Il convient de revenir sur la publication du rapport de la Commission nationale des droits humains (CNDH) sur les incidents qui sont survenus à la prison de Melrose, en juillet dernier.
De prime abord, pour saluer l’honnêteté de l’équipe autour de l’ancien DPP, Me Satyajit Boolell, qui a livré un rapport très pertinent, brillant et sérieux. Et de l’autre, celui de ce gouvernement, qui, malgré (plusieurs !) lenteurs et retards sur nombre de dossiers brûlants, n’a pas opté pour la solution facile prônée pendant une décennie sous les régimes successifs de Pravind Jugnauth, soit, l’opacité et le silence complice.
Les incidents à la prison de haute sécurité de Melrose se sont produits alors qu’un nominé politique du gouvernement de l’Alliance du changement occupe le fauteuil du commissaire des prisons (CP). Selon le rapport de la CNDH, Dev Jokhoo a été mis au courant de la situation par ses officiers et ceux-ci l’ont informé qu’ils allaient avoir recours aux agents de la GIPM et de la SMF, en sus des éléments du CERT (Correctional Emergency Response Team). Raison invoquée par l’Officer in Charge : ses craintes d’un « gros problème ».
À ce stade, quand un CP apprend une information de cette teneur, ses responsabilités n’exigent-elles pas de lui qu’il se rende sur place personnellement ? Il aurait certainement constaté, de visu, la violence subie par les détenus et serait intervenu, nous aimons à le penser ! Dev Jokhoo a déclaré que, pour lui, l’appel aux soutiens externes était motivé par des raisons de recherches et de fouilles, et aucunement pour l’usage de la force et de la violence. Pourtant, c’est un tout autre film qui s’est joué.
Les incidents de Melrose ne sont, évidemment, pas sans rappeler les nombreux cas de morts de détenus en cellule durant ces dix dernières années, surtout ceux durant les deux confinements causés par la pandémie de Covid-19. Les cas les plus tristement célèbres, notamment ceux de Jean Cael Permes, Michael Louise, Jean Alain Auguste ou encore Joselito Evenord, pour ne citer qu’eux, n’ont toujours pas été élucidés. Des enquêtes ont-elles été menées ? Si oui, quelles en sont les trouvailles ? Qui sont ceux qui ont fauté ? Ont-ils été sanctionnés ?
La CNDH a émis ses recommandations dans son rapport. L’on espère que le dialogue, l’écoute, la formation et les mesures suivront. Car il en va de la confiance de tout un chacun. Il est question de rendre justice à ces familles traumatisées et marquées par les disparitions dans des circonstances douloureuses des leurs. L’équipe actuelle de la CNDH trouvera aussi, on le souhaite, le temps de comprendre comment l’usage de la violence est devenu banal, voire normal derrière les barreaux ces dernières années.
Durant son mandat comme commissaire des prisons, le policier de carrière Jean Bruneau n’avait pas eu recours à la violence. Et la plupart de ceux qui l’ont précédé à ce poste ont très rarement eu besoin d’interventions aussi musclées.
Que doit-on comprendre ? Qu’entre-temps, une nouvelle génération de détenus très retors et réfractaires ont poussé l’administration pénitentiaire à prendre de telles mesures extrêmes ? Ou est-ce que, pour certains hauts gradés, violences sur les détenus et corrections physiques riment avec « leur » définition du métier ? Et qu’ils ont eu carte blanche de faire ce qu’ils estiment bon, en l’absence de véritables chefs et responsables d’institutions ?
Nos prisons ne doivent pas être des hôtels pour ceux qui ont commis des erreurs, c’est clair. Mais elles ne doivent pas non plus être leur morgue ! Ce gouvernement a signifié son désir de mettre de l’ordre et que les droits humains de chaque Mauricien soient respectés. Souhaitons surtout qu’il aille au bout de ses promesses ! Car la confiance dans nos institutions est cruciale pour notre jeune démocratie. Surtout quand on voit à quel point la force policière, elle, est dangereusement secouée.
La situation à Gaza semble retourner à la normale. Pourtant, le calme et la paix sont très précaires. L’armée sioniste de Benjamin Netanyahu et le Hamas ont intérêt à respecter leurs engagements. Ces deux dernières années, les violences commises ont été des plus atroces. Il est temps que la paix revienne, pour tous.
Husna Ramjanally