la porte pour que les Bangladeshis votent à votre place », a-t-il mis en garde.

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D’entrée de jeu, Navin Ramgoolam avait lancé aux membres du Ptr que cela lui faisait « chaud au cœur de les voir se déplacer en foule » après avoir été frappé de plein fouet par la pandémie de Covid-19, même s’il « ne faut pas croire que le virus a disparu ». Il insiste pour le respect des précautions d’usage, comme le port du masque et la distanciation sociale, soit maintenu. D’ailleurs, il se dit à ce titre d’avis que la pandémie a freiné les activités politiques des partis de l’opposition. « Par contre, le gouvernement, qui a imposé des restrictions, a continué à faire des meetings publics sous le couvert de fonctions officielles, avec la complicité de la MBC », s’insurge-t-il.

Navin Ramgoolam a en outre tiré à boulets rouges hier sur le gouvernement MSM qui, selon lui, « a détruit en sept ans le travail effectué par le Ptr pendant 54 ans ». Par ailleurs, tandis que  « Moodys dénonce la dégradation des institutions, le ministre des Finances, lui, pense le contraire et considère que tout va bien », dit le leader du Ptr. « Zot inn pran konze ek realite. La vérité est que le pays passe par une crise économique sans précédent », poursuit-il.

Il estime de plus « qu’aucune institution ne fonctionne, à commencer par la Banque de Maurice », rappelant au passage que Manou Bheenick, alors à la tête de la Banque Centrale, avait « tout fait pour empêcher la dépréciation de la roupie ». Sur le même registre économique, il dit déplorer le gaspillage des fonds publics  avant de souligner l’importance d’une Fiscal Responsibility Act.

Navin Ramgoolam a ensuite dit avoir connu le combat pour l’indépendance  du pays. « Ce n’est pas pour l’indépendance qu’on voit aujourd’hui qu’on s’est battu. Nous avons milité pour une vraie indépendance, pour la liberté et pour la démocratie », dit-il.

Il revient sur la nécessité de former les jeunes « afin qu’ils connaissent l’histoire de leur parti ». À ce propos, il rappelle que sir Anerood Jugnauth avait cherché la disparition du Ptr en demandant à sir Satcam Boolell de fusionner avec le MSM ». Mais ce dernier avait alors refusé, « sauvant ainsi le Ptr ».

Navin Ramgoolam est par la suite revenu sur sa volonté de rupture, qui était le titre du programme électoral du Ptr en 2019. Ajoutant que, « comme le MMM, le Ptr a une culture démocratique ». Dans ce contexte, il souligne l’importance d’un Speaker indépendant. Il rappelle  « comment des Speakers comme Ramesh Jeewoolall, Razack Peeroo et Kailash Purryag avaient su forcer les ministres à répondre aux interpellations à l’Assemblée nationale ».

En plus de la création de la Fiscal Responsibility Act, Navin Ramgoolam a plaidé pour une réforme du judiciaire et de la police. Il explique ainsi qu’après son arrestation sur la base de 11 accusations portées contre lui, « et qui ont toutes été rayées », rappelle-t-il, des magistrats avaient été victimes de tentatives de pressions ». « Mais heureusement qu’il y a encore des juges à Berlin », dit-il. Il devait toutefois relever des manquements au niveau du judiciaire, surtout concernant les pétitions électorales.

Pour lui, la création d’une Cour constitutionnelle s’impose. « Il n’est pas possible que l’étude d’une pétition électorale attende trois ans pour obtenir un jugement. Il faut qu’il y ait une Time Limit », indique-t-il. De même, les membres du judiciaire devraient pouvoir tous travailler « dans un environnement plus salubre », avec les infrastructures appropriées. Dans le même registre, il a condamné le transfert intempestif de magistrats.

Concernant le gouvernement, Navin Ramgoolam a plaidé pour la nomination d’un Attorney General avec au moins une dizaine d’années d’expérience. Il a aussi insisté sur l’importance d’une réforme au niveau de la police et préconisé une augmentation du nombre de postes afin de réduire leur périmètre d’intervention.

Il a par ailleurs évoqué l’importance de l’introduction de la PACE Act, tout en déplorant que le « Central CID soit devenu une arme politique pour le pouvoir », et condamnant dans le même souffle « l’utilisation abusive des arrestations provisoires ».

Après l’élection du nouvel exécutif hier, une réunion est prévue durant la semaine en vue d’élire le nouveau bureau politique. Le leader du Parti travaillise a annoncé par la suite une tournée dans toutes les circonscriptions du pays.

A noter enfin qu’une minute de silence a été observée pour tous les proches du Ptr décédés, dont Yousuf Mohamed.

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