Une année semée de bouleversements et de révoltes sans précédents. Dans la courte histoire humaine de 330 ans (1691-2021 de Rodrigues, depuis l’avènement de l’aviation, en 1972), jamais Rodrigues n’aura été si isolée du monde extérieur. Presque dix mois (297 jours) de fermeture des frontières, et ce n’est pas terminé, car les autorités demeurent muettes. Donc, 2022, année du 20e anniversaire de l’autonomie, se présentera dans un climat d’incertitude, pour ne pas dire de confusion totale.
Quand le Covid-19 a frappé Maurice, en mars 2020, Rodrigues a tout fait pour demeurer Covid-Free, car il y avait une vraie volonté de la part de tous les acteurs de la société à travailler ensemble. Malheureusement, quand Maurice a connu sa seconde vague de Covid-19, avec ses multiples variants, en 2021, la synergie établie en 2020 a été complètement négligée pour des raisons qui dépassent l’entendement.
Aujourd’hui, l’île a perdu son statut « Covid-Free » et a donc été rétrogradée au statut de « Covid-Safe », avec de nombreux cas importés en quarantaine. La question qui est sur les lèvres de tous est : pour combien de temps encore Rodrigues sera « Covid-Safe » ?
En ce moment, c’est l’impasse totale, car la communication entre les autorités et le peuple est complètement coupée. D’ailleurs, ce manque de communication transparente et efficace de la part des autorités a déclenché des levées de boucliers, et les autorités n’arrivent plus à gérer le dossier Covid dans la sérénité. Pour corser le tout, les régionales qui pointent à l’horizon sont une épée de Damoclès sur la tête du présent gouvernement régional.
Malgré toutes mesures populaires qui ont été implémentées, le « feeling good factor » recherché n’y est pas. Les citoyens continuent de manifester dans la rue. Dernière tentative pour calmer leurs ardeurs : des réunions entre les partis politiques minoritaires et la majorité. Mais elles ont accouché d’une souris.
Plus les jours passent, plus la situation se complique et tout le monde patauge dans la mare. En ces temps festifs, c’est le calme plat, mais le réveil, en 2022, sera brutal.
L’économie de l’île est en faillite. Les opérateurs du secteur privé ne savent plus à quel saint se vouer, sinon dresser une liste encore plus longue, exigeante et légitime de revendications pour soutenir les entreprises. A partir de janvier 2022, pour contenir la crise socio-économique, et donc éviter une détérioration de la situation, il nous faut :
– Rétablir la communication transparente entre tous les acteurs économiques, sociaux et politiques ;
– Pour soutenir l’emploi, le projet Tourism Alternative Livelihood Scheme étant dépassé, il faut un Government Wage Assistance Scheme pour les premiers six mois de 2022, de janvier à juin ;
– Puisque les réserves des entreprises sont à sec, après 10 mois continus de fermeture des frontières, le paiement des baux commerciaux/industriels et des permis d’opération doit être exempté pour une période de trois ans, soit pour 2022, 2023 et 2024 ;
– Le paiement des factures d’électricité des entreprises doit être subventionné par le gouvernement régional de janvier à juin 2022 ;
– Un protocole spécial doit être mis en place pour favoriser l’investissement dans le secteur privé ;
– Une plateforme regroupant les têtes pensantes de l’Assemblée régionale, le secteur privé et la société civile est nécessaire pour la relance de la destination Rodrigues et l’économie en général, avec une dotation budgétaire spéciale ;
– Enfin, pour assurer la transparence, il faut des négociations avec le gouvernement national, et en particulier le bureau du Premier ministre, qui gère le ministère de Rodrigues et le ministère des Finances, avec les représentants de la société civile et privé inclus dans la délégation officielle.
L’année 2021 qui tire à sa fin est à oublier ; l’heure est maintenant très grave à l’aube de 2022. Nous n’avons pas le droit moral de tergiverser. Il nous faut prendre le taureau par les cornes en mobilisant toutes nos ressources pour qu’en décembre 2022, l’île Rodrigues que nous aimons tant sorte gagnante. Il n’y a pas mille solutions, mais une seule : se mobiliser et s’unir pour une île Rodrigues meilleure, où chaque citoyen sera responsable de ses actions. Pour y arriver, il faut créer l’espace nécessaire pour que chaque citoyen ait la possibilité d’exprimer son point de vue et sentir qu’il est entendu et écouté.
Rodrigues a tout pour réussir et 2022 sera une opportunité bénie, donc saisissons-la ! Pourquoi pas se fixer un défi ? Que la célébration du 20e anniversaire de l’autonomie, en octobre 2022, soit une preuve tacite de notre maturité dans la gestion des affaires de Rodrigues.
Bon courage et bonne année 2022 à tous.
Aurèle Anquetil André