Raksha Bandhan ou Rakhi : L’amour fraternel dans toute son authenticité!

 

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Il y a dans la vie des événements mémorables ou des célébrations qui resteront gravés dans nos mémoires. Parmi, les incontournables fêtes des Mères ou celles des Pères. Et quid de la fête des frères et des sœurs ? Instaurée aux États-Unis en 1997, la Siblings Day ou la Journée internationale des frères et des sœurs est célébrée chaque 10 avril et dans certains pays européens, le 31 mai.

Chez nous, en Inde et ailleurs, le 9 août 2025 est une journée pas comme les autres puisqu’elle est dédiée à l’harmonie fraternelle. Et oui ! En cette date auspicieuse, nous célébrons le Raksha Bandhan. En langue sanskrit, Raksha signifie « protection » et Bandhan « attacher ». Raksha Bandhan est donc le « nœud de protection » qui renforce symboliquement le lien qui unit un frère et une sœur.

Selon le Panchaang ou calendrier hindou, Raksha Bandhan abrégé Rakhi, est célébré à la pleine lune Poornima Tithi, durant le mois de Sawan(a) ou Shrawan(a) Maas, connu comme le mois de ShreeShiva. Bien plus qu’un festival traditionnel, Raksha Bandhan est une ode ou un hymne à l’amour fraternel qui met en lumière le sentiment du devoir et de respect d’un frère par rapport à sa sœur et réciproquement. Pour les aîné(e)s, Raksha Bandhan est un doux rappel des souvenirs de ces belles années d’insouciance et d’une jeunesse lointaine. On ne peut que souhaiter que l’amour fraternel perdure. D’ailleurs, ne dit-on pas « At first, we fight each other. Then, we fight for each other »?

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Raksha Bandhan, ce sont surtout les rituels qui confèrent à la célébration une solennité particulièreLa tradition perpétuée depuis des générations veut que le jour de Raksha Bandhan, la sœur, ayant préparé son thali puja (assiette décorative), attache le rakhi « petit bracelet coloré » autour du poignet droit de son frère tout en lui souhaitant une bonne santé et une longue vie. Toujours suivant la tradition, le frère fait le vœu de protéger sa sœur et portera le rakhi pendant un jour ou jusqu’à la date de Krishna Janmashtami, célébration commémorant la naissance de Shree Krishna avatara » ou huitième incarnation de Shree Vishnu, Dieu protecteur de l’Univers).

Après avoir appliqué un tilak (point rouge) ou kumkum (vermillon) sur le front de son frère, la sœur invoque Shakti, l’énergie divine protectrice. Elle lui exprime sa sollicitude et pour cela, elle offre à son frère un mithai, voire un laddoo ou un burfi. C’est avec des pétales de fleurs qu’elle lui donne sa bénédiction.

Et enfin, elle effectue l’Aarti qui consiste à tenir le diya (lampe en terre cuite dont une mèche est imbibée de ghee ou beurre clarifié) et à le faire tourner en mouvements circulaires autour du visage de son frère. Elle prie Shree MahaLakshmi (Déesse de la prospérité) pour que la lumière divine illumine le chemin de son frère. Raksha Bandhan est incontestablement une célébration lumineuse auréolée d’amour, de douceur, de partage et de présents.

Toutefois, on ne peut parler de Raksha Bandhan sans évoquer ces chansons émouvantes qui n’ont pris aucune ride au fil du temps. Connaissez-vous ce refrain :

« Phoolon ka taaron ka, sab se kehnahai, (The flowers and stars say) 

Ekhaazaron mein tu meribehnahai » (My sister is one in a thousand…) 

du film culte « Hare Rama Hare Krishna » (1971) avec Zeenat Aman, actrice iconique des années 1970 et 1980 ? Une nouvelle version de la chanson figurera dans le film « Jigra » (2024) avec Alia Bhatt, où un frère et une sœur sont unis dans l’adversité.

Et que dire de cette autre evergreen chanson inspirante sur les ondes des radios le jour de Raksha Bandhan ?

« Bhaiya, Mere Rakhi Ke Bandhan Ko Nibhana » (Brother, please fulfil the bond of Rakhi) 

« Bhaiya, Mere Chhoti Behan Ko Na Bhulana…(Brother, don’t forget your little sister…) du film Chhoti Bahen » (1959).

