Pour une vraie démocratie parlementaire

Le Parlement reprend ses travaux ce mardi avec, pour toile de fond, la situation économique, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que ses conséquences dans le monde, et l’intensification de la campagne en vue des élections municipales.

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Les vacances parlementaires d’été n’ont pas été de tout repos avec la vague meurtrière de l’Omicron, la nouvelle fermeture des frontières au niveau international, qui avait mis un frein brutal au démarrage de la saison touristique, la visite d’une délégation mauricienne aux Chagos, les problèmes concernant la réouverture des institutions scolaires et de l’éducation en général, la reprogrammation des examens auxquels s’ajoutent les cyclones, les flashs flood, la flambée des prix… et pour couronner le tout, la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

Au niveau de l’opposition parlementaire, les changements annoncés dans un premier temps, avec le retour d’Arvin Boolell comme leader de l’opposition, n’auront pas lieu, du moins pour le moment. Toutefois, tous les partis de l’opposition ont manifesté leur intention de travailler en concertation. Les travaux démarreront cette année avec trois de ses principaux éléments sur la touche. Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et Shakeel Mohamed sont en effet suspendus. Les parlementaires ont déjà soumis tout un arsenal d’interpellations sur les sujets d’actualité et les scandales.

Alors que l’actuelle législature aborde la troisième année de son mandat, on ne sait à ce stade dans quel esprit les travaux se dérouleront, d’autant que les partis de l’opposition ont indiqué clairement leur intention de pousser le gouvernement vers la sortie et d’organiser les élections générales. Beaucoup, à l’instar du Parliamentary Democracy Foundation, souhaitent que la démocratie parlementaire puisse fonctionner sans obstruction, et que les débats sur les questions majeures et prioritaires de la société mauricienne puissent se dérouler dans la sérénité.

On s’attend que la gestion de l’économie donne lieu à des débats musclés, mais productifs. La situation économique a fortement été fragilisée, surtout durant la pandémie qui a frappé le pays depuis 2020, provoquant une crise économique marquée par une décroissance économique de l’ordre de 15,8%. Le pays, qui était entré dans la catégorie de pays à revenus élevés début 2020, est retombé rapidement au niveau des pays intermédiaires. Notre PNB par tête d’habitant a chuté à USD 8 329, selon la Banque mondiale, en 2020, après avoir dépassé les USD 12 535 nécessaires pour entrer dans la catégorie des pays à revenus élevés.

Les fondamentaux sont toujours au rouge, avec non seulement un budget courant déficitaire, mais également un déficit de la balance des paiements, un déficit prononcé de la balance commerciale, un taux de chômage autour des 9 à 10%, une inflation globale de 5,2%, une inflation annuelle de 9% et un endettement record. On ne sait encore quel sera l’effet de la hausse du taux du repo rate sur cette inflation, considérée comme une taxe sur tous les Mauriciens, en particulier ceux de la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle. À cela s’ajoute une dépréciation de la roupie face aux principales devises.

La reprise de l’industrie touristique et la hausse du prix du sucre à l’international, de même que les exportations manufacturières, ont permis d’avoir une rentrée de devises, mais on craint que ces revenus soient anéantis par la facture des importations. Le dérèglement du “supply chain” provoqué par la pandémie s’est accentué avec la guerre. Certains pays producteurs ont introduit des embargos sur des produits de base, ce qui provoque une flambée des prix. En tant que “net importing country”, nous sommes confrontés à l’incertitude. Réussirons-nous enfin à développer une stratégie viable pour la production alimentaire à Maurice ?

Le problème, c’est que la guerre est venue remettre en cause la mondialisation, qui avait commencé a s’effriter avec le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine. Les grandes puissances économiques parlent de plus en plus de “near shore”, plutôt que de l’Offshore, dans tous les domaines de production. Comment Maurice va-t-elle se positionner dans ce nouveau monde qui se met en place ? Voilà un débat qui devrait intéresser tout le monde, au lieu de se livrer à des propos violents honteux à relent communal contre la presse, à la manière de Poutine, comme cela a été le cas pour un ministre d’Etat ces derniers jours.

 

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