Le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful a fait un constat de l’état des finances publiques à Maurice. Dénonçant une série de dérives économiques et budgétaires, il a pointé du doigt les décisions prises par le précédent gouvernement, les qualifiant de désastreuses pour l’économie.
Parmi les facteurs qu’il estime responsables du chaos économique actuel, le ministre a cité « les dépenses gouvernementales excessives par rapport aux recettes, un niveau élevé d’endettement public, des déficits budgétaires récurrents, une inflation galopante, le recours persistant du gouvernement à l’impression monétaire, la manipulation des données fiscales, un manque de compétitivité à l’export, des déficits commerciaux croissants, une fuite massive des cerveaux et des fonds de pension devenus intenables ». Il ajoute : « tous ces éléments sont aujourd’hui criants dans la structure de notre économie. Les chiffres officiels en témoignent. »
Le chef de la diplomatie a également cité le dernier rapport du Fonds monétaire international, publié mercredi, qui met en lumière les défis budgétaires et structurels de l’île. « Le FMI souligne que Maurice fait face à une dette publique élevée, à d’importants besoins d’investissements climatiques, à une faible productivité et à un vieillissement de sa population, ce qui pèse lourdement sur les perspectives économiques dans un contexte mondial incertain. Le rapport insiste sur l’importance de s’attaquer aux déséquilibres budgétaires et internes », dit-il.
Au sujet des retraites, le rapport du FMI est sans équivoque selon lui : « le système de pension demeure un élément clé pour soutenir la viabilité budgétaire, surtout avec le vieillissement de la population mauricienne. Le FMI nous a dit clairement qu’il faut s’attaquer à notre système de pension. »
Pour Ritesh Ramful, une petite île vulnérable comme Maurice ne peut plus supporter une dette de Rs 642 milliards. Il a fait ressortir que « le ratio dette/PIB dépasse les 90%, alors qu’il aurait dû se situer à un maximum de 60% pour un pays comme le nôtre. Plus ce ratio est élevé, plus le risque de défaut de paiement augmente. C’est ce que Moody’s nous répète depuis 2020. Nous étions notés BAA1, puis rétrogradés à BAA2 en 2021 et à BAA3 en 2022. Le gouvernement MSM n’a rien fait de concret pour corriger la situation, ils ont continué à emprunter. »
Le ministre a poursuivi en énumérant les emprunts contractés par le précédent gouvernement. « Ils ont pris Rs 10 milliards de la Banque africaine de Développement, Rs 11 milliards de la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement. L’an dernier encore, ils ont repris Rs 11 milliards auprès de la BAD. Cet argent a servi à soutenir le budget », indique-t-il
Concernant les charges de la dette, il a révélé que les recettes de l’année dernière ont été consacrées uniquement à payer les intérêts sur les prêts.
« C’est le signe d’une gestion budgétaire marquée par des excès récurrents. Nos conditions fiscales sont devenues intenables. La Banque de Maurice a imprimé Rs 180 milliards pour financer le budget du MSM. Cela a contribué à une érosion délibérée de notre monnaie », avance Ritesh Ramful.
Enfin, le ministre a attiré l’attention sur la pression croissante des dépenses liées aux retraites
« Nos fonds de pension sont devenus intenables. Ils représentent Rs 55,4 milliards des dépenses récurrentes. Pour chaque Rs 100 gagnées, Rs 30 sont versées pour la pension. Comment pouvons-nous continuer ainsi alors que notre population vieillit ? » Il a blâmé le précédent régime pour cela, disant : « ce n’est pas de notre faute si le plan de pension n’est plus soutenable. » Il a invité les Mauriciens à un sursaut collectif pour redresser les finances publiques, tout en insistant sur la nécessité d’engager des réformes profondes et structurelles.
Ritesh Ramful : « Pas de notre faute si le plan de pension n’est plus soutenable »
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