En marge de l’enquête de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) sous les dispositions de la Dangerous Drugs Act, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) compte initier les procédures en vue d’un Audit Trail sur les avoirs des sept premiers suspects en détention provisoire. Ce développement est intervenu une semaine après l’opération Mazik sur la route à Petite-Rivière-Noire avec la saisie de 58 kilos de cannabis d’une valeur marchande de Rs 90 millions. Cette importante cargaison de drogue avait été débarquée au large du Morne, venant probablement de l’île de La Réunion.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien de sources concordantes indiquent que des limiers de l’ICAC ont reçu des directives pour des concertations préliminaires avec les Police Headquarters aux Casernes centrales pour établir un plan de travail complémentaire dans cette affaire d’importation de drogue.
L’équipe de Navin Beekarry souhaite établir si les protagonistes possèdent des biens inexpliqués (Unexplained Wealth). Officiellement, la majorité d’entre eux sont des travailleurs manuels – maçon, helper, pêcheur – , hormis Jonathan Rabot (29 ans), qui fait partie de la force policière, sauf que Jean Lajaro Meunier (33 ans) se présente en tant que Manager d’un centre de bowling opérant dans le Nord.
Or, les premières indications recueillies par la police à ce stade de l’enquête vont dans le sens que des proches de certains protagonistes sont propriétaires de biens, dont des véhicules, des commerces ou encore des vins immobiliers de luxe…
C’est l’ICAC qui devra déterminer si ces biens ont été acquis de manière légale ou non. Les officiers anti-corruption s’intéressent plus particulièrement à un bateau enregistré auprès de la Tourism Authority au nom de Jean Lajaro Meunier. Ils entendent se pencher sur les modalités de l’acquisition de cette embarcation, y compris les Sources of Funds. La zone d’activités de cette embarcation se situe à Pereybère.
Du côté du QG de l’ICAC, on indique que les informations reçues devront passer l’étape de la Preliminary Inquiry » avant d’aboutir à une enquête officielle avec des demandes de Judge’s Orders logées en bonne et due forme auprès des juges siégeant en référé pour avoir accès à des comptes bancaires ou autres transactions financières. Il se pourrait donc que tous les sept suspects ne soient pas concernés par une enquête officielle.
Au niveau de l’enquête de la police, l’ADSU tente d’identifier les autres membres de ce réseau ayant pu prendre la fuite lors de l’opération Mazik du lundi 3 octobre. Comme les suspects nient les accusations portées contre eux, les limiers vont devoir trouver une autre stratégie. Ainsi, les relevés téléphoniques des protagonistes pourront y apporter un éclairage.
D’autre part, pour établir l’itinéraire de chacun des suspects ou encore leurs Whereabouts dans la nuit de dimanche à lundi au moins, les limiers de l’ADSU comptent procéder à un décryptage des enregistrements des caméras de Safe City Network du Nord au Sud-Ouest. Ils soupçonnent que les véhicules constituant le cortège transportant de la drogue sont arrivés à des heures différentes dans la région du Morne pour ne pas éveiller les soupçons des autorités.
C’est sur le chemin du retour qu’ils ont roulé à la file indienne tout en gardant une distance les uns des autres. Ces points sont jugés importants étant donné que le constable Jonathan Jean Hughes Rabot a donné une indication de la position qu’il compte adopter. Il a nié faire partie de ce cortège et devait dire qu’il exerce illégalement comme chauffeur de van dans son temps libre. Son itinéraire et la raison de son déplacement dans la région Ouest dans la nuit du 2 au 3 octobre sont donc essentiels à l’enquête pour établir son implication alléguée au sein de ce réseau.
À ce stade, les sept suspects, en l’occurrence Jonathan Jean Hughes Rabot, Jean Lajaro Meunier, Louis Gerald Carnen (23 ans), Bryan Ricco (33 ans), Joe Enzo Roméo Louis (22 ans), Louis Arman Allas (36 ans) et James Laurent L’Entêté (31 ans), n’ont pas encore été interrogés Under Camera. Les discussions sont en cours avec les avocats de certains suspects pour établir un calendrier de travail en vue d’entamer les séances d’interrogatoire dans les jours à venir