Le chef commissaire de Rodrigues, Johnson Roussety, estime que ses adversaires de l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) « ena tandans et ban move perdan ». C’est ce qu’il a déclaré hier dans l’enceinte de la Cour suprême à l’issue de sa comparution devant la Cheffe juge, Rehana Mungly-Gulbul dans le cadre de la pétition électorale logée contre son élection au Ward 5 (Port)-Mathurin) au scrutin du 27 février dernier.
« La notion de résidence en droit est une notion complexe. Il ne se résume pas à une présence physique. Nous avons un antécédent dans le cas de Louis Ange Perrine », a fait comprendre le leader du Front patriotique de Rodrigues écologique (FPRe) et dirigeant de l’Alliance Libération en compagnie de ses avocats. Il a déploré que les candidats battus Richard Payendee et Jean Noël Samoisy ne veulent pas accepter le verdict de l’électorat de Rodrigues. « J’ai toujours été résident de Rodrigues. C’est ce que nous allons prouver ici », dit-il encore.
En effet, les pétitionnaires Payendee et Samoisy s’appuient sur les dispositions de l’article 6(1)(c) de la Rodrigues Regional Assembly Act (RRA), stipulant entre autres qu’une personne est qualifiée pour être membre élu de l’Assemblée régionale si elle a résidé à Maurice pour une période de six mois à Rodrigues avant la tenue des élections régionales. Les candidats OPR de la Local Region de Port-Mathurin (No 5) avancent que le leader du FPRe et dirigeant de l’Alliance Libération n’était pas éligible à faire acte de candidature à ces élections régionales 2022 et a fait une fausse déclaration lors de son enregistrement comme candidat.
Les différentes parties assignées dans cette affaire, notamment le commissaire électoral, Irfan Rahman, l’Electoral Supervisory Commission (ESC), le Returning Officer Yvan Jean Louis et aussi le Passport and Immigration Office (PIO), devraient communiquer leurs positions par voie d’affidavit pour que la bataille légale soit « put into shape ». Cette pétition sera principalement axée sur l’interprétation du terme « resident or residence » de la RRA.
Le PIO devrait dans un premier temps confirmer les dates avancées par le duo Payendee-Samoisy, soit le départ et retour de Johnson Roussety du territoire de la République de Maurice par le vol EK702 le 14 mars de l’année dernière et a foulé de nouveau le sol mauricien le 14 janvier dernier. Cette pétition du duo de l’OPR repose sur cette absence du chef commissaire en tant que résident à Rodrigues. Dans le camp Roussety, l’on rappelle le cas de Francisco François qui avait contesté le résultat de la région No 6 (Grande Montagne) lors des élections régionales de 2006, soit l’élection de Louis Ange Perrine avec le terme « reside » au centre de sa démarche. Johnson Roussety insiste que ce mot ne veut pas dire être présent physiquement. Il soutient que le jugement de la Cour suprême daté de 2008 dans le cas de Francisco François avait indiqué que : « any interpretation of section 6(1)(c) of the RRA Act should provide a liberal rather than a restrictive outcome » et aussi que « mere temporary absences should not make a gap in the period of the residence provided for in that section ».
À l’appel de l’affaire hier, Me Jacques Panglose a informé la Cour qu’il objectait à la pétition électorale logée contre le chef commissaire et a demandé un renvoi. Johnson Roussety est aussi représenté par Me Alexandre Leblanc et l’avoué Me Pazhany Rangasamy. L’affaire sera appelée le 2 mai.