Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a fait état d’une plus grande marge de manoeuvre cette année en raison des indicateurs économiques positifs pour la préparation du budget 2024-2025. C’était, hier, lors de la rencontre avec les dirigeants des confédérations syndicales au ministère des Finances. La première journée de consultations prébudgétaires s’est poursuivie avec des représentants des femmes entrepreneures. Le ministre des Finances avait à ses côtés le secrétaire financier, Dev Manraj.
Dans une déclaration à l’issue de la réunion, la présidente de l’Association Mauricienne des Femmes Chefs d’Entreprise (AMFCE), Trinida Chetty, affirme que deux propositions ont été soumises au ministre. Elle fait état de la nécessité de réévaluer l’accès des femmes entrepreneures au financement, notant que malgré le soutien du ministre aux femmes entrepreneures, elles continuent de se heurter à des limites.
Trinida Chetty, relevant que la hausse des taux d’intérêt sur les prêts bancaires rend la tâche difficile pour les femmes entrepreneures, a exhorté le ministre Padayachy à reconsidérer les programmes de prêts bancaires. Elle a en outre fourni une liste détaillée des dépenses auxquelles sont confrontés les entrepreneurs, notamment le paiement des loyers, les salaires des employés, l’augmentation des coûts des matières premières et du fret et les taux d’intérêt élevés sur des prêts bancaires.
Abordant l’égalité sur le lieu de travail pour les femmes entrepreneures, Trinida Chetty a dénoncé le contrôle de genre auquel elles sont confrontées. Elle a mentionné les évaluations faites par les employeurs en fonction de leur âge, de leur État Civil et de leurs projets de grossesse afin d’éviter les perturbations pendant le congé de maternité. Elle a demandé au gouvernement de mettre en œuvre un système visant à rassurer les employeurs à l’effet que les grossesses simultanées parmi les employées n’entraîneraient pas d’interruptions de travail.
Beenou Rampargass, elle, a fait état de la nécessité de revoir le dispositif d’importation de main-d’œuvre étrangère. Elle demande au ministre de reconsidérer le ratio main-d’œuvre étrangère/main-d’œuvre locale et à simplifier le processus d’importation de main-d’œuvre étrangère au profit des PME.
De son côté, le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, avance que le ministre des Finances doit mettre l’accent sur le côté social en raison de la hausse des prix, du coût de la vie, de l’endettement de la population et de la dépréciation de la roupie.
« Aussi, tous les travailleurs, que ce soit au sein de la fonction publique ou dans le secteur privé, doivent être traités de la même manière. C’est pourquoi nous avons proposé au ministre des Finances de faire une fusion entre le Pay Research Bureau et le National Remuneration Board (NRB), » dit-il à la sortie des consultations d’hier.
Parmi les demandes, le MLC propose l’élimination du Rental sur les factures de l’électricité, du téléphone, de la Central Water Authority, la réduction de la Road Tax de 5% et des facilités d’Internet gratuitement dans chaque foyer afin de permettre à chaque enfant de suivre des cours en ligne.
Pour sa part, le président de la Federation of Parastatal Bodies and Others Union (FPBOU), Deepak Benydin, dit apprécier que le ministre des Finances a fait savoir que l’économie du pays va mieux et que la Banque mondiale a fait savoir que l’économie prospère. « Cela signifie que la marge de manoeuvre du ministre est plus large cette année. Il faut savoir aujourd’hui que le pays subit actuellement un Braindrain à la manière du Vénézuéla où tous les jeunes ont quitté le pays et le pays se retrouve maintenant avec une population vieillissante. C’est pourquoi il faut encourager les jeunes à avoir des enfants », dit-il.
Le président de la Fédération des Travailleurs Unis (FTU), Atma Shanto, revient sur l’urgence de mettre en place un système de contrôle des prix en raison de la hausse continue des commodités de première nécessité. Il déplore aussi l’absence de consultations avec les syndicalistes, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, ne les recevant qu’une seule fois par an pour entendre leurs doléances, alors que la majorité des amendements apportés aux lois du travail sont passés en catimini à travers le Finance Bill.
Radhakrishna Sadien, président de la Confederation of Independent Trade Unions, déclare que le ministre des Finances doit s’assurer que les travailleurs soient capables de vivre avec les augmentations salariales accordées.
« De nos jours, nous constatons qu’après augmentation salariale, il y a une érosion du pouvoir d’achat, ce qui fait que les travailleurs n’arrivent pas à joindre les deux bouts. C’est pourquoi la fédération exige qu’il y ait un contrôle des prix très sévère, « , fait-il comprendre en tirant la sonnette l’alarme sur la hausse du nombre de cas de vols et d’actes de violence.
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En vue des prochaines élections générales
13 propositions entérinées par la GWF et le JNP
Eleksyon zeneral pe vini! Ki program travayer? » C’était le thème le thème de la conférence organisée, hier, par la plateforme syndicale composée, entre autres, des dirigeants de la General Workers Federation (GWF), du Joint Negociating Panel de l’industrie sucrière (JNP) et de l’Union of Bus Industry Workers (UBIW). 13 propositions ont été soumises au vote et entérinées. Elles concernent plusieurs items dont « les discriminations faîtes aux employés du secteur privé, le réajustement des salaires et la réintroduction du National Pension Scheme pour tous les travailleurs. »
Ashok Subron de la GWF a fait resortir que « les travailleurs ont le droit de protéger leur vie et doivent pouvoir décider du degré de risque à prendre lorsqu’ils décident d’aller travailler. » Il ajoute qu’il » existe un problème fondamental dans le cadre légal ayant trait aux pluies torrentielles. Cela fait maintenant plus de dix ans que le pays subisse des Flash Floods meurtrières. Depuis 2016, l’État a laissé la gestion des pluies torrentielles entre les mains de l’employeur. Bizin enn sel la lwa pou sekter prive e piblik kan en inondasyon. »
Ashok Subron s’interroge : « comment se fait-il qu’un gouvernement en tant qu’employeur a jugé la vie des fonctionnaires plus importante que celle des travailleurs du secteur privé ? Bann travayer ankor esklav misie-la. Misie-la ki pou deside si pou travay ou pa pou travay. Kouma dir ankor lepok lontan akot ti ena proprieter esklav .»
Le négciateur syndical avance que » la fédération avait proposé une police d’assurance vie en faveur des travailleurs. Celle-ci a été introduite dans la Workers Rights Act (WRA). Combien d’employeurs ont contracté cette assurance pour les travailleurs actuellement ? Pou bizin fer enn survey lor la. »
L’introduction d’un congé parental pour tous les salariés de Maurice est aussi à l’ordre du jour. Le syndicaliste Devanand Ramjuttun plaide pour la reconnaissance de Workers Parental Leaves.