Renvoi des Élections villageoises : levée de boucliers face au silence du GM

Face au silence sournois affiché par l’Hôtel du gouvernement à l’égard de la population, et surtout les quelque 515 000 inscrits dans les registres de la Commission électorale des 130 villages, l’opposition sort la grosse artillerie politique contre cette entorse à la démocratie. Depuis la publication tard dans la nuit de vendredi à samedi de l’Order Paper avec The Local Government (Amendment No 2) Bill, reportant la tenue des élections villageoises à 2020, soit après les prochaines législatives, les leaders des partis politiques de l’opposition, sans exception, sont montés au créneau pour dénoncer le gouvernement du Premier ministre, Pravind Jugnauth, et surtout les procédures en catimini adoptées à cet égard. Très probablement, cet après-midi, lors de la réunion du groupe parlementaire de la majorité, en prévision de la séance-marathon de demain à l’Assemblée nationale, les parlementaires du MSM et du Muvman Liberater, pourraient ête “briefed” sur la ligne du gouvernement avec la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales, Fazila Jeewa-Daureeawoo, envoyée en première ligne pour « défendre ce qui est indéfendable en démocratie, soit exercer le droit de vote ». L’amendement Daureeawoo à la Local Government Act tient en cinq clauses, avec notamment une nouvelle section 12 de la loi, faisant que les prochaines élections villageoises devront se tenir en 2020 et tous les six ans subséquemment « at such date, as the President (of the Republic) shall, on the advice of the Prime Minister, appoint ». Entre-temps, les conseillers des 130 villages de même que les membres des différents conseils de district bénéficieront d’une extension de leur mandat. Mais le hic avec ces amendements à la Local Government Act entérinés tard dans la nuit de vendredi, soit après les délibérations de la dernière réunion du conseil des ministres, c’est que la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales s’octroie des pouvoirs de « koupe transe ». En cas de poste vacant que ce soit au niveau du conseil de village, ou de district et même en ce qui concerne le président ou le vice-président du conseil des districts, le pouvoir de procéder à des nominations de remplacement ne revient à nulle autre autorité que la VPM et ministre des Administrations régionales et son éventuel successeur après les prochaines élections générales. Outre le renvoi de ces élections villageoises sans aucune raison avancée par l’Hôtel du gouvernement à ce matin, ce nouveau pouvoir entre les mains de la ministre constitue l’ossature de l’offensive politique de l’opposition lors des débats à l’Assemblée nationale de demain. Le leader du MMM, Paul Bérenger, qui a commenté en long et en large ce renvoi des villageoises lors de son point de presse hebdomadaire, samedi, reviendra sur cette affaire lors de la réunion du bureau politique de cet après-midi. Le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, compte réunir ses parlementaires aussi bien que les membres de la “legal team” du PMSD pour passer en revue la situation. « Avant tout en démocratie, tout renvoi d’une élection est un acte antidémocratique. Au PMSD, nous condamnons sans réserve l’annulation des villageoises, qui devaient être organisées en cette fin d’année. Nous demandons à la population d’exprimer sa désapprobation à cette entorse à la démocratie », a-t-il déclaré. Le leader du PMSD compte faire des propositions pour que les élections législatives, municipales et villageoises soient organisées le même jour. « Tout en n’étant pas une question de coûts, le budget des élections générales est de Rs 220 millions, celui des municipales Rs 125 millions et des villageoises Rs 215 millions. Qu’en est-il du turn-out ? 74% pour les législatives, 46% pour les municipales et 39% pour les villageoises. Je pense que la démocratie aura tout à gagner avec ces trois exercices se déroulant le même jour », poursuit-il. « Néanmoins, ce qui est plus grave dans la conjoncture, c’est qu’il n’y a aucune raison pour reporter ces élections dans les villages. Sauf peut-être que le gouvernement a peur d’affronter l’électorat. Pire, le gouvernement n’a même pas eu la décence de communiquer ne serait-ce qu’un prétexte à la population », a conclu le leader de l’opposition. En tant qu’ancien secrétaire général du MMM, ancien maire des villes-soeurs et ancien ministre des Administrations régionales, Rajesh Bhagwan soutient que le renvoi de ces élections villageoises dans la précipitation confirme « la peur de Pravind Jugnauth pour les élections ». « Li kler si ti ena elekzyon vilaz, MSM pe al disparet. Voilà qu’il s’engouffre dans le Metro-Express pour renvoyer les villageoises. Pravind Jugnauth ti fer so fezer dan Lasanble pour dire ‘Get Ready’. C’était quand je lui avais posé une question supplémentaire lors de l’examen du budget concernant ce scrutin régional. Aujourd’hui, le message de l’électorat au Premier ministre Linpost est clair : ‘Get Ready’ pou enn defet dan eleksyon ek tomb dan poubel de listwar », ajoute Rajesh Bhagwan qui dénonce « la mainmise ministérielle sur les collectivités locales » avec les nouvelles dispositions quant au choix des conseillers. Intervenant lors d’une fonction à Roches-Noires, hier, le leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, a dénoncé avec véhémence la décision de Pravind Jugnauth de renvoyer ces élections. « Li per li gagn ene rakle. Aujourd’hui, il renvoie ces élections en catimini. Sa montre kouma li gagn per », devait-il déclarer en substance. De son côté, le député travailliste renvoie la balle dans le camp du président de la République par intérim, Barlen Vyapoory. « Le projet de loi confirmant le report des villageoises constitue une occasion pour le président de la République d’exercer les pleins pouvoirs qui lui sont attribués aux termes de la Constitution. Vu que cette affaire va droit au cœur de la démocratie et de la Constitution, je demande au président de la République de refuser d’“assent” ce texte de loi après les débats à l’Assemblée. C’est la démocratie qui en sortira grandie », dit-il. Et comment passer sous silence ce complot politique pour faire passer ce projet de loi en catimini ? « Du jamais vu avec l’Order Paper de mardi prêt après minuit dans la nuit de vendredi à samedi. Je suis étonné de constater que l’Assemblée nationale distribue l’Order Paper kouma Touni Minwi », ajoute-t-il. Affaire à suivre…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -