L’ancien Premier ministre et leader du Mouvement socialiste militant (MSM), Pravind Jugnauth, a déclaré que s’il était Premier ministre, il n’aurait pas signé le nouveau deal sur l’archipel des Chagos. Pour lui, l’accord qui vient d’être signé comporte plusieurs désavantages pour l’État mauricien et le peuple chagossien. Intervenant, hier, lors d’une conférence de presse au Sun Trust Building, après six mois d’absence, il a déclaré que l’actuel gouvernement a refusé de signer l’accord de l’ancien régime pour chercher un soi-disant Much Better Deal. « Après avoir parcouru le nouvel accord, j’ai été attristé de constater que le gouvernement de Maurice n’a pas négocié dans l’intérêt de la république. Ils ont détruit le bon travail que nous avons réalisé. Zot pe koz manti », dit-il.
Abordant l’aspect financier de cet accord, l’ex-Premier ministre devait affirmer que le montant total est presque semblable. La seule différence est que le gouvernement a réclamé davantage de financement durant les trois premières années. Aussi, l’ancien régime a demandé que le paiement se fasse en dollars américains. L’actuel gouvernement a opté pour que le paiement se fasse en livres sterling. L’ancien régime a accepté le paiement en dollars, car pratiquement toutes les grosses transactions financières se font en dollars, défend-il.
« Le gouvernement dit que nous n’avons pas pris en considération le taux d’inflation. Ce n’est pas vrai. En ce qu’il s’agit de la location, nous avons négocié pour obtenir un paiement annuel de 145 millions de dollars, et cette somme allait augmenter en tenant compte du taux d’inflation à partir de la 11e année. Par contre, le gouvernement actuel a négocié pour que le taux d’inflation soit pris en considération à partir de la 14e année », a ajouté Pravind Jugnauth. « Il devait y avoir un fonds de 2 milliards de dollars pour des projets d’infrastructure, et il y aurait le paiement de 400 millions de dollars étalé sur sept ans, basé sur un cycle de 35 ans. L’actuel gouvernement a négocié pour un cycle de 25 ans », a-t-il fait ressortir par ailleurs.
Concernant des projets d’infrastructure, le précédent régime, affirme l’ex-chef du gouvernement, a obtenu le droit d’effectuer un appel international pour n’importe quel projet de développement. Et ce, avant d’accuser le présent gouvernement d’avoir accepté qu’un exercice d’appel d’offre ne soit ouvert qu’aux compagnies anglaises. « Le gouvernement ment également au sujet de la durée d’occupation de la base de Diego Garcia. Dans notre accord, nous disions que dix ans avant l’expiration de l’accord sur le bail de 99 ans, l’Angleterre doit faire savoir si elle a l’intention de renouveler l’accord. Nous allions ensuite discuter pour renouveler l’accord pour une période de 40 ans », a-t-il fait remarquer.
D’autre part, Pravind Jugnauth estimera que « maintenant, le plus grand mensonge est la souveraineté sur les Chagos ». Il dira : « nous étions d’accord avec le fait qu’il fallait discuter du cas de Diego Garcia. Mais en ce qui concerne toutes les autres îles, y compris Salomon et Peros Banhos, il était hors de question qu’on négocie avec les Anglais pour obtenir la permission de faire un projet de développement. La vérité maintenant est que les Anglais ont désormais un droit de veto sur l’ensemble de l’archipel des Chagos, que ce soit sur mer ou sur terre. »
L’ex-Premier ministre fera remarquer par ailleurs : « nous n’avons aucune liberté au-delà de Diego Garcia. Franchement, mo leker segne parce que nous savons que certains de nos frères et sœurs chagossiens veulent retourner sur leurs terres natales. Malheureusement, ce gouvernement a signé un accord pour que, même pour pêcher, démarrer un projet d’aquaculture, construire une maison, une église, un cimetière et poser même un poteau sur Peros Banhos ou Salomon, il faut d’abord demander la permission aux Anglais », est-il d’avis.
Évoquant la différence entre l’ancien accord et le nouveau, Pravind Jugnauth devait faire ressortir qu’en octobre 2024, Maurice a obtenu le droit d’agir librement sur une distance de 3 milles nautiques en dehors de Diego Garcia, sans passer par une Security Review des Britanniques. L’accord signé le 22 mai dernier a enlevé le droit de Maurice de faire du développement sur les îles en dehors de Diego Garcia. Désormais, il faut passer par une Security Review pour n’importe quel type de développement sur terre et ou sur mer en dehors de Diego-Garcia. « Est-ce que c’est cela qu’on appelle la souveraineté ? En cas de litige, l’ancien accord avait accordé un délai de 60 jours pour que les Anglais s’expliquent, mais la décision finale revenait à Maurice », dit-il.
« Maintenant, le nouvel accord souligne qu’en cas de litige, Maurice ne dispose plus de la décision finale. La décision finale sera prise par une Joint Commission composée de Maurice, des Anglais et des Américains. S’il n’y a pas la liberté d’agir sur les îles autres que Diego Garcia, on n’a pas de souveraineté. Même s’ils ont vendu notre souveraineté, je souhaite que l’argent recueilli servira à l’intérêt de la république », a conclu Pravind Jugnauth.