Padma Utchanah, présidente du Ralliement Citoyen pour la Patrie (RCP), a rejoint Linion Moris. Elle explique que cette plateforme est composée de gens de bonne volonté, ajoutant que chacun se respecte et que le parti évolue dans le consensus. Le RPC est en alliance avec Linion Moris, dit-elle.
Réagissant à l’émission du Writ of Election pour l’élection partielle dans la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière-Sud-Est (No 10), elle souligne que d’une part « Pravind Jugnauth est le champion pour ne pas organiser les élections ou les repousser au maximum », et que de l’autre, si cette élection partielle se tient comme prévu, Navin Ramgoolam devrait en toute logique se porter candidat, car c’est bien dans cette circonscription qu’il avait posé sa candidature lors des dernières élections générales. Elle affirme aussi dans cette entrevue que « Linion Moris est le seul parti qui peut combattre la drogue. » Elle souhaite par ailleurs que la diaspora mauricienne ait la possibilité de voter aux prochaines élections générales.
Le Writ of Election pour l’élection partielle au No 10 a été émis. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Pensez-vous que la partielle aura bien lieu ?
Pravind Jugnauth est le champion pour ne pas organiser les élections ou les repousser au maximum. Si Pravind Jugnauth était un vrai et bon démocrate, il aurait fait organiser la partielle dans la foulée de la démission de Vickram Hurdoyal. Ceci étant, je suis d’avis que si la classe politique en général boycotte l’élection partielle, Pravind Jugnauth l’organisera pour la remporter alors haut la main. Je ne peux faire un tel cadeau à Pravind Jugnauth.
Concernant Navin Ramgoolam, l’élection est dans sa circonscription et il devrait en toute logique se porter candidat. Il n’a pas envie d’être battu encore et courir le risque d’éclatement de son alliance. Et si Navin Ramgoolam change encore de circonscription et fuit la partielle, c’est qu’il est un SCF, un sans circonscription fixe !
Pourquoi avez-vous rejoint Linion Moris ?
Linion Moris est un groupement dans lequel, d’une part, les idées que je défends sont portées. Et d’autre part, c’est entre gens de bonne volonté et sincères. Chacun se respecte et nous avançons dans le consensus.
Pensez-vous que Linion Moris est l’alternative à l’alliance PTr-MMM-ND et l’alliance gouvernementale ?
Oui, Linion Moris est l’alternative tant à l’alliance Ramgoolam/Bérenger que celle de Jugnauth. Nous présentons deux premiers ministrables, à savoir Nando Bodha et Rama Valayden. C’est en soi plus démocratique et progressiste. L’histoire nous a montré qu’un Premier ministre, c’est la dictature d’un homme d’autant que le président est complètement effacé, invisible. Il est plus salutaire pour la nation mauricienne et pour un équilibre des pouvoirs, d’avoir deux premiers ministrables. Cela évite que la mégalomanie ne s’empare du Premier ministre. Ainsi son coéquipier pourra agir comme un garde-fou.
Seul Linion Moris propose un tel partage des pouvoirs. Concernant les partis Mainstream, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. Ils sont dans une course comme pour faire pire que l’autre : pire en matière de mauvaise gouvernance !
Pensez-vous que les deux blocs ont peur de Linion Moris ?
Nous incarnons une originalité, une authenticité indéniable. Une campagne électorale, c’est comme un marathon. Contrairement à certains bien-pensants, qui misent sur l’arithmétique. Et nous avons constaté ce que l’arithmétique a donné aux élections de 2014. Ce n’est pas une valeur sûre.
Chez Linion Moris, nous misons sur la dynamique. La dynamique s’est enclenchée de notre côté. Nous avons un boulevard devant nous tandis que l’alliance Ramgoolam/Bérenger n’a que des embûches, des casseroles. Le procès que le Directeur des Poursuites Publiques, l’institution la plus indépendante et qui a résisté à toute influence politique, intente à Navin Ramgoolam pour crimes économiques, est un gros handicap car il est susceptible d’être condamné par la justice.
Pourquoi dites-vous que Linion Moris est le seul parti qui peut combattre la drogue ?