Mais quelle est la signification historique et culturelle de cette célébration empreinte de symbolisme ? Il est vrai que la fête de Rakhi ne date pas d’hier. Dans son livre intitulé « Legends behind Raksha Bandhan », Amar C. Katha met en exergue les légendes captivantes rattachées à la célébration qui puise son origine dans la mythologie hindoue. 

L’auteur cite, entre autres, un extrait du Mahabharata, épopée mythique indienne rédigée en sanskrit par le légendaire Guru Veda Vyasa. Selon des sources concordantes, lorsque Shree Krishna se blesse le doigt sur le champ de bataille, la Maharani (Reine) Draupadi, une figure féminine fascinante du Mahabharata, s’empresse de déchirer un morceau de son saree et l’attache autour du doigt sanguinolent de Shree Krishna afin d’arrêter le saignement. Ce morceau de tissu deviendra le symbole de rakhi que la sœur nouera autour du poignet de son frère le jour de Raksha Bandhan. De son côté, Shree Krishna touché par ce geste d’empathie de la Maharani Draupadi, jure de la protéger d’où la promesse du frère de toujours veiller sur sa sœur. Raksha Bandhan qui incarne l’essence même de l’amour fraternel, peut donc s’affranchir des liens du sang dits liens biologiques.

Saviez-vous que Raksha Bandhan peut aussi être l’occasion propice pour s’unir dans la diversité et transcender les frontières religieuses et culturelles face à toute force de division ? En 1905, à l’annonce de la partition du Bengale par les autorités du British Raj dont le Vice-roi Lord Curzon (1809-1905), un vent patriotique soufflera dans cette région étendue multilinguiste et multiculturelle de l’Inde britannique.

La nouvelle de la scission du Bengale en deux provinces distinctes : la partie ouest à majorité hindoue et la partie est à majorité musulmane, ne fera que raviver la flamme patriotique qui couve dans l’âme de certains visionnaires nationalistes bengalais dont Rabindranath Tagore (1861-1941), premier écrivain non-occidental lauréat du Prix Nobel de littérature en 1913.

Alors, comment éveiller l’esprit patriotique des Bengalais tout en renforçant l’union entre les Indiens et les Musulmans ? Rabindranath Tagore encourage les deux communautés à célébrer symboliquement Raksha Bandhan. Ainsi, le fait marquant de l’histoire de l’Inde est que des Bengalais de foi hindoue noueront effectivement le rakhi au poignet de leurs voisins musulmans. Raksha Bandhan devient alors un puissant levier de rassemblement et le rakhi, un signe de leur engagement résolu contre les forces de division du colonialisme :  « It’s more about an emotional bond that ties two individuals so that they are always there for each other, no matter what … Rabindranath Tagore transformed the religious tradition of Raksha Bandhan to a secular motif of unity among diversity and resisted Banga Bhanga (Partition of Bengal) », écrit A. Majumdar dans son livre, «Tagore by Fireside ». 

Haine ou amour, complicité ou rivalité, socle fragile ou inviolable, les relations fraternelles sont parfois de nature complexe et ambivalente. Mais quand l’amour fraternel rime avec dévouement et sacrifice, le dénouement est plutôt renversant. C’est ce que démontre le film américain « Conviction » (2010) inspiré d’une histoire vraie, trop belle pour y croire. Ce film dans lequel l’actrice Hilary Swanks joue le rôle de Betty A. Waters, retrace le parcours atypique d’une jeune femme qui luttera pendant dix-huit ans pour disculper son frère Kenny, accusé à tort et condamné à la réclusion à perpétuité pour meurtre. Et comment s’y prendra Betty A. Waters pour faire triompher la justice alors qu’elle n’est même pas avocate ? Malgré les obstacles, Betty entamera des études supérieures à la faculté de droit et y mettra toute son énergie pour devenir avocate. Pari réussi ! La condamnation de son frère sera renversée et ce dernier retrouvera la liberté grâce à l’amour inconditionnel de sa sœur.

Happy Raksha Bandhan! Virtuellement ou dans le monde réel, célébrons Rakhi dans la piété et la joie. Mais surtout, ayons une tendre pensée pour tous les frères et toutes les sœurs partis trop tôt ou partis tout simplement…

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