Sylvia Edouard (Reform Party) : 

« Que tous les Port-Louisiens aient ce sens d’appartenance à leur ville ! »




Sylvia Edouard est candidate du Reform Party pour les municipales au Ward 7 à Port-Louis. Ancienne journaliste, elle a vécu en Angleterre pendant une quinzaine d’années où elle a exercé comme enseignante au secondaire puis au tertiaire, où elle a enseigné l’anglais académique aux étudiants internationaux. Elle estime que la présence du Reform Party dans cette joute régionale est d’autant plus cruciale dans la mesure où ce parti constitue le seul rempart possible contre la mainmise centralisatrice.

Parlez-nous de votre expérience en tant que candidate au No.4 (Port-Louis Nord/Montagne-Longue) aux élections générales de 2024 ?

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C’était ma première expérience et cela a été pour moi une formation intensive en sociologie humaine dans un environnement multiculturel… une expérience qui m’a aussi donné la possibilité de constater les tristes réalités de la vie des habitants de la circonscription No.4.
C’est une circonscription délaissée par les gouvernements successifs ; surtout les faubourgs de Port-Louis. J’ai aussi vu l’exploitation de la misère par les trafiquants de drogue. Pour moi, il est important d’avoir une présence régulière et soutenue sur le terrain. Cela favorise une interaction productive avec la population.  Nous réalisons alors comment et pourquoi les problèmes perdurent et affectent le quotidien des gens. Un terrain en friche, un abribus en mauvais état, trop de problèmes pourraient être réglés avec simplement de la bonne volonté. 

Vous êtes candidate aux municipales. Pourquoi avoir choisi le Reform Party et qu’attendez-vous de ces élections ?

C’est une continuité de mon engagement et de mes actions, et je pense que la présence du Reform Party dans cette joute régionale est d’autant plus cruciale dans la mesure où il constitue le seul rempart possible contre la mainmise centralisatrice.

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Pourquoi le Reform Party ? Tout simplement parce qu’il est grand temps que ce pays sorte de cet illogisme Pravind-Navin sans qu’il y ait de réelle alternance politique pour le pays. Nous restons bloqués et nous participons tous les cinq ans à une nouvelle version d’alliance. Il est grand temps de changer. 

Vous avez fait une thèse doctorale sur les Chagos, et au No 4 (Port-Louis Nord/Montagne-Longue), pourtant, beaucoup de

Chagossiens ont été mis de côté dans le discours. Est-ce une cause qui vous interpelle ?
La communauté chagossienne a hélas été tout le temps mise de côté dans les discours des gouvernements en place. J’ai rencontré beaucoup de Mauriciens d’origine chagossienne durant la campagne. Ce sont des Port-Louisiens à part entière qui vivent malheureusement pour beaucoup, dans des conditions difficiles. 

En quoi selon vous, ces élections sont-elles une opportunité de dépolitiser le rôle des municipales et de recentrer leur mission sur la gestion locale au service des citoyens ?

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Il est tout à fait possible de faire les deux en même temps, si les conseillers s’impliquent dans des consultations régulières avec les citoyens et que ce soit structuré, les décisions du conseil refléteront la volonté des citoyens.
Un plan stratégique pour chaque ville permet de donner les grandes orientations urbaines avec la participation citoyenne.

Soyons réalistes…Les collectivités locales dépendent à 100% du gouvernement central pour leur financement. Aussi, il faut reconnaître que le profil sociologique des régions urbaines par opposition aux régions dites rurales donne une dimension ethnique politique à ces élections.

Comment percevez-vous l’accueil des femmes candidates sur le terrain ?
La différence, c’est que nous les femmes, nous savons mieux être à l’écoute et nous sommes plus sensibles à certaines causes. Nous rencontrons beaucoup de femmes en souffrance dans les faubourgs de Port-Louis, des femmes dont le mari ou le fils sont pris dans le fléau de la drogue.