Nous pouvons dire droit dans les yeux de chaque Mauricien que nous n’avons jamais ni directement ni indirectement été financés par l’argent de la mafia de la drogue. Nous avons, par ailleurs, des mesures et propositions claires pour enfin combattre le trafic de drogue.
Nous proposons l’instauration de la formule de juge d’instruction, en réalité une commission d’enquête permanente en matière de trafic de drogue. C’est le juge, avec son expérience, qui fera l’enquête. La police, comme pour la commission d’enquête, exécutera les ordres du juge d’instruction. Il transmettra ensuite le dossier au DPP pour la poursuite, pour que le trafiquant soit jugé.
Nous proposons aussi la saisie de tout, je dis bien tout, l’argent de la drogue, tout achat effectué avec, tout don fait aux proches (maison, bijoux, voitures, rolex, bateaux, etc.) Enfin, nous pouvons le dire puisque nos financements politiques viennent de nos salaires, de nos économies, de la sueur de nos fronts, le leader de tout parti financé d’une manière ou d’une autre par l’argent sale sera inéligible pour un temps, c’est-à-dire interdit de briguer les suffrages. Ce sont là les propositions faites par le Ralliement Citoyen pour la Patrie. C’était dans notre programme électoral déjà en 2014.
Pensez-vous que la diaspora mauricienne devrait être autorisée à voter aux prochaines élections générales ?
C’est une question de cohérence constitutionnelle et nationale. Il en est ainsi pour tous les pays démocratiques. C’est contraire à nos valeurs constitutionnelles qu’un citoyen perde ses droits de citoyens simplement parce qu’il est à l’étranger. Il va de soi aussi que l’endroit de vote doit être uniquement réservé aux Mauriciens.
Les partis Mainstream ont toujours considéré la diaspora comme des sous-citoyens. Ils ont une peur bleue que la diaspora, par son droit de vote, change littéralement ce système pourri, qu’ils ont nourri d’ailleurs ensemble dans la fraternité politicaille. Nous, à Linion Moris, sommes le seul parti politique à amener un vrai débat, une vraie réforme en matière de droit de vote pour la diaspora. Il faut attribuer le mérite à notre ami et collègue Loïc Ahnee qui a porté, sans relâche, ce projet de droit de vote. Avec Linion Moris, ce rêve fait par la diaspora deviendra une réalité.
Le débat se poursuit en ce moment sur la nécessité de faire enregistrer à nouveau la carte SIM. Qu’en pensez-vous ?
Tout d’abord, il faut saluer nos deux camarades de lutte, Me Rama Valayden et Ivor Tan Yan, qui ont été parmi les premiers, dès le mois de novembre 2023, à déposer une plainte constitutionnelle en Cour suprême. Ils contestent les Regulations apportées par le gouvernement rendant obligatoire le réenregistrement des cartes SIM.
Par ailleurs, la Cour tranchera en tout état de cause. L’exercice est suspect en cette période électorale. Les faits sont là. Notre État, par le manque de professionnalisme et d’indépendance de nos organes administratifs, n’inspire pas confiance aux citoyens qui ont légitimement peur que leurs données soient utilisées à mauvais escient.
Que pensez-vous du projet de loi sur le financement des partis politiques ?
Très lacunaire et contestable. Pravind Jugnauth a une véritable phobie de la diaspora. Il veut priver les Mauriciens d’ailleurs du droit de participer financièrement aux projets politiques.
Pravind Jugnauth, et là-dessus sans doute Ramgoolam et Bérenger s’y retrouvent, veut que tout l’argent du parti soit entre les mains du leader. C’est un détournement organisé qui est prévu. Des documents circulent sur l’utilisation à titre personnel des fonds d’un parti historique par son leader. Au lieu d’empêcher ce qu’on appelle un abus des biens sociaux, Pravind Jugnauth veut le légaliser avec la bénédiction de ses alliés de circonstance. Ce qui manque cruellement au projet de loi, c’est un plafond en matière de dépenses électorales et le contrôle effectif de celles-ci. Il faut sanctionner le candidat qui dépasse le plafond autorisé. C’est cela la démocratie. Nous ne pouvons pas permettre à la force de l’argent de s’imposer dans le débat.
Propos recueillis par
Jean-Denis PERMAL