Reward Money : Rs 209 M à des anonymes informateurs en 3 ans

L’interpellation parlementaire inscrite au nom du leader des Nouveaux Démocrates, Kushal Lobine, aura permis d’obtenir confirmation des dessous du Reward Money à la police dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue. D’abord, pour les deux mois précédant les dernières élections législatives du 10 novembre de l’année dernière, une somme de plus de Rs 50 millions a été distribuée à des anonymes informateurs, dont l’assistant commissaire de police Lilram Deal tente envers et contre tout de protéger les identités depuis quatre semaines lors des séances d’interrogatoire Under Warning à la Financial Crimes Commission. Ensuite, les éléments de réponse fournis par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, accréditent la thèse que le montant global de Reward Money au cœur de ce scandale, ébranlant la police, est de Rs 250 millions, vu que pour les trois derniers exercices financiers distribués est de plus de Rs 209 millions. Les chiffres révélés au Parlement indiquent que les cerveaux derrière la Reward Money Saga à la police auront pris goût à partir de l’exercice financier avec une enveloppe de Rs 74,5 millions en une année alors qu’en 2020/21, la Reward Money faisait à peine Rs 1 million. Au cours de ces trois dernières années, le montant était soi-disant alloué aux anonymes informateurs avec aucun membre de la force policière parmi les bénéficiaires. La question de l’identité de ces informateurs demeure un mystère.

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D’entrée de jeu, le Premier ministre a déclaré qu’il y a cinq critères pris en compte, pour le paiement du Reward Money aux policiers, notamment la nature et les circonstances ; les suspects arrêtés et leur nombre; la quantité, la valeur des drogues et les pièces à conviction saisies ; le risque encouru ; ainsi que la fiabilité et la régularité des informateurs.

Concernant le montant alloué aux officiers de police et aux informateurs ces cinq dernières années, Navin Ramgoolam a indiqué que pour

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2020-21, la somme s’élevait à Rs 225 540 (policiers) et Rs 1 113 800 (informateurs)

2021-22 : Rs 224 000 (policiers) et Rs 13 269 200 (informateurs)

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2022-2023 : Rs 229 740 (policiers) et Rs 74 485 040 (informateurs)

2023-24, les policiers n’ont rien perçu en termes de Reward Money.

En revanche, le montant attribué aux informateurs pour la même période 2023/24 s’élevait à Rs 84 613 750. Même scénario en 2024-25, soit rien pour les policiers, mais Rs 56 014 300 pour les informateurs.

Le Premier ministre a également communiqué les détails des paiements pour l’année 2024, soit

juillet 2024 : Rs 4 586 450,00

août 2024 : Rs 368 900,00

septembre 2024 : Rs 11 242 900,00

octobre : Rs 38 932 450,00

novembre : nil

et décembre : nil.

Au sujet des déboursements pour les mois de septembre et d’octobre de l’année dernière, le Premier ministre se demande que « we can all guess why this sudden increase in the sum to informers. » Il ajoute que « one disturbing element that comes out from the information that has been provided is that the amount disbursed exceeds by far the amount budgeted.  This in itself raises several questions as to the manner in which reward money was being disbursed. »

Poursuivant sa réponse luminaire, Navin Ramgoolam souligne que « it is worth mentioning that in 2014 it was decided to put an end to the practice of giving Reward Money as there was strong suspicion of abuse.  However, in 2016, the practice was restored. »   En 2020, avec la nomination de Khemraj Servansing au poste de commissaire de police, la procédure pour le Reward Money avait été revue avec des amendements au Standing Order 122.

« Subsequently, in 2021, the then Commissioner of Police, Mr. Anil Kumar Dip amended Police Standing Order 122, which, inter-alia, allowed payment of reward money to informers although the case may not have been disposed of by Court, and also simply after obtaining the report from the Forensic Science Laboratory certifying the exhibits secured as dangerous drugs », a-t-il dénoncé.

Navin Ramgoolam s’est interrogé sur une éventuelle coïncidence : « si depuis 2022, nous observons une augmentation phénoménale des montants versés aux informateurs, avec presque aucun montant payé aux officiers de police. Même un simple examen de certaines des informations fournies suggère que ceux à la tête de la force policière pataugeaient dans une corruption et des malversations profondes, avec une complicité enracinée dans toute la procédure mise en place. Cela soulève également la question du rôle exact du Manager of Financial Operations and Internal Control dans la gestion des finances de la force policière. »

Le Premier ministre a mis en avant le fait que la Financial Crimes Commission enquête sur toute cette affaire. De même, la FCC Act sera amendée pour qu’une enquête conjointe puisse être menée lorsque cela se révèle nécessaire. Compte tenu du risque élevé d’abus et d’utilisation illicite du Reward Money, au sein de la force policière, la FCC, en tant qu’institution indépendante, est en train de revoir la pratique de Reward Money. Ce qui permettra de mettre en place un système transparent et responsable en vue de prévenir des pratiques de corruption.

Lobine : Étant donné l’opacité autour des procédures concernant le paiement de Reward Money, ne serait-il pas approprié, d’ouvrir une enquête, sous le nouveau Public Enquiries Act ? Car de grosses sommes sont en jeu, on parle de plus de Rs 200 M de Reward Money.

PM : Il y a justement une affaire en Cour actuellement. Lilram Deal, par exemple, Assistant Commissioner of Police, a été arrêté dans le cadre de cette affaire. Il a été traduit devant le tribunal de district de Port-Louis sous une charge provisoire. L’enquête suit son cours.

Eshan Juman : Pouvons-nous avoir une idée de la quantité de drogue saisie pour la période septembre à octobre 2024, où Rs 50 millions… ?

Deputy Speaker Baloomoody : C’est une question sur le Reward Money, pas sur la drogue ; je ne pense pas que le Premier ministre ait cette information.

Farhad Aumeer : Est-ce qu’une Departmental Inquiry au sein de la force policière a été instituée et pourrait-elle être étendue à la défunte SST ? D’autant que cette unité a fait l’objet de critiques, notamment par rapport à la quantité de saisies déclarées et la qualité réelle.

PM : Cette enquête est en cours au niveau de la police.

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