Ce sont des femmes exemplaires qui ne sont pas entendues, pas écoutées, et les échanges que nous avons sur le terrain sont poignants. Elles se sentent plus en confiance, plus rassurées avec des candidates femmes sur le terrain pour aborder des problèmes délicats, voire sensibles. Mais il est vrai que nous rencontrons aussi quelques difficultés sur le terrain, mais nous pouvons toujours compter sur le soutien de nos activistes.
Pensez-vous qu’en l’absence du MSM et du PMSD à ces élections municipales, cela risque de donner encore plein de pouvoir au gouvernement actuel ?

10 ans d’hégémonie politique ont entraîné une gestion opaque de nos villes et il est vital pour la démocratie d’avoir des contre-pouvoirs en vue de la santé et la vitalité démocratiques.

Sur le terrain les citadins parlent. Ils n’ont pas peur de s’exprimer comme c’était le cas en novembre de l’année dernière pour les élections générales. Les citadins savent qu’il ne faut pas donner le plein pouvoir au gouvernement en place. Ils sont impatients devant les promesses faites par l’Alliance du Changement. Ils réalisent l’importance d’un contre-pouvoir. 

En quoi la présence du Reform Party peut-elle être salvatrice à ces élections municipales ?

Nous sommes, je dirais, à constituer une alternative crédible présentant une équipe prête à faire ses preuves face à la puissante machine gouvernementale. 

Sur quels dossiers prioritaires souhaitez-vous vous attarder pour Port-Louis ?

À vrai dire, il n’y a pas de dossier prioritaire pour Port-Louis ; c’est un gros challenge que de redonner confiance aux citadins qui ont été délaissés, ignorés par les gouvernements successifs.

Vous savez, l’identité d’un lieu est très importante dans cette société. Et une mairie a la capacité de renforcer cette identité-là. Il faut un sens d’appartenance à nos villes, que nous soyons fiers de notre quartier. Et, pour cela, il faudrait commencer par faire revivre la capitale et ses faubourgs. De plus, faire connaître le projet de société et ses réformes serait souhaitable pour une plus grande justice sociale et économique dans le respect de l’écologie.

La municipalité, c’est l’affaire de tous. Port-Louis est une ville négligée. Il faut revaloriser ses habitants, les écouter et travailler ensemble pour une meilleure qualité de vie.

Quand vous dites que Port-Louis est la ville la plus délaissée par les gouvernements successifs, qu’est-ce qui vous fait le plus mal en évoquant cela ?

Ce ne sont pas juste des paroles en l’air, juste pour avoir des votes, c’est un fait que Port-Louis est la ville la plus délaissée.  Je suis passionnée par l’éducation, il y a dix écoles ZEP (Zone d’éducation prioritaire), uniquement à Port-Louis.

Des écoles devenues ZEP depuis une vingtaine d’années, mais qui arrivent difficilement à s’améliorer. But who cares ?  De tous ces enfants des faubourgs qui sont victimes d’inégalité sociale, who cares ? La municipalité a un Duty of Care de par son rôle d’assurer le bien-être des citadins.

Un conseil municipal peut faire le pont entre les habitants et le gouvernement central. Autre point, la salubrité de Port-Louis me vient aussi en tête, sans oublier la gestion des drains et des services essentiels à un bon cadre de vie. Une nouvelle politique pour encadrer les jeunes face aux fléaux sociaux est aussi urgente. 

Quelles sont vos attentes par rapport aux élections et vos priorités si vous êtes élue ?

J’ai un rêve pour Port-Louis : que les habitants du centre-ville ou des faubourgs, qu’ils voyagent à pied, en voiture ou à moto, que tous les Port-Louisiens sans distinction aient ce sens d’appartenance à leur ville et en sont fiers !

Craignez-vous un fort taux d’abstention pour ces élections municipales ce dimanche 4 mai ?

L’abstention dans cette élection reste un danger. Nous avons fait notre devoir et maintenant, c’est aux électeurs de faire leurs choix.

 

